Contre la loi de santé, 42 rebelles dont deux syndicats infirmiers

Les membres du nouveau "Mouvement pour la santé de tous", un collectif de 42 structures syndicales de professionnels de santé vient de demander par lettre au Premier ministre, le retrait du projet de loi de santé, "non amendable" en l'état et appelle à une manifestation unitaire le 15 mars.

Contre la loi de santé, 42 rebelles dont deux syndicats infirmiers

De gauche à droite, Didier Legeais (Union des chirurgiens de France et le BLOC), Catherine Mojaïski (Confédération nationale des syndicats dentaires), Eric Henry (Syndicat des médecins libéraux) et Philippe Tisserand (Fédération nationale des infirmiers)

Infirmiers (FNI, ONSIL, Convergence Infirmière), médecins généralistes et spécialistes, urgentistes, kiné, chirurgiens dentistes, orthophonistes,... - on note l'absence des pharmaciens - ils se définissent comme "une force de combat qui sort du bois et apparaît lorsque le besoin s'en fait sentir". 

Ne se présentant pas comme u syndicat représentatif, le mouvement compte ainsi "donner un nouvel élan au paysage syndical classique", indique  Eric Henry, Il s'agit d'une "union pour défendre le système de santé cher aux Français », ajoute le président du Syndicat des médecins libéraux, l'un des quatre porte-paroles. Pour réussir cette unité, ils ont fait abstraction de leurs différences, assure-t-il.

Une loi mal conçue

Leur bête noire : le projet de loi de santé dont ils demandent "le retrait de l'ordre du jour de l'Assemblée nationale".

"Une loi mal conçue ne peut pas aboutir, il suffit de voir ce qui s'est passé avec la loi Macron, qui a nécessité l'arme du 49-3 pour être adoptée sans vote", souligne Eric Henry. "Penser que la loi va pouvoir être changée par amendements est une pure utopie", ajoute Catherine Mojaïski, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD).

Sur la méthode, il s'agit "d'une politique de santé imposée et non négociée", affirme Eric Henry qui reproche également à la ministre d'avoir discuté avec les seuls médecins, "en laissant les autres professions de santé à la porte". Une méthode déjà largement critiquée par les infirmiers.

"Nous dénonçons l’irrespect et le mépris affiché de la ministre de la santé envers les professions non médicales dans le cadre de la concertation relative à son projet de loi. Les professions prescrites n’ont en effet pas été associées à cette concertation", s'insurge Philippe Tisserand, président de la FNI.

Parmi leurs griefs : le tiers-payant obligatoire, les nouvelles organisations territoriales qui "vont déséquilibrer encore les comptes de la Sécurité Sociale", l'étatisation avec "l'ARS qui va flécher les accès aux soins", "une perte d'indépendance professionnelle", un risque de "balkanisation" de la politique conventionnelle.

Contre un principe hiérarchique entre professionnels de santé

"Nous refusons d’être intégrés, malgré nous, dans un modèle unique d’équipes constituées et organisées en maisons de santé pluriprofessionnelles administrées territorialement" qui "conduirait au salariat des auxiliaires médicaux par les médecins", a insisté Philippe Tisserand.

Ce dernier estime que ce projet instaure "un principe hiérarchique entre professionnels de santé libéraux" et risque de "créer des clivages là où il n'y en a pas". Il faut "privilégier la proximité géographique avec nos patients" plutôt "qu'une proximité géographique avec des médecins qui seraient placés à la tête d’équipes soignantes".

le président de la FNI défend ainsi "une relation avec le patient basée sur le libre choix et avec le médecin sur le respect mutuel".

Il réclame en revanche "une organisation effective de la coordination (des soins) avec des moyens adaptés et une rémunération".

"C'est le mouvement de la dernière chance pour notre système de santé à la française", a conclu Philippe Tisserand.

Cyrienne Clerc

Les 42 membres du "Mouvement pour la santé pour tous

  • Association Syndicale des Spécialistes en Orthopédie Dento Faciale (ASSO FSDL)
  • Collège des Médecins Stomatologistes et Chirurgiens Maxillo-Faciaux de France (CMSCFF)
  • Confédération Nationale des Syndicats Dentaires (CNSD)
  • Convergence Infirmière (Convergence Infirmière)
  • Fédération des Médecins de France (FMF)
  • Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux (FSDL)
  • Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR)
  • Fédération Nationale des Infirmiers (FNI)
  • Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO)
  • Organisation Nationale des Syndicats d’Infirmiers Libéraux (ONSIL)
  • Syndicat des Anesthésistes Libéraux (AAL)
  • Syndicat des Femmes Chirurgiens-Dentistes (SFCD)
  • Syndicat des Gynécologues Obstétriciens Libéraux (SGOL)
  • Syndicat des Médecins Libéraux (SML)
  • Syndicats des Médecins Ostéopathes – Ostéos de France (ODF-S)
  • Syndicat des Médecins Praticiens en Mésothérapie SML (SMPM)
  • Syndicat Des Opticiens Entrepreneurs (SYNOPE)
  • Syndicat des Psychiatres Français (SPF)
  • Syndicat Français des Allergologues (SYFAL)
  • Syndicat Médical Français pour l’Exercice de la Nutrition (SyMFEN)
  • Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO)
  • Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE)
  • Syndicat National des Chirurgiens Oraux (SNCO)
  • Syndicat National de la Phyto-Aromathérapie (SNPA)
  • Syndicat National des Audioprothésistes (UNSAF)
  • Syndicat National des Auriculothérapeutes Français (SNAF)
  • Syndicat National des Chirurgiens Urologues Français (S.N.C.U.F)
  • Syndicat National des Dermatologues – Vénéréologue (SNDV)
  • Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France (SYNGOF)
  • Syndicat National des Internes en Odontologie (SNIO)
  • Syndicat National des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (SNMKR)
  • Syndicat National des Médecins Acupuncteurs de France (SNMAF)
  • Syndicat National des Médecins du Sport-Santé (SNMS)
  • Syndicat National des Médecins Homéopathes Français (SNMHF)
  • Syndicat National des Médecins Sexologues (SNMS)
  • Syndicat National des Médecins Vasculaires (SNMV)
  • Syndicat National des Odontologistes des Hôpitaux Publics (SNOHP)
  • Syndicat National des Pédiatres Français (SNPF)
  • Syndicat National des Urgentistes de l’Hospitalisation Privée (SNUHP)
  • Union des Chirurgiens de France (UCDF)
  • Union des jeunes chirurgiens-dentistes (UJCD-UD)
  • Union Nationale des Etudiants en Chirurgie Dentaire (UNECD)

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Réactions

2 réponses pour “Contre la loi de santé, 42 rebelles dont deux syndicats infirmiers”

  1. garnier dit :

    Lorsque je prends connaissance de la liste des syndicats qui s’associent à ce mouvement je suis rassuré sur le taux de syndicalisation en France !

  2. solange granier dit :

    Faudrait savoir !
    Soit – comme cela a été écrit et diffusé récemment par Actusoins – l’Ordre infirmier qui « rassemble la profession » est chargé de représenter la profession infirmière dans plusieurs tables rondes, soit les infirmières sont purement et simplement absentes de ces débats !!
    Pour le reste, comme la loi Macron qui a été vidée de ses principaux objectifs premiers, la loi santé (si elle résiste aux prochaines élections) ne ressemble déjà plus à rien.

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