Il n’est pas facile de trouver quelqu’un qui est satisfait de son niveau de revenu. Mais si ce quelqu’un est infirmier, la tâche relève du véritable défi.
Les émules de Florence Nightingale ont d’ailleurs de bonnes raisons de trouver que leurs émoluments ne sont en accord ni avec leur niveau de qualification, ni avec leur niveau de responsabilité : avec un salaire net en début de carrière situé autour de 1600 euros pour un infirmier de la fonction publique, toutes primes incluses, la profession infirmière est loin de caracoler en tête du classement des professions les mieux payées.
Mais où les infirmiers se situent-ils exactement dans l’échelle des revenus ? Pour le savoir, il faut avoir recours à des études comparatives, qui ont le désavantage d’effectuer des généralisations et de ne pas porter sur des données de première fraîcheur, mais qui permettent tout de même de se faire une idée.
>> LIRE AUSSI – Exact montant du salaire des infirmiers : un débat sans fin >>
Salaire des infirmiers : deux fois moins que les médecins
Commençons par comparer les revenus infirmiers à ceux d’autres professionnels de la santé. À l’hôpital, le salaire annuel des infirmiers en soins généraux des hôpitaux publics (par opposition aux infirmiers spécialisés) est très légèrement au-dessus de la moyenne des travailleurs hospitaliers. Telle est du moins la conclusion du Portrait des professionnels de santé, publié par la Direction des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé en 2016.
Selon cette publication en effet, qui porte sur des données de 2012, le salaire net annuel moyen des infirmiers titulaires de l’hôpital à temps plein est de 27 000 euros (soit un salaire mensuel net de 2250 euros*), contre 26 700 euros annuels (2225 euros mensuels nets) pour l’ensemble des salariés hospitaliers.
Ces chiffres moyens cachent bien sûr d’importantes disparités, notamment en fonction de l’ancienneté, mais ce sont eux qui permettent d’effectuer des comparaisons. Le Portrait des professionnels de santé montre ainsi que les infirmiers du public gagnent donc 2,1 fois moins que les médecins, pharmaciens ou psychologues (57 600 euros annuels nets en moyenne), mais 1,5 fois plus que les agents de service hospitaliers (18 500 euros annuels nets).
Dans le monde libéral, les revenus des infirmiers sont bien meilleurs, même s’ils correspondent probablement à des amplitudes horaires différentes et qu’ils cachent là aussi d’importantes disparités. Le Portrait des professionnels de santé situait ainsi pour l’année 2011 les revenus d’activité des Idels à 47 000 euros annuels (3916 euros mensuels), soit 2,3 fois moins que les médecins libéraux à la même époque (106 000 euros annuels, soit 8833 euros mensuels).
Les infirmiers libéraux se plaçaient en revanche devant les masseurs kinésithérapeutes libéraux (45 000 euros annuels) et les sages-femmes libérales (30 000 euros annuels).
Et les autres professions ? Et les autres pays ?
Dans d’autres secteurs de la fonction publique, les salaires infirmiers peuvent être comparés, par exemple, à ceux des enseignants. Ainsi, d’après la dernière Enquête sociale du ministère de l’Éducation nationale, les enseignants du premier degré (écoles maternelles et primaires), titulaires d’un diplôme de niveau master, avaient en 2016 un salaire net pour un temps plein de 2300 euros. Les plus jeunes (moins de 30 ans) émargeaient quant à eux à 1800 euros nets.
Et d’après le site de la Police nationale, un gardien de la paix (bac+1) peut quant à lui prétendre à un salaire net compris entre 2000 et 2600 euros.
Il est également intéressant de comparer les revenus des infirmiers à ceux des autres pays de niveau économique similaire. Les statistiques de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE), qui regroupe l’ensemble des pays les plus industrialisés, classent les infirmiers français au 22erang des 33 pays pour lesquels elle dispose de statistique sur le salaire des infirmiers hospitaliers**. Notre pays se retrouve ainsi derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Belgique, mais aussi derrière la Turquie ou le Chili.
De manière peut-être encore plus révélatrice, l’OCDE calcule les revenus des infirmiers hospitaliers par rapport au salaire moyen. Et là non plus, l’Hexagone n’a pas de quoi pavoiser. En effet, seulement six pays membres paient leurs infirmiers hospitaliers moins que la moyenne de leurs travailleurs : la Finlande, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Suisse… et la France.
Adrien Renaud
*toutes primes incluses, y compris la prime de service – ici mensualisée -, plus ou moins équivalente à un 13e mois.
* Nous nous fondons ici sur le classement et non sur les revenus en devises, car pour effectuer des comparaisons internationales, les questions de taux de change et de niveau de prix obligent l’OCDE à avoir recours à une monnaie fictive qui n’a que peu de sens dans la vie réelle : le dollar en parité de pouvoir d’achat (PPA).
Trois questions à Céline Laville, présidente de la CNI
Céline Laville, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), réagit aux comparaisons salariales entre les infirmiers et les autres professionnels.
ActuSoins : Les infirmiers se disent souvent sous-payés, mais on se rend compte que leurs revenus sont comparables à ceux d’autres professions du même niveau de qualification…
Quand on entend les infirmiers dirent qu’ils ont l’impression d’être sous-payés, ce n’est pas en comparaison du salaire moyen des Français. Il s’agit surtout de leur charge de travail, de la pénibilité de leur métier, et des contraintes de service auxquelles ils font face. Un infirmier travaille 5 jours sur 7, son planning change tout le temps, il rentre chez lui épuisé car il n’a eu le temps ni de se restaurer, ni d’aller aux toilettes…
Il y a aussi une question de responsabilité…
Évidemment. L’infirmier applique les prescriptions du médecin, et il est sensé pouvoir les critiquer. Si le médecin s’est trompé dans un dosage, que l’infirmier ne voit pas l’erreur et que le patient a un problème, la responsabilité retombera autant sur l’infirmier que sur le médecin.
Voyez-vous les choses bouger sur le front salarial ?
Je ne vois rien bouger, mais je vois une grosse catastrophe arriver : les établissements ont de plus en plus de mal à recruter des infirmiers. Dans mon établissement, au CHU de Poitiers, il nous en manque 120. Il me paraît évident que la pénibilité, les contraintes de services et le salaire ne font partie des explications.
A.R
A lire aussi sur actusoins.com :
Salaire infirmier : la France reste en queue de peloton
Fonction publique hospitalière : un salaire net moyen à 2225 euros en 2014
Salaire infirmier : La France reste en queue de peloton
Salaire des infirmiers en Europe : la France est-elle bien placée ?
Simply Vitale : une solution simplifiée pour vos vaccinations. | |
---|---|
Le saviez-vous ? Dans Simply Vitale, vous pouvez facilement envoyer la note de vaccination vers le DMP pour garantir la traçabilité des vaccins injectés à vos patients. Découvrir Simply Vitale |
J ai une maîtrise de lettres ET un diplôme d infirmière. Vos propos sont méprisants. Mettre les mains dans la souffrance, le sang, les cris, le pus, les excréments, la détresse est aussi respectable qu un joli coup de porte-plume à l élaboration d un Master et bien plus destructeur… Vous comparez ce qui ne peut l être… Venez donc trimer avec les IDE et les AS et vous comprendrez!