Réforme des études infirmières : la contribution de la Fnesi bouscule tout

La Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) a adopté lors de son récent congrès, début octobre, une contribution sur la réforme des études en sciences infirmières. Elle préconise des changements profonds dans le sens d'une plus grande universitarisation.
Réforme des études infirmières : la contribution de la Fnesi bouscule tout
© adriaticfoto / ShutterStock

La contribution de la Fnesi sur la formation vise à porter la voix des étudiants en sciences infirmières de tous les niveaux dans les travaux qui s’ouvrent sur la refonte de la profession infirmière et bientôt sur la formation.

Ce texte s’appuie sur les attentes des étudiants recueillies lors des États généraux que la Fnesi a organisés il y a un peu plus d’un an, souligne Malorie Dupont, vice-présidente de la Fédération chargée de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’orientation. « Aujourd’hui, la formation ne répondu plus aux attentes des étudiants, résume-t-elle. Leurs conditions de vie sont impactées par une formation qui n’est pas réactualisée. »

Au-delà d’un état des lieux de la formation, la contribution formule des propositions pour la modifier de fond en comble afin de l’adapter aux nouveaux enjeux de la profession. Il y a urgence : « nous sommes en crise identitaire pour développer notre appartenance à notre propre discipline », peut-on lire.

Plus d’intégration universitaire

Globalement, la Fnesi réclame une vraie intégration universitaire pour la formation infirmière.

Une position qui n’est pas unanimement partagée par les autres acteurs de la cette formation.

Cela passe par la délivrance par les universités d’une vraie licence aux IDE, la transformation pédagogique des enseignements et une approche par bloc de compétences, comme cela se profile pour le référentiel professionnel, indique Malorie Dupont.

Pour que le DE puisse être considéré comme une véritable licence, il faudrait ajouter 400 heures de formation au programme des trois années et la Fnesi formule plusieurs propositions pour y parvenir, notamment la prise en compte des heures de travail personnel.

Elle souhaite aussi développer les liens entre la formation infirmière et celle des autres professionnels de santé pour favoriser l’interdisciplinarité.

Cela pourrait se traduire par la refonte de tous les référentiels de ces formations afin de mettre en place un tronc commun de cours théoriques (75% des cours en première année) et favoriser les passerelles.

Parmi celles qui sont déjà expérimentées à l’université, la fédération fait le constat que certaines fonctionnent mais d’autres pas et demande qu’un bilan précoce soit réalisé.

Master unique des spécialités

Concernant le second cycle, poursuit la vice-présidente, « nous proposons la création d’un master unique rassemblant les différentes spécialités infirmières », un master de « sciences pour la santé » unique avec une mention « Sciences infirmières » et des parcours Ibode, Iade, Puer et IPA : après un tronc commun d’un semestre, les étudiants pourraient opter pour l’un ou l’autre des parcours.

Il s’agirait d’une révolution, notamment pour les étudiants en puériculture, dont la formation n’est ni un master, ni un grade master.

Une autre révolution est proposée pour la formation de cadre : la fédération voudrait la faire passer à deux ans, au niveau master également, avec une première année unique et une seconde année spécifique pour les infirmiers voulant devenir cadres de santé dans un service et ceux qui se destinent à l’enseignement.

Cela permettrait à ces derniers d’enseigner aux étudiants en licence de sciences infirmières (puisque le master est nécessaire pour enseigner en licence) mais aussi d’envisager de poursuivre une carrière à l’université.

Pour ce qui concerne le troisième cycle, « tout reste à construire », peut-on lire dans la contribution, pour arriver à une formation de trois ans représentant 180 ECTS et au développement de la recherche infirmière universitaire.

La Fnesi a identifié le frein principal : la mono-appartenance des chercheurs (qui ne peuvent pas, ou difficilement, appartenir au monde universitaire en continuant d’avoir une activité clinique). Elle appelle donc de ses vœux une bi-appartenance mieux organisée, ainsi que la mise en place de véritables financements.

Autre révolution envisagée par la Fnesi : la réforme des IFSI. « Nous souhaitons l’ouverture de départements universitaires de sciences, les DUSI, souligne Malorie Dupont. Ils sont présents dans certaines universités accueillant des formations en sciences infirmières mais pas toutes. Cela permet l’ancrage de la formation au sein des universités. » La Fnesi préconise ainsi le transfert de la majorité des missions des instituts vers les universités.

Face à l’opportunité de la remise à plat des référentiels professionnels et de formation, la fédération étudiante fait le pari d’une réforme en profondeur. L’avenir dira dans quelle mesure elle sera écoutée.

Géraldine Langlois

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