Réforme de la médecine d’urgence : un infirmier en mission à la DGOS

Réforme de la médecine d’urgence : un infirmier en mission à la DGOS

Infirmier au service des urgences du CHU de Grenoble depuis dix ans, infirmier de recherche clinique et past-président de la Commission des soignants de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), Nicolas Termoz Masson est, depuis le 1er mars, chargé de mission “Urgences” à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).  

Nicolas Termoz Masson
Nicolas Termoz Masson est chargé de mission “Urgences” à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).© DR

En quoi consiste votre poste de chargé de mission Urgences ?

À la suite de la parution du décret du 29 décembre 2023 relatif aux conditions techniques de fonctionnement de l’activité autorisée de médecine d’urgence, je travaille à l’accompagnement de la mise en œuvre de la réforme, dont une partie concerne les paramédicaux.

Je participe notamment à la rédaction des guides concernant la réorientation des patients, sur la responsabilité de l’Infirmier d’accueil et d’orientation (IAO), la régulation de l’accès aux urgences, le déploiement des Unités mobiles hospitalières paramédicales (UMHP) ou encore les infirmiers correspondants SAMU.

Ainsi, si nous prenons l’exemple des UMPH, le guide va permettre d’accompagner les centres hospitaliers qui ne les ont pas encore mises en œuvre, dans leur démarche. Ces écrits sont à élaborer à courtes échéances, avec la publication d’une partie d’entre eux avant l’été et l’autre courant automne. 

Comment travaillez-vous en interne ?

Nous travaillons avec des chargés de mission et avec un grand nombre de bureaux de la DGOS -notamment ceux de la Direction des ressources humaines – ainsi qu’avec d’autres directions du ministère, comme  la direction des affaires juridiques. Ce service assure l’interprétation des décrets.

Nous organisons également des groupes de travail avec les référents urgences au sein des Agences régionales de santé (ARS), les représentants de sociétés savantes, les syndicats de la profession infirmière, à qui nous proposons des premiers plans pour les guides, autour desquels nous discutons.

Puis nous retravaillons une synthèse avant de la proposer de nouveau. La démarche est conséquente mais elle va permettre l’élaboration de documents robustes. Nous avons un calendrier à respecter et essayons de tenir la date butoir. Pour autant, il faut savoir être souple pour avancer intelligemment.

Comment s’est organisée votre arrivée au sein de la DGOS ?

J’ai eu une première prise de contact en septembre 2023. Lorsque la vacance du poste a été officialisée, j’ai été contacté par la chargée de mission urgence qui le quittait.

J’avais déjà eu l’occasion d’échanger avec elle sur des précédents travaux autour de la pratique avancée ou encore les protocoles de coopération. Lorsqu’elle m’a parlé du poste, je me suis naturellement interrogé sur mes compétences mais elle m’a rassurée sur mon profil, et j’ai décidé de postuler.

À cette période, j’étais en poste au service des urgences du CHU de Grenoble, à 80 % en clinique et à 20 % sur des missions transversales à la fois au CHU et au Groupement hospitalier de territoire (GHT), en tant que référent sur les protocoles de coopération et la pratique avancée. Je travaillais avec la direction des soins sur la montée en compétences des soignants.

C’est d’ailleurs cette double casquette qui a intéressé le bureau de la DGOS. Ces différentes missions me permettent d’être innovant et de savoir m’adapter. Ma candidature a été retenue et des discussions ont été entamées entre les ressources humaines du ministère et celles de l’hôpital pour que je puisse consacrer 50 % de mon temps à la DGOS et 50 % au CHU, afin de garder une activité clinique.

Pourquoi avoir candidaté à ce poste ?

J’ai commencé à exercer il y a dix ans au CHU et je me suis toujours interrogé sur la façon d’améliorer ma pratique au quotidien. Face à des problématiques de terrain, quelles solutions s’offrent à nous ?

Rapidement, après trois ans d’expérience au sein des urgences, on m’a demandé de développer une activité de recherche clinique infirmière ; mission que j’ai remplie pendant cinq ans.

Je me suis orienté sur la montée en compétences des soignants et les solutions existantes en France avec notamment des protocoles de recherche. Je me suis rapproché d’experts canadiens, belges. J’ai parlé avec eux des pratiques avancées alors qu’à l’époque, le sujet n’était pas encore d’actualité en France.

Au CHU de Grenoble, nous avons effectué des études de faisabilité avec des infirmiers des urgences afin de travailler notamment à la fluidification des parcours tout en faisant monter en compétences les soignants. En parallèle, j’ai intégré la SFMU, dont les réflexions ont nourri ma pratique quotidienne et conduit à des prises de décisions. La SFMU a d’ailleurs collaboré avec la DGOS à plusieurs reprises et dans ce cadre, j’ai participé à des travaux en représentant les soignants.

En côtoyant la DGOS, j’ai toujours souhaité savoir comment elle fonctionnait en interne et je me suis toujours intéressé aux professionnels qui y exerçaient. En regardant mon parcours, il me paraissait évident que je devais candidater à ce poste car j’avais déjà travaillé sur l’aspect clinique du métier de soignant, sur la recherche et il me manquait l’axe réglementaire en lien avec la construction du système de santé. Lorsqu’on en apprend les mécanismes et les rouages, on comprend la complexité des prises de décision et leur sécurisation.

Comment articulez-vous les deux activités ?

L’hôpital de Grenoble est particulièrement facilitant. Mes plannings ont été élaborés pour que tout s’organise correctement tout en bénéficiant de temps de repos.

Cela fait trois mois que je suis désormais à ce poste, et je n’ai rencontré aucune difficulté. Tout est stimulant et sociologiquement très intéressant car nous sommes dans l’échange autour de nos expertises et compétences.

Mes collègues de terrain aussi me partagent leurs points de vue sur nos réflexions. Tout le monde comprend l’intérêt de ma mission et c’est enrichissant.

Propos recueillis par Laure Martin

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