Violette Magallon est infirmière de bloc opératoire. Elle propose des séances de gestion du stress aux patients du pôle locomoteur de l’hôpital Sainte Marguerite de Marseille. Il s’agit pour elle de mieux les accompagner en péri-opératoire ou pendant la prise en charge de leur pathologie. Un poste d’infirmière relaxologue a été créé spécialement pour elle.
Institut du mouvement et de l’appareil locomoteur de l’hôpital Sainte Marguerite de Marseille. Au sein de cette structure hautement spécialisée qui regroupe dans un même lieu des services médicaux hospitalo-universitaires de chirurgie orthopédique et de rhumatologie ainsi que des laboratoires de recherche labellisés, une infirmière fait peu à peu parler d’elle en innovant dans un domaine peu conventionnel chez les soignants : la préparation mentale des patients pour une meilleure gestion de leur stress.
« Cette approche par l’étude du comportement humain a changé ma vie » explique Violette. « Tant sur un plan personnel que sur un plan professionnel. Je me suis rendu compte qu’en alliant des thérapies brèves telles que la PNL – Programmation Neuro Linguistique – ou l’hypnose à des traitements traditionnels, on pouvait soigner bien des maux ». Cela fait plus de 15 ans que Violette s’intéresse aux thérapies comportementales ainsi qu’au bien-être et à la psychologie. Décidée à en faire un jour son second métier, elle a suivi plusieurs formations en gestion du comportement. Puis, plus que déterminée, elle en a parlé à son chef de service qui lui a laissé l’opportunité de faire ses preuves et lui a confié la responsabilité d’un poste d’infirmière relaxologue, inédit en France.
Le but : préparer les patients d’orthopédie à leur intervention chirurgicale, et accompagner ceux de rhumatologie dans la gestion de leur douleur. « Je propose des entretiens individuels et personnalisés. Dans un premier temps, je demande aux patients d’exprimer tous leurs ressentis. Puis j’effectue une préparation mentale. Je leur demande d’imaginer tout ce qu’ils vont vivre pendant l’intervention chirurgicale ou pendant leur hospitalisation. Bien souvent, surviennent des peurs et des angoisses. Mon rôle est alors de les réorienter vers la réalité afin qu’ils ressentent une impression de déjà vécu pendant l’opération. Cette impression est rassurante en pré et post opératoire. Dans la dernière partie de l’entretien, je propose une séance de relaxation par visualisation. Les patients sont alors très détendus, dans un état proche de l’hypnose. Je note tout ce qu’ils me disent. Puis je leur fais revivre des émotions négatives et positives en faisant appel à leur mémoire inconsciente. Le but est de provoquer une neutralisation de sentiments afin qu’ils se sentent plus sereins et plus calmes » explique Violette.
Il faut dire que parfois, face à des interventions ou des pathologies très lourdes, certains patients n’arrivent pas à gérer seuls leurs angoisses. Avec sa méthode de Programmation Neuro Linguistique, Violette les aide à sa façon. Et cela semble fonctionner. Néanmoins, si son centre hospitalier lui a laissé carte blanche pour faire ses preuves, il n’en est pas encore de même pour les programmes de recherche infirmière auxquels Violette aimerait participer. « Nous avons déposé un projet pour un PHRI*. Le but était de démontrer de façon scientifique l’efficacité de la PNL sur la prise en charge du stress en pré-opératoire afin que celle-ci soit enfin reconnue en France comme c’est déjà le cas dans d’autres pays. Le dossier a été refusé car il était plus orienté sur la technique que sur le patient. Nous allons donc le refaçonner pour le présenter de nouveau ».
À plus de 50 ans, Violette y croit. Alors qu’elle travaillait depuis près de 30 années au bloc opératoire, elle a tout lâché pour se lancer dans cette aventure. Elle a même accepté d’exercer bénévolement sur son temps libre. Puis, elle a pris ce mi-temps, si longtemps attendu.
À présent, elle a son propre bureau dans lequel elle gère seule ses consultations. Mais sur sa fiche de paie, elle a dû redescendre au premier échelon. « C’est une création de poste. On ne sait pas trop dans quel cadre me mettre », sourit-elle.
Selon Violette, être infirmière pour exercer cette fonction représente un atout majeur car elle sait comment se déroulent les interventions. Cela la rend réaliste et crédible auprès des patients. Dans un avenir proche, elle aimerait pouvoir informer et former ses collègues, mais aussi se déplacer dans les IFSI pour parler des thérapies comportementales. En attendant une réelle reconnaissance, les soignants de son service lui font confiance. Pour le bien-être des patients.
Malika Surbled
Cet article est initialement paru dans le n°18 d’ ActuSoins Magazine.
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