Une note du ministère relative aux mesures de protection dans les établissements médico-sociaux accueillant les personnes âgées ainsi qu’un avis rendu par le HCSP en mai, s’adressant à l’ensemble des établissements de santé, font grincer des dents.
Et pour cause : les deux écrits recommandent d’envisager un maintien en poste avec « renforcement des mesures de précaution et d’hygiène » des personnels testés positifs à la Covid, s’ils sont asymptomatiques et non remplaçables, « afin que la balance bénéfice/risque ne soit pas défavorable », précise l’avis du HCSP.
En pratique, « cette décision ne relève pas des Agences régionales de santé (ARS), mais est propre à chaque établissement, fait savoir Céline Laville, présidente de Coordination nationale infirmière (CNI). Néanmoins, dans la loi, rien n’oblige un soignant à venir travailler s’il est testé positif. »
Ethique mise à mal
Dans les deux textes précédemment cités, faire travailler des soignants positifs relève de l’ultime recours. Il n’empêche que cela pose des questions éthiques non négligeables.
« J’entends et je comprends ce choix des directions qui ne savent pas comment gérer le manque de personnels, poursuit Céline Laville. En revanche, je ne le cautionne en aucun cas, car en termes de sécurité vis-à-vis des patients et des autres soignants, cette décision est intolérable. »
« Un certain nombre de CHU et de nombreux petits établissements et d’Ehpad, appliquent ce type de fonctionnement », se désole Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI).
Face à de telles décisions, deux niveaux de réactions sont possibles. « Les infirmiers titulaires font en général appel aux syndicats pour faire respecter le droit des patients, explique-t-il. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ! Cette mesure prise par les directions est un viol déontologique. C’est demander à des soignants asymptomatiques mais contagieux de se transformer en agents de contamination et de mettre en danger la vie de leurs patients hospitalisés déjà fragilisés donc étant plus à risque de développer la forme grave de la maladie. »
De leur côté, les stagiaires en attente de titularisation ou les contractuels, ont une pression plus grande car ils sont en situation de fragilité sociale. « L’impression d’un chantage à l’emploi est réel », ajoute Thierry Amouroux.
L’une des protections peut être de demander un arrêt de travail à son médecin traitant, « mais il est plus facile de le faire valoir lorsqu’on est titulaire », insiste-t-il.
Ne prendre aucun risque
Lucie, infirmière en Ehpad, rapporte que la direction de son établissement a incité les soignants à effectuer un test de dépistage, ce qu’elle a fait. « Mais en attendant d’avoir les résultats, on m’a quand même demandé de poursuivre mon travail en essayant de toucher le moins possible les patients ! Quel est alors l’intérêt de faire le test ? »
Lucie n’est pas surprise de telles directives de la part de sa direction car elles sont cinq infirmières à exercer pour 120 résidents. « Mais je n’admets pas qu’on puisse nous demander de continuer à travailler si on a des doutes, reconnaît-elle. Dans tous les cas, si j’avais été testée positive, je serais allée voir mon médecin traitant pour être arrêtée. Je travaille avec des personnes âgées, fragiles, et je ne veux prendre aucun risque. Avec mes collègues, nous sommes toutes d’accord. »
Laure Martin
Lire aussi, sur ActuSoins.com
EHPAD : un dépistage hebdomadaire systématique pour le personnel
Prise en charge de l'insuffisance cardiaque : formation e-learning | |
---|---|
Assurer la prise en charge, identifier les signes d'aggravation et coordonner le parcours du patient insuffisant cardiaque. En savoir plus |
Prise en charge de l'insuffisance cardiaque à domicile : formation e-learning | |
---|---|
Assurer la prise en charge, identifier les signes d'aggravation et assurer la continuité du parcours de soins du patient à domicile. En savoir plus |
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.