« Les enjeux de santé publique concernant la couverture vaccinale sont importants car il y a de nombreux décès en lien avec le défaut de vaccination et l’impact économique est grand », a rappelé Patrick Chamboredon, président de l’Oni.
La France, mauvaise élève
La France est loin d’être en tête de lice concernant la couverture vaccinale. Si chez les nourrissons, elle est en moyenne plutôt bonne pour le DTPolio et l’infection à pneumocoque, pour l’hépatite B ou pour la rougeole et la rubéole en revanche, elle est loin d’être suffisante. « Pour la rougeole et la rubéole, la couverture vaccinale est de 90 % pour la première dose et 80 % pour la seconde alors qu’elle doit être de 95 % pour les deux doses afin d’interrompre la circulation du virus, a fait savoir Daniel Levy-Bruhl, responsable d’unité de la Direction des maladies infectieuses à Santé publique France. Cela a entraîné des épidémies dans les années 2009, 2012 et 2018, avec des décès. » Chez les adultes, la vaccination des jeunes filles contre le virus du papillomavirus (HPV) stagne aux alentours de 20 %. De même que pour la grippe, seule une personne âgée sur deux s’étaient fait vacciner l’année dernière.
Le Baromètre santé 2016 de Santé publique France a révélé qu’un quart des Français considèrent que les vaccins sont inefficaces. Ils sont 40 % à estimer qu’ils sont susceptibles d’induire des effets secondaires. Ces considérations s’expliquent en partie par les nombreuses controverses qu’il y a eu en France concernant certains vaccins comme celui contre l’hépatite C ou la grippe H1N1.Des actions publiques
La Direction générale de la santé (DGS) œuvre pour une amélioration de la couverture vaccinale. C’est elle qui pilote la politique vaccinale et détermine chaque année le calendrier vaccinal. « Il y a une volonté forte de rénover la politique vaccinale et de renforcer la politique d’information, a fait savoir le Pr Odile Kremp, cheffe du bureau de la santé des populations et de la politique vaccinale de la DGS. D’où la création du site Vaccination Info Service. » Et d’ajouter : « Des récents textes législatifs ont également porté sur la vaccination avec l’élargissement des compétences des sages-femmes dans le domaine, l’expérimentation de la vaccination dans les pharmacies, l’étendue des obligations vaccinales chez les enfants et l’élargissement du rôle infirmiers en matière de vaccination antigrippale. »
Modifier le rôle infirmier
« Nous sommes 120 000 infirmiers libéraux, a rappelé Patrick Chamboredon. Nous pourrions, dans le domaine de la vaccination, participer au service rendu à la population et aux enjeux de santé publique. Nous sommes en proximité avec les patients, c’est naturel pour nous. » Dans certains pays, les infirmières sont « les maîtres de la vaccination », a-t-il rappelé. C’est le cas en Espagne, mais aussi au Québec. « Pourquoi ne pas explorer ces pistes-là et étendre la population pouvant être vaccinée par les infirmiers », a-t-il suggéré, estimant que cela permettrait aussi de restituer du temps médical. Mais pour ce faire, il faut travailler sur les aspects « formation » car « les temps de formation initiale sur la vaccination sont assez hétérogènes entre les professionnels de santé », a rappelé le Pr Kremp. Autre enjeu selon elle : la vaccination des professionnels de santé eux-mêmes. Une charte a d’ailleurs été signée le 18 octobre dernier entre la ministre de la Santé et les sept ordres de santé afin d’améliorer la vaccination des soignants.
Laure Martin
Les infirmiers sont-ils prêts à un élargissement des compétences ?
Une étude a été menée en région PACA par l’Observatoire régional de la santé, à la demande de l’Ordre régional des infirmiers PACA et Corse, sur les attitudes et les pratiques des infirmiers de la région vis-à-vis des vaccins. Cette étude révèle que concernant leur propre vaccination, les infirmiers ne sont pas forcément de bons élèves. Les libéraux de la région ne sont que 49 % et les hospitaliers 65 %, à avoir reçu les trois doses contre l’hépatite B. Pour la grippe, seuls 23 % des salariés et 38 % des libéraux sont vaccinés. 86 % des salariés et 82 % des libéraux se disent très favorables ou plutôt favorables à la vaccination en générale. Mais 47 % des salariés et 35 % des libéraux ont une hésitation vaccinale principalement concernant la grippe. Ils sont presque 60 % à estimer qu’il existe un lien probable entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaque. Par ailleurs, contrairement à ce que revendiquent les syndicats infirmiers et l’ONI, l’étude fait savoir que deux infirmiers sur trois sont en désaccord avec le transfert de la vaccination à leur profession. Parmi les raisons invoquées : l’impossibilité d’intervenir en cas d’effets secondaires graves, les connaissances insuffisantes du dossier médical des patients, la volonté d’éviter la multiplicité des intervenants dans le suivi du patient ou encore le manque de formation pour cet acte médical.
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