Comment les jeunes infirmiers sont-ils accueillis ?

En juillet, de nouveaux ESI seront diplômés. Les premiers diplômés issus du nouveau référentiel sont entrés sur le marché du travail, il y a deux ans. Comment ont-ils été accueillis ?

Students jumping with their results

Le profil très différent des stagiaires en établissement et la méconnaissance, très répandue, des tenants et aboutissants du nouveau référentiel, a suscité bien des méfiances. On les a dits « moins bien formés », peu préparés à la vie active... Beaucoup se sont remis en cause, mais au bout du compte, pratiquement tous se retrouvent dans un service, au sein d'une équipe. Ils ont obtenu le statut de collègues sur lesquels ont peut et on doit pouvoir compter.

 Autonomie rapide

Pour Maxime, diplômé en juillet 2013, une phrase a fait tilt. C'est un infirmier du service d’hospitalisation à domicile (HAD) qui l'a embauché deux mois plus tard qui l'a prononcée : « quand je te parle, c'est de professionnel à professionnel. Ce n'est pas parce que tu commences qu'on n'est pas sur un pied d'égalité ». Cette parole lui a permis de se positionner comme collègue, et non juste comme un débutant.

Un autre facteur a facilité son accueil : il avait déjà effectué un stage en HAD dans un autre établissement. « Je me suis parfaitement intégré, bien que c'était mon premier emploi, poursuit-il. Et le reste de l'équipe m'a paru content aussi de voir arriver un nouveau professionnel » dans un contexte de turnover et de surcharge de travail.

Quelques uns, très peu nombreux, ont manifesté une certaine réticence à voir arriver un débutant dans un service qui exige beaucoup d'autonomie et de travail en solo, à domicile.

Dans les premiers, temps, certaines situations ont pu le mettre mal à l'aise mais « c'est difficile de dire que c'est à cause de mon inexpérience ou de ma formation », commente Maxime. De toute façon, pendant le premier mois, il a travaillé en binôme avec un collègue. Et quelques mois plus tard, on lui a confié sa propre tournée, qu'il programme lui-même... Une situation d'autonomie qu'affectionne l'infirmier, qui a déjà envisagé la possibilité de devenir, un jour, libéral...

 Familiarisée avec la clinique

Lucie, de la même promotion, a elle aussi bénéficié de son expérience antérieure dans la façon dont s'est déroulée son intégration lors de son premier poste, dans un pool de remplacement. « J'avais déjà effectué des remplacements pendant mes études en tant qu'aide-soignante dans la même équipe, j'en connaissais tous les membres, raconte-t-elle. Je connaissais aussi déjà la clinique. J'ai eu plus de facilités, je crois, que mes collègues qui n'avaient pas cette expérience. Cela m'a familiarisée avec un certain raisonnement, à l'échelle des priorités. Sans tout cela, j'aurais été un peu perdue... » Cela lui a aussi permis de réaliser, par exemple, l'importance de la toilette sur le plan infirmier.

Ces remplacements lui ont aussi offert de multiples possibilités d'échanger avec les aides-soignantes mais aussi les infirmières du pool. L'une d'elles lui a ainsi montré ses cours de l'ancien référentiel. Ce qui fait dire à Lucie aujourd'hui qu'elle aurait « préféré sortir de l'ancien référentiel que du nouveau »... « On ne fait pas assez de liens, justifie-t-elle. On va par exemple étudier un processus obstructif un jour mais aborder ultérieurement les médicaments. »

Ses collègues ne semblent pas lui avoir fait particulièrement sentir ces « manques ». Les étudiants aurait-ils finis par partager la défiance dont le nouveau référentiel a pu faire l'objet à ses débuts ?

Amandine, elle, dispose d'un avis a priori plus autorisé. Elle a suivi les études de l'ancien référentiel durant presque la totalité du cursus avant une interruption inopinée en 2007... qui l'a obligée à tout recommencer à zéro avec le nouveau référentiel ! En comparant les deux, elle préfère le premier... « Je ne peux donc pas en vouloir à des collègues de penser la même chose », commente-t-elle. Le contenu des cours lui semble plus faible et elle regrette la moins grande variété des terrains de stage.

Merci aux collègues !

Amandine n'a cependant pas vraiment souffert de méfiance de la part des membres de l'équipe où elle a commencé à travailler. Probablement, ajoute-t-elle, parce qu'elle y a effectué des vacations en attendant qu'un poste se libère. Cela lui a permis de tisser des relations petit à petit, sans « sauter dans le grand bain » d'un seul coup. De temps en temps, cependant, « il faut rassurer », ajoute-t-elle.

Après avoir obtenu son DE en juillet 2012, Marie, infirmière dans un service d'explorations fonctionnelles aujourd'hui, a fait un court détour par la médecine scolaire avant d'intégrer un service hospitalier, un services d'urgences, en l'occurrence. Après avoir entendu beaucoup de critiques à l'encontre du nouveau référentiel durant ses stages -elle fait partie de la première promotion du nouveau référentiel -, elle a vécu une bonne intégration.

« On a parlé du nouveau référentiel mais on ne me l'a pas reproché », se rappelle-t-elle. En revanche, elle-même, une fois encore, s'est demandée si le nouveau référentiel lui avait donné autant de connaissances et d'expériences que l'ancien. Et l'infirmière de poursuivre : « j'ai eu de la chance car j'ai eu de très bons collègues, sur lesquels j'ai pu m'appuyer. J'ai été doublée pendant quelques temps et la cadre m'a bien assurée que si j’avais besoin de quoi que ce soit, elle et mes collègues étaient disponibles. » Une chance en effet, que l'ont souhaite à tous les débutants.

 Olivia Dujardin

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Réactions

3 réponses pour “Comment les jeunes infirmiers sont-ils accueillis ?”

  1. coline974 dit :

    oupssss, mauvais forum,me suis plantée grave, je ne peux supprimer, désolée et bonne journée

  2. a mon avis ils vont se reconnaitre entre eux : vivement qu’on se casse !

    • coline974 dit :

      Et bien non, mademoiselle….j’ai beaucoup parlé la nuit dernière avec une infirmière nouvellement diplômée dans un service de l’hôpital dans lequel j’exerce la fonction de cadre de nuit…cette personne est très satisfaite de son affectation, ne cherche aucunement à « se casser », et est toujours en recherche d’amélioration personnelle…Il doit vous tarder d’exercer en libéral pour l’appât du gain certainement…Bonne continuation à vous et dommage pour vos collègues qui doivent avoir du mal à vous comprendre…

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