Stéphanie Rist : une alliée des infirmiers à la Santé… pour combien de temps ?

Stéphanie Rist : une alliée des infirmiers à la Santé… pour combien de temps ?

Stéphanie Rist a été nommée dimanche ministre de la Santé en remplacement de Yannick Neuder. Députée depuis 2017, elle a souvent soutenu les infirmiers à l’Assemblée… mais sa position est, comme celle de l’ensemble du gouvernement, des plus fragiles.

 

Capture d’écran Assemblée nationale. 

Son nom circulait à chaque fois, mais il n’était jamais sorti du chapeau lors des (nombreux) remaniements gouvernementaux de ces derniers mois. La quatrième équipe ministérielle en un peu plus d’un an aura finalement été la bonne pour la Dre Stéphanie Rist : cette rhumatologue orléanaise, qui fait partie des voix qui comptent au sein de la mouvance présidentielle sur les questions de santé, arrive enfin à la tête de l’avenue Duquesne au sein du gouvernement « Lecornu II ». Une bonne nouvelle pour les infirmiers : la nouvelle ministre s’est souvent montrée favorable à l’évolution de la profession vers davantage d’autonomie. Reste à savoir si la conjoncture politique lui laissera le temps d’agir concrètement en ce sens.

À première vue, le parcours de la nouvelle ministre a tout pour inspirer la confiance à la profession. Depuis son arrivée au palais Bourbon en 2017, celle qui était jusqu’alors cheffe de pôle au CHU d’Orléans a manifesté un activisme remarqué par bien des professionnels de santé. Deux lois portent son nom : la loi d’avril 2021 consécutive au Ségur de la Santé, qui avait notamment élargi les protocoles de coopération, étendu les capacités de prescription des masseurs-kinésithérapeutes et des sage-femmes, etc., et la loi de mai 2023 qui avait entre autres introduit l’accès direct et la primo-prescription pour les Infirmiers en pratique avancée (IPA).

Comptant parmi les députés les plus actifs de l’hémicycle sur les questions sanitaires et sociales, Stéphanie Rist a été à plusieurs reprises rapporteure générale du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), et c’est elle qui a porté face à ses collègues la si controversée réforme des retraites. Elle cite souvent la question de l’accès aux soins comme fondement de son engagement en politique, et croit en la contribution des paramédicaux pour la résoudre, ce qui lui a souvent valu les critiques de ses confrères médecins. Sa loi de 2021 prévoyait ainsi la création d’une profession de santé intermédiaire, finalement retirée face aux pressions de l’Ordre des médecins et des syndicats médicaux. Quant à l’accès direct aux IPA de sa loi de 2023, il continue à susciter l’ire d’une partie des organisations médicales.

 

Une alliée objective

Alors que doit se poursuivre la rédaction des décrets d’application de la loi infirmière votée en juin dernier, la profession infirmière peut donc se réjouir d’avoir une alliée objective à la tête du ministère de la Santé, et cela transparaît dans les premières réactions publiées dans le sillage de sa nomination. Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), rappelait ainsi lundi sur le réseau LinkedIn que l’engagement de Stéphanie Rist « a contribué à faire bouger les lignes », et que sa loi de 2023 a « ouvert la voie à un système de santé plus fluide et plus lisible, en permettant aux patients d’accéder directement à certains professionnels, sans passer par la prescription préalable ».

L’Union nationale des IPA (Unipa), dans un communiqué daté du soir même de la nomination de la nouvelle ministre, a pour sa part indiqué que « pour avoir travaillé à ses côtés », ce syndicat « sait pouvoir compter sur une femme de dialogue, de pragmatisme et de courage, capable d’affronter les difficultés et les résistances corporatistes dans l’intérêt supérieur des patients et du service public de santé ». Côté libéraux, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) a de son côté salué une députée qui a, « tout au long de son parcours, démontré une connaissance du terrain et des enjeux liés à la coordination des soins », et a dit espérer que sa nomination permettra « d’accélérer les réformes attendues pour la profession infirmière », à commencer par la publication des fameux décrets.

On le voit, rarement ministre aura été accueilli aussi avec autant de bienveillance de la part de la profession infirmière. Un enthousiasme qui pourrait toutefois être rapidement douché, le gouvernement « Lecornu II » devant affronter dès cette semaine deux périlleuses motions de censure, avant de s’engager, s’il y survit, dans une période d’élaboration des budgets plus délicate encore.

 

Adrien Renaud

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