Malaise des étudiants infirmiers, symptôme d’un système malade ?

Malaise des étudiants infirmiers, symptôme d’un système malade ?

Dans son blog, "une infirmière à la maison", l'auteur donne sa vision de son métier et d'un système de formation des étudiants en soins infirmiers "malades". Nous reproduisons ci-dessous son texte qu'elle partage avec les lecteurs d'ActuSoins. 

Malaise des étudiants infirmiers, symptôme d'un système malade ?Malaise des étudiants infirmiers, symptôme d’un système malade ?

Nous exerçons une profession à multiples facettes, qui comporte de nombreux secteurs et autant de façons de travailler.

Nous pouvons nous poser la question de savoir ce qui nous unit en tant que professionnels. Que rapproche un infirmier anesthésiste d’un infirmier en secteur psychiatrique, un infirmier en crèche d’une infirmière en chirurgie, une infirmière libérale d’une infirmière de bloc opératoire ? une infirmière du travail d’un infirmier en gériatrie ?

La réponse est simple. Si les modalités de prise en charge ainsi que les connaissances théoriques et pratiques spécifiques varient selon les services et les spécialités, nous sommes tous voués à un même objectif : la prise en charge d’un patient ou d’une population dans sa globalité.

Notre diplôme valide trois ans d’études paramédicales et principalement cette capacité de prise en charge en regard d’une pincée de théorie et de technique indispensable. Le reste s’acquiert sur le terrain et il est donc évident que les bases qu’apportent les études sont fondamentales.

Si les stages sont variés, ils sont essentiels pour la mise en pratique de la théorie mais aussi essentiels pour l’apprentissage du contact avec la population soignée dans toute son humanité c’est à dire, sa diversité et sa singularité.

Pour appréhender cela de façon constructive et se positionner rapidement en tant que soignant dès le début de notre formation, il faut être appuyé, épaulé, conseillé par des professionnels qui partagent leur expérience dans un but pédagogique.

Au même titre que la capacité de remise en question pour mieux avancer, la confiance en soi est un élément clé. Tout cela aide chaque étudiant à trouver du sens, un sens bien personnel en cette profession qu’il ne connaît encore que très peu.

Pourquoi ne met-on pas plus de moyens pour former les professionnels ?

Mais il y a un fossé entre la belle théorie et la vie en stage : des professionnels débordés, pour certains désintéressés voir purement agressifs. Des rencontres enrichissantes mais trop souvent ternies par des jugements hâtifs qui sont posés au lieu de chercher à connaître le futur professionnel que l’on va côtoyer pendant plusieurs semaines afin de voir comment on peut l’aider à progresser.

Quand je lis des articles portant sur une enquête de la FNESI ( fédération nationale des étudiants infirmiers) qui livre le ressenti des étudiants vis à vis de leur formation, notamment en stage et que je vois les réactions qu’ils engendrent, je me demande pourquoi cela n’évolue pas ?

Pourquoi ne met-on pas plus de moyens pour former les professionnels qui le souhaitent à l’encadrement des stagiaires pour qu’il y ait de “vrais” référents dans chaque service, au courant des enjeux, des problématiques, à l’écoute de l’étudiant et collaborant étroitement avec l’institut de formation en soins infirmiers.

Il est temps que les paramédicaux s’unissent

Je crois que malheureusement le malaise est plus profond, plus ancré dans un système de santé qui va mal. Un système de santé dans lequel les professions paramédicales sont méprisées, les équipes malmenées par des techniques de management inadaptées et à qui l’on demande toujours plus avec toujours moins de moyens.

Les étudiants infirmiers deviennent alors malgré eux un des symptômes de ce système malade et font les frais du mal-être grandissant d’une profession en manque cruel de reconnaissance.

Il est temps que les paramédicaux s’unissent, tous secteurs confondus, en incluant les étudiants à qui il faut rendre leur place de soignants en devenir en les considérant comme nos pairs, pour lutter contre ce système que l’on nous impose et dans lequel l’humain a de moins en moins de place au profit d’une rentabilité souveraine.

Nous constituons les bases de ce système, sans nous il n’est pas grand chose. Les étudiants en sont l’avenir, alors prendre soin de leur formation c’est prendre soin de l’avenir de tous et peut être espérer y voir un changement positif.

ActuSoins remercie Anne pour ce partage. D’autres articles – des tranches de vie, des réflexions,…- à lire (presque tous les jours) sur son blog.

 
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