Près d’un infirmier hospitalier sur deux quitte l’hôpital après dix ans de carrière

Près d’un infirmier hospitalier sur deux quitte l’hôpital après dix ans de carrière

46% des infirmiers hospitaliers ne travaillent plus à l'hôpital après dix ans de carrière. Certains continuent de travailler en tant qu'infirmiers salariés dans d'autres secteurs, d'autres font le choix du libéral et d'autres se tournent vers une autre profession.
 © trairut noppakaew / ShutterStock

La France manquait de données pour corroborer des chiffres qui circulaient, ici et là, sur la durée de carrière des infirmiers à l’hôpital.  “Avant, la moyenne de carrière d’une infirmière était de huit ans, maintenant, elle est de trois“, a-t-on pu lire ou entendre, si souvent. Il y a quelques années, ces affirmations récurrentes avaient intrigué la rédaction d’ActuSoins : étaient-elles fondées sur des études factuelles, ou simplement sur des impressions générales liés aux nombreuses et indéniables démissions dans les services ?

Un article avait suivi, débouchant, sans surprise, sur une remise en question des chiffres qui circulaient, mais aussi sur un constat : aucune statistique récente fiable n’était disponible. Et une des  études les plus récentes (datant de 2019 sur les infirmiers diplômés entre 2001 et 2013) montrait qu’après trois ans de carrière à l’époque, 96% des infirmiers étaient toujours en activité.

 

Des statistiques récentes sur trente ans d’activité

Avec la publication, le 24 août, d’une nouvelle étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) portant sur une période d’observation de trente ans, sur un échantillon représentatif et à partir de plusieurs sources sociales, on en sait davantage.

Dans son étude, la Drees a en effet étudié les trajectoires professionnelles des infirmiers hospitaliers entrés dans la profession entre 1989 et et 2019. Elle a décrit la part d’entre eux qui occupent toujours ce métier, et a aussi quantifié la proportion de professionnels qui exercent toujours en tant qu’infirmier ou dans le secteur médical et sous quel statut (salarié/libéral).  La rédaction d’ActuSoins a fait le choix de l’exemple des “10 ans”, mais, avec des indicateurs qui montrent l’évolution des trajectoires sur 30 ans, l’étude de la Drees est plus exhaustive dans la durée, note-t-on.

Premier constat : sur la période, le taux d’infirmiers qui exercent toujours à l’hôpital après 10 ans (54% en moyenne)  tend à décroître au fil des générations. “Il passe de 60% pour les infirmières hospitalières qui ont commencé leur carrière entre 1990 et 1994, à 50% pour leurs homologues entrées dans la profession 20 ans plus tard“, indique la Drees.

Les autres sont, pour la plupart, restés salariés : 11% continuent à pratiquer en tant qu’infirmiers salariés mais dans d’autres secteurs que l’hôpital (Ehpad, une administration publique,  intérim…), 7% exercent toujours à l’hôpital mais ont changé de métier et  7% ont changé de profession et de secteur.

 

Installation en libéral

La DREES s’intéresse aussi à ceux qui ont fait le choix de l’emploi indépendant qui concerne 17% des professionnels entrés à l’hôpital dix ans plus tôt : 10% exercent en tant qu’infirmiers libéraux à titre exclusif (2% à titre mixte) et  3% à exercent une autre profession indépendante différente (2% à l’exercent en même temps qu’un emploi salarié).

Ces pourcentages sont nettement supérieur à ce que l’on observe dans d’autres professions, où l’emploi indépendant est nettement plus rare : au bout de 10 ans de carrière, 3% des effectifs salariés occupent exclusivement un emploi indépendant d’une autre profession et 2% en même temps qu’un emploi salarié“, indique la Drees.

La part de personnes qui n’ont aucun emploi en France métropolitaine (chômeuses, inactives ou ayant quitté le champ de l’étude en partant à l’étranger par exemple) augmente au cours du temps. Elle est de 5% à 5 ans et de 11% à 10 ans.

 

Les premières années de carrière sont souvent celles de la naissance d’un enfant

Bien que les 10 premières années de carrière coïncident souvent avec la naissance d’un enfant, la Drees balaye l’hypothèse selon laquelle la maternité pourrait contribuer à réduire l’emploi salarié.

Elle reconnaît en revanche que la naissance d’un enfant peut impacter le temps de travail. “Elle conduit à diminuer de 0,14 EQTP (équivalent temps plein), leur volume de travail salarié cinq ans après la naissance de leur enfant et de 0,22 EQTP 10 ans après“.

M.S

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