Protocoles de coopération aux urgences : un premier bilan positif pour les infirmiers

Protocoles de coopération aux urgences : un premier bilan positif pour les infirmiers

Le rôle des infirmiers aux urgences, hospitalières et préhospitalières, se diversifie par le biais de protocoles de coopération sanitaire. Les IDE impliqués dans deux d'entre eux les ont présentés lors du dernier congrès de la Société française de médecins d'urgence (SFMU), début juin.
Protocoles de coopération aux urgences : un premier bilan positif pour les infirmiers
Photo d’illustration © Flamingo Images / ShutterStock

Un premier protocole de coopération consiste à permettre à l’infirmier d’accueil et d’orientation (IAO) des urgences de prescrire lui-même un examen radiographique pour les patients adultes présentant un traumatisme de membre simple et pas hyperalgiques.

Ce protocole pour une « prescription anticipée par l’infirmier d’accueil » (Pari), a été initié d’une part par l’AP-HP et d’autre par le CHU de Grenoble et l’hôpital de Saumur (Maine-et-Loire).

Imaginé en 2015, il a été validé par la HAS et autorisé officiellement en novembre 2019. Il a été commencé à être appliqué à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, en juin 2020.

Il vise à raccourcir et fluidifier le parcours de ces patients aux urgences, à libérer du temps médical et à reconnaître les compétences des IDE, a expliqué Cécile Chauveau, cadre de santé aux urgences de l’hôpital saint Antoine.

Prescription de radios

Le centre d’enseignement des soins d’urgences de Paris (Cesu 75) a conçu une formation comprenant une partie théorique de 14 heures et une partie pratique de 40 consultations plus ou moins supervisées (un nombre susceptible d’être réduit ultérieurement).

Après 10 mois de fonctionnement, le protocole implique 27 médecins et 35 IDE. Le covid a bouleversé le déroulement des formations et l’activité en traumatologie mais « les retours sont globalement positifs, a indiqué Cécile Chauveau. On a observé un vrai gain de temps pour les patients. Les soignants sont satisfaits d’avoir cette nouvelle compétence, même si elle prend un peu plus de temps à l’accueil. Il y a aussi un gain de temps pour les médecins. » Et les prescriptions infirmières étudiées se sont révélées pertinentes.

Équipe paramédicale de soins d’urgences

Des infirmiers du SAMU du CHU de Toulouse ont exposé pour leur part le fonctionnement d’un protocole de coopération local qui permet aux IDE et IADE (formés) de partir en binôme avec un ambulancier sur des interventions qui ne nécessitent pas l’intervention immédiate d’un médecin.

Cette équipe paramédicale de soins d’urgence (Epasu) est envoyée sur décision du médecin régulateur dans deux types de situation : l’analgésie des plus de 15 ans et l’hypoglycémie, a expliqué Thomas Pardon, un des infirmiers impliqués.

Par exemple auprès d’un jeune ayant présentant un traumatisme simple et très douloureux de la cheville après une chute dans un skatepark, ou auprès d’une patiente diabétique en hypoglycémie, somnolente et confuse.

Dans l’une comme dans l’autre situation, l’infirmier supervise la répartition des tâches avec l’ambulancier, réalise des soins et reste en relation avec le médecin régulateur, responsable de l’intervention.

Auprès du jeune skater, par exemple, il s’est occupé de surveiller les paramètres vitaux et l’infirmière a géré l’analgésie, posant une voie périphérique et injectant l’un des produits autorisés dans le cadre du protocole, car le Meopa ne suffisait pas.

Sur la base des informations fournies par l’infirmier, le médecin régulateur décide de la suite à donner : surveillance à domicile, envoi d’un médecin ou transfert aux urgences.

Vers un déploiement plus large

Comme l’a rappelé Clément Lachize, cadre supérieur de santé à l’AP-HP, les protocoles de coopération peuvent être initiés sur des appels à projet nationaux mais aussi par des équipes de terrain, localement, en lien avec les ARS avant, éventuellement, d’être étendus au niveau national.

Si leur mise en place a pu prendre beaucoup de temps au début, la loi d’accélération de l’action publique (ASAP) votée en décembre 2020 devrait raccourcir les délais.

Dans tous les cas, a souligné Agnès Ricard-Hibon, chef du service Samu, Smur et urgences du centre hospitalier de Pontoise (Val d’Oise), les projets de protocoles de coopération des équipes auront d’autant plus de chance d’aboutir qu’ils seront soutenus par la direction des soins infirmiers et la direction générale de leur établissement.

Géraldine Langlois

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Une réaction

  1. Enfin on officialise ce qui se faisait il y a plus de 30 ans dans les services d’urgences à la grande satisfaction des chirurgiens. De plus ce protocole est valorisé en dessous de ce qu’il devrait mais il a le mérite d’être reconnu.
    Pour les interventions primaires des infirmiers je suis surpris que seulement deux protocoles existent et limités dans les indications car franchement une fracture douloureuse sur un enfant de 10 ans ne justifie pas l’envoie d’une ambulance de réanimation, que la majorité des comas hypo chez les diabétiques se réveille après injection de glucosé alors que depuis de nombreuses années il existe chez les infirmiers de sapeurs pompiers u e quinzaine de protocole et l’absence de procédure judiciaire prouve qu’ils sont pertinents. Un premier pas même si il est timide.
    Encore une fois il a le mérite d’exister et d’être valorisé.

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