Les infirmiers dressent un constat d’alerte et souhaitent voir évoluer leur profession

Les infirmiers dressent un constat d’alerte et souhaitent voir évoluer leur profession

40 000 infirmiers interrogés par l'Ordre national des infirmiers (ONI) dressent un constat d'alerte sur les difficultés d'accès aux soins dans les territoires et sur la nécessité de faire évoluer la profession infirmière... dans l'intérêt des patients. 

Les résultats d’une consultation menée par l’ONI auprès de 41 024 professionnels inscrits au tableau, renseignent sur les constats et les attentes des infirmiers. 

La quasi-totalité des répondants (94%) juge urgent d’actualiser le décret qui encadre les compétences infirmières et 66% estiment que leurs compétences et leur rôle auprès des patients ne sont pas reconnus. (Voir encadré)

Concernant l’accès aux soins, les infirmiers sont 68% à considérer qu’il n’existe pas d’égalité d’accès aux soins sur leur territoire d’exercice, préocuppation qui serait partagée par les patients, selon les témoignages. 

Conditions d’exercice difficiles

Les conditions d’exercice sont perçues comme difficiles, pouvant même être préjudiciables à l’intérêt du patient. Ainsi, 88% des infirmiers estiment que “les conditions d’exercice sont devenues plus difficiles que par le passé”. 71% jugent qu’ils ne peuvent pas consacrer suffisamment de temps à chacun de leur patient, 68% se déclarent insatisfaits de la coopération entre les professionnels de santé sur leur territoire d’exercice. 

Enfin, 61% ne sont pas satisfaits de l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. 

Des solutions ? 

Parmi les solutions proposées par l’ONI, plusieurs sont très largement soutenues par les infirmiers et considérées comme prioritaires pour améliorer le système de santé. 

Ainsi, 80% des infirmiers jugent prioritaire l’application de ratios infirmiers par patient, de jour comme de nuit, en établissements ainsi qu’une meilleure prise en compte de la parole et du vécu des usagers dans leurs parcours de soins. 

Un infirmier sur deux (51%) considère qu’il faut orienter l’exercice du métier d’infirmier vers une plus forte responsabilité populationnelle et redéfinir le rôle et la place des Agences régionales de santé (ARS). 

Les infirmiers interrogés (97%) souhaitent également être davantage associés aux politiques de santé publique, en lien avec leur territoire d’exercice. 

D’ailleurs, 74% déclarent ne pas se sentir bien informés des politiques publiques de santé, 52% estiment que les politiques de prévention ne sont pas adaptées aux spécificités de leur territoire d’exercice. 

L’urgence de réformer

Invités à s’exprimer sur les réformes à engager pour le système de santé en France et dans leur territoire, six infirmiers sur dix pensent qu’en matière de santé, les constats sont connus : il faut prendre les mesures rapidement et engager les réformes prioritaires dans les six mois à venir, tandis que 30% estiment qu’avant d’engager des réformes, il est nécessaire de “mettre tous les acteurs autour de la table pour dialoguer à l’occasion d’une grande consultation sur la santé”. 

Rédaction ActuSoins

Adapter le décret infirmier, une priorité ?  

94 % des infirmiers interrogés jugent urgent d’actualiser le décret qui encadre les compétences infirmières pour l’adapter à la réalité de leur exercice aujourd’hui.

Parmi les évolutions souhaitées :

– 86% pensent qu’il faut favoriser la reconnaissance et le renforcement des soins relationnels effectués par l’infirmier.

– Conférer davantage de responsabilités aux infirmiers en matière de prévention et d’éducation thérapeutique, sans prescription médicale (70%), mais aussi davantage d’autonomie : développer la consultation infirmière sans prescription médicale (60%), permettre l’accès direct des patients aux infirmiers en ville et en établissement (59%), autoriser la prescription des actes simples (58%).

– Conférer aux infirmiers la mission de coordination du parcours patient, favorisant son orientation dans le système de soins est une priorité pour un infirmier sur deux. Une préconisation de l’Ordre qui recommande la création d’un infirmier référent.