Le CHU de Nîmes a créé un Centre d’évaluation et de prévention du risque iatrogène médicamenteux (CEPRIM). Quatre professionnels y accueillent des patients qui présentent un risque potentiel lié à la prise, ou la non prise, de leurs médicaments. Cette mission se fait en collaboration avec les soignants, et des liens sont aussi établis avec le réseau de soins primaires, en ville.
Les risques induits par la prise de médicaments provoquent, chaque année, 10 000 décès en France.
Ils sont à l’origine de 130 000 hospitalisations soit 1,3 million de journées d’hôpital au total (source ENEIS). Pour aider les patients à mieux comprendre les prescriptions et se soigner sans risques, le CHU de Nîmes a ouvert un Centre d’évaluation et de prévention du risque iatrogène médicamenteux ( CEPRIM).
Des consultations visant à faire de la prévention primaire du risque iatrogène médicamenteux y sont proposées en hospitalisation de jour*. « L’enjeu principal est d’identifier les patients à risque le plus tôt possible », explique le docteur en pharmacie Hélène Richard, du CEPRIM. Objectif : optimiser la prise en charge médicamenteuse à l’entrée et à la sortie d’un établissement de santé, et la sécuriser. « Le CHU s’est appuyé sur la circulaire concernant les Hôpitaux de jour pluri-professionnels(HJP) pour en créer un, en l’adossant à sa pharmacie hospitalière », précise le docteur Hélène Richard.
Évaluation globale
Mauvaise utilisation d’un médicament, erreur médicamenteuse, effets indésirables, interactions médicamenteuses, poly médication, automédication… le risque est assez large. « Le repérage des patients à risque se fait lors d’une hospitalisation ou en ambulatoire », indique la pharmacienne.
Des professionnels de santé directement concernés par la prise en charge médicamenteuse – médecin, pharmacien hospitalier, avec l’intervention possible d’infirmière – les reçoivent successivement pour une évaluation clinique et pharmaceutique. Elle va permettre de repérer, et corriger ou limiter, les risques potentiels ou avérés. « Leur prise en charge médicamenteuse est évaluée dans sa globalité. » Lors d’une hospitalisation complète, le dispositif de pharmacie clinique compte les IDE comme interlocuteurs privilégiés.
Marie-Laure Palat, infirmière en pratique avancée (IPA) dans le service de neurologie fait, elle-même régulièrement appel au CEPRIM. « Être autorisée à changer des posologies ou renouveler des ordonnances ajoute une responsabilité importante », précise-t-elle. L’IPA reçoit aussi des patients en ateliers d’ETP (Éducation thérapeutique du patient) post AVC.
Et fait appel au CEPRIM dans ce cadre, le plus souvent pour des intolérances aux traitements. « L’équipe intervient pour chaque patient post AVC avec un traitement anticoagulant ou sous AVK », précise-t-elle.
Très sécurisant
« C’est très sécurisant, notamment en cas de doute sur un effet secondaire que l’on ne trouverait pas dans le Vidal », fait-elle observer.
L’IPA fait aussi appel aux professionnels du Centre d’évaluation pour des refus d’adhésion thérapeutique. Notamment les refus liés à la polémique autour des statines. « Seulement 44 % des patients sont observants sur les statines. Pour les autres, la motivation est difficile à obtenir surtout s’il y a plusieurs acteurs dans leur parcours. » En bref, la soignante interpelle régulièrement le CEPRIM sur la conduite à tenir pour avoir le meilleur traitement adapté à ses patients. « Il m’aide à obtenir leur adhésion. »
Un point hebdomadaire est fait sur chaque patient par les équipes soignantes avec le CEPRIM qui en accueille chaque année 400 à 500. « Plus de 70 % des patients se voient proposer des modifications thérapeutiques », précise le docteur Richard.
Les dispositifs de conciliations médicamenteuses, eux, permettent selon la pharmacienne, d’intercepter 75 % des événements indésirables avec un impact. « Les soins primaires ont un rôle capital dans la détection », ajoute-t-elle aussi. Dans ce domaine-là, des ponts sont établis. « Le repérage par les officines de ville et des infirmières libérales est indispensable. » Encore sous-représenté, il demande un gros travail d’acculturation.
Une équipe clinique de choc
Un dispositif conséquent de lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse avait déjà été mis en place il y a dix ans, dans ce CHU. L’équipe de pharmaciens cliniciens qui y a été affectée était unique par son ampleur. « Ils sont tous les jours dans les unités de soins, au lit du patient », indique le docteur en pharmacie Hélène Richard.
Dans le planning informatisé des services, chacun a la liste des patients admis qui ont bénéficié d’une prescription hospitalière. « Nous les rencontrons pour un bilan médicamenteux optimisé (BMO) qui permet de déterminer ce qu’ils prennent déjà à la maison. » Ils font aussi toutes les validations pharmaceutiques pour sécuriser les prescriptions pendant le séjour. Et ils participent à des hospitalisations de jour comme intervenants parmi les équipes de soins.
Myriem Lahidely
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* Le CEPRIM c’est
6 médecins hospitaliers, 3 pharmaciens, une psychologue et une assistante sociale.
– Des consultations sont proposées chaque jour, matin ou après-midi. Les patients peuvent y être reçus pour un entretien avec une pharmacienne clinicienne et avec un médecin, mais aussi avec une psychologue (pour aborder les questions liées à la représentation de la maladie et des traitements) et une assistante sociale (pour résoudre les problème d’accès au soin et d’isolement social).
– Les actes réalisés au Ceprim sont des actes de pharmacie clinique qui peuvent être financés dans le cadre d’un hôpital de jour.
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