La drôle de mode des « Cellules psychologique »

Victimes de leur succès, les cellules d'urgence médico-psychologiques (CUMP)  semblent de plus en plus présentes. Des équipes d'infirmiers, de psychiatres et de psychologues sont mobilisées pour le moindre événement. Effet de mode ou  réel besoin ?

 

La drôle de mode des "Cellules psychologique"

Les cellules d'urgence médico-psychologiques bénéficient parfois plus aux pouvoirs publics qu'aux victimes... © J. Girarte

Départ au ski. Un acte de vandalisme empêche les trains de circuler et près de 30 000 Français sont bloqués plusieurs heures en gare de Chambéry.

Heureusement, des CUMP vont permettre aux vacanciers de surmonter le traumatisme et le stress de ces quelques heures d’attente. Une cellule d’écoute sera également disponible pour les plus meurtris (ndlr : ceux qui avaient déjà payé leur forfait du samedi).

Un scénario qui prête à sourire… et pourtant pas si éloigné de la réalité.

Une CUMP, ça sert à quoi exactement ?

Créées en 1995 par Xavier Emmanuelli suite aux attentats perpétrés dans la station de métro Saint-Michel, les CUMP font l'objet d'un véritable engouement.

De la catastrophe de grande ampleur au braquage de sac à main, elles sont toujours présentes. Pas étonnant vu la précision des textes sur leurs conditions d’intervention. D’après la circulaire instaurant la création des CUMP, le dispositif est destiné à la prise en charge des blessés psychiques dans des situations d’urgence en cas :

• de catastrophes ;

• d’accidents collectifs ou attentats ;

• d’événements à fort retentissement.

Est-ce que cela concerne également les catastrophes n’impliquant qu’une seule victime ? Est-ce qu’un accident collectif doit être pris en charge s’il n’y a aucun blessé ?

La CUMP du Bas-Rhin, dans son bilan d'activité 2009, rapporte que « face à la multiplication des interventions […] la question des limites a été posée ».

Au niveau national, quatre groupes de travail ont été mis en place dont un dédié à la question des conditions d’intervention des CUMP. Les conclusions ont été rendues en novembre 2010 mais pour le moment, les limites n’ont toujours pas été redéfinies…

Qui donne l’alerte ?

Un autre point clé est la question de la mise en place d’une cellule. En théorie, une CUMP est déclenchée à l’initiative du SAMU et sur accord du médecin psychiatre coordonnateur. Sauf que les textes prévoient qu’ « en cas de catastrophe ou d'événement majeur ou lorsque le préfet juge que la situation est suffisamment grave […], il charge le médecin responsable du SAMU départemental de les mobiliser ».

Les termes ne sont pas précisés davantage et la notion de gravité, peu objectivable, reste à l’appréciation de chacun. Mais il semble que certains ont rapidement pris les choses en main. Par exemple, on découvre dans le bilan d'activité 2000 de la CUMP Rhônes-Alpes qu’environ 20 % des missions n'ont pas été déclenchées sur appel du SAMU*. Un chiffre qui explique peut-être le défilé des CUMP mises en place. Les cellules, par ailleurs très médiatisées, ne se sont-elles pas transformées un peu en faire-valoir de certains dirigeants politiques ?

Au final, dans la satisfaction générale, les préfets peuvent augmenter leur cote de popularité… Alors vite, des infirmiers de secteur psychiatrique, des psychologues, des psychiatres ! Les CUMP semblent avoir encore de beaux jours devant elles avant que les limites d’intervention de celles-ci ne soient redéfinies…

* Les cellules d’urgence médico-psychologiques face à une demande croissante. Module interprofessionnel de santé publique 2001. Ecole nationale de la santé publique.

Pour en savoir plus :

• Circulaire DH E04-DGS SQ2 n° 97.383 du 2 Mai 1997 relative à la création d'un réseau national de prise en charge de l'urgence médico-psychologique en cas de catastrophe.

• Circulaire DHOS/O 2/DGS/6 C n° 2003-235 du 20 mai 2003 relative au renforcement du réseau national de l'urgence médico-psychologique en cas de catastrophe

Stéphane Desmichelle

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Réactions

14 réponses pour “La drôle de mode des « Cellules psychologique »”

  1. bas dit :

    Un gamin décède au lycée de mort subite, cellule psychologique pour ceux de sa classe. Ses potes de l’année précédente ou des loisirs ne sont pas concernés par le drame. Qu’a-t-il été dit ? « Un jour vous comprendrez que votre pote vous a fait un cadeau ! » Pas besoin de ça !

    • cedr1c dit :

      Vous êtes sûr que ce ne sont même pas les gens de la CUMP qui ont tué cet enfant?

      Bref, même si une personne a pu déconner, vu que certains vous ont dit qu’un autre a dit cela, cela ne remet pas en cause l’institution.
      Pour info, il y a ensuite un rapport de la part des intervenants, et ce genre de choses peut être dénoncées, comme il y a supervision par la suite des intervenants (dont l’on doit s’occuper aussi).

      Supprimer les CUMP dérangerait bien plus les victimes que les politiques (combien de déclenchement de CUMP pour combien d’affaires médiatisées? Le politique a plus tendance amha à vouloir enterrer les choses qu’en profiter quand on touche à ce genre de catastrophes), et encore moins les bénévoles qui y vont, après parfois une journée de travail déjà bien remplie.
      L’origine de ces CUMP est à mon avis à ne pas oublier, pour ne pas tomber sur des déclenchements hasardeux ou sur d’autres dérives.

  2. cedr1c dit :

    La CUMP sert à déceler aussi les états psycho-pathologiques sur le moment, comme un état de stress dépassé.
    Le relais se fait souvent, vers d’autres structures (CMP, association de victimologie, etc). d’ailleurs, je trouverais malsain de cristalliser l’événement en gardant le même professionnel pour le suivi.
    Pour ceux qui sont intéressés, ou qui veulent juste savoir comment cela se passe, les coordinateurs des CUMP sont assez accessibles, il est possible de les contacter.

  3. fifi dit :

    tres bien au monent de la crise mais quid du suivi sur le long terme. Je pense qu’il serait interessant d’avoir l’avis de personnes ayant été accompagnées par ce genre de dispositif. Leurs avis seraient plus constructif que ceux ci : « effet de mode »

  4. blandinette dit :

    entierement d accord difficile pour le personnel soignant de s occuper du trauma psy et ils sont souvent desemparés,a chacun sa fonction

    • cedr1c dit :

      petite précision sur le vocabulaire que vous employez. Les infirmiers de psychiatrie dans ces CUMP sont aussi du personnel soignant 😉

  5. christophe dit :

    Je suis infirmier qui bosse depuis quelques années dans des boites d’assistance privées en qualité de coordinateur (style europ assistance, Mondial assistance…).j ai eu l occasion a plusieurs repises de participer et de mettre en place des évacuations de masses pour raisons géopolitiques ou suite à des accidents impliquants plusieurs personnes.
    Avec ce recul modeste, je peux vous assurer qu aujourd’hui l envoi d un ou deux psychologues en complément d une équipe standard (médecin, infirmier, logisticien) me parait absolument nécessaire pour soulager l équipe et prendre en charge les patients souffrant de trauma psy .
    Je pense que les CUMP sont parties intégrantes du dispositif de secours et je ne crois pas à un phénomène de mode. elles permettent de soulager les soignants « traditionnels » d une charge de travail chronophage et sur laquelle ils sont mal préparés. Ayant suivi la formation eprus des encadrants, il apparait aujourd hui inconcevable de se passer des CUMP et de ses supports.
    Sur la question du déclenchement, cela est une autre affaire…

  6. cedr1c dit :

    Difficile de trancher dans les réactions précédentes. En effet, les bénéfices d’un defusing sont difficilement évaluables (difficile de dire comment cela se serait passé sans, ou difficile de comparer le ressenti de deux personnes différentes).
    Le nombre de déclenchement de CUMP (il me semble que c’est en baisse depuis un an ou deux dans mon département, à vérifier) est quand même bien plus important que le nombre d’histoires médiatisées ou récupérées politiquement. Et quand bien même il y aurait récupération, je préfère cela au fait de laisser une personne en stress dépassé sans aucune aide.
    Difficile aussi de donner des limites d’actions pour une cellule qui doit gérer l’exceptionnel.

    Enfin, pour donner mon avis (un peu le but des commentaires):
    Est-ce que cela concerne également les catastrophes n’impliquant qu’une seule victime ? Je dirais non, car cette personne peut être accompagnée aux UP, vers un spécialiste.
    Est-ce qu’un accident collectif doit être pris en charge s’il n’y a aucun blessé ? Je dirais oui, pensant par exemple aux mouvements de foule lors d’un rassemblement.

  7. Moi je dirais réel besoin parfois vue la société actuelle….

  8. on ne sait pas si cette mise en place est sur une certaine dutée ou simplement l’écoute le temps d’ un entretien !

  9. oui en effet je pense a un effet de mode aussi

  10. Eric Rollin via Facebook dit :

    effet de mode

  11. Marie Francoise Viguier via Facebook dit :

    tres mode a mon avis!!!!!!

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