De Paris à New-York en passant par la Côte d’Ivoire : le parcours atypique d’une infirmière à l’international

Fatoumata Sacko, infirmière

© DR

Actuellement en stage de plaidoyer bilingue chez Emerald Isle Immigration center (EIIC), une Organisation non gouvernementale (ONG) située à New York, Fatoumata Sacko, infirmière de formation, entend poursuivre sa carrière au sein de structures internationales, notamment en Afrique. Retour sur un parcours professionnel atypique.

Que faites-vous actuellement à New York ?

Je suis en stage au sein d’une ONG spécialisée dans le droit social, la santé et l’immigration. J’y suis pour un an en tant qu'intern advocaty social and health [stagiaire défenseur des droits sociaux et de la santé, NDLR].

J’effectue des activités diverses, comme participer à des événements de sensibilisation du programme de services sociaux et de défense des soins de santé de l’ONG afin de fournir des informations sur les services à disposition pour la communauté. J’assure également un travail d’accompagnement des immigrants souhaitant acquérir la citoyenneté américaine, avec des cours d’anglais ou des entraînements à des tests. Je propose de développer des ateliers de sensibilisation pour une meilleure éducation à la santé afin de prévenir les pathologies cardio-vasculaires en hausse dans cette ville.

Depuis ma deuxième année en Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi), je sais vouloir travailler dans le domaine de l’humanitaire et du développement. Mais un tel projet prend du temps à construire. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai donc exercé au Centre hospitalier intercommunal (CHI) de Montreuil (Seine-Saint-Denis), puis dans le domaine de la formation, jusqu’à intégrer l’Institut de formation des cadres de santé. Mais à l’issue de mon cursus, je ne souhaitais pas exercer en tant que cadre dans les services. Mon objectif était d’effectuer de la gestion de projet dans l’humanitaire. À terme, j’aimerais travailler au sein des grandes organisations internationales telles que les Nations unies ou Action contre la faim. Cependant, au moment où j’ai réfléchi à ce projet, il me manquait des notions en géopolitique et en anglais. J’ai donc intégré l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) Sup [école qui propose des formations en géopolitique appliquée, NDLR], afin de m’ouvrir sur l’humanitaire et le développement. Dans le cadre de ce cursus, je peux effectuer des stages à l’étranger. J’en ai fait un à Abidjan, et aujourd’hui, je suis à New York.

Vous avez aussi fait de la formation…

Ce n’était pas vraiment un choix. On me l’a proposé lorsque j’exerçais au CHI de Montreuil. Une amie formatrice m’a demandé de mettre à jour des supports de formation, puis m’a ensuite proposé de dispenser un cours. Je ne me sentais pas légitime car je n’avais que trois années de diplôme. Mais je me suis lancée dans le cursus pour les aides-soignants.

J’ai ensuite été embauchée à temps partiel. Faire de la gestion de projet de formation m’a vraiment plu. J’ai alors rejoint l’Institut de formation paramédicale et sociale de la fondation Croix Saint-Simon. Toutes mes collègues étaient cadres, sauf moi, qui étais en faisant-fonction. C’est pour me sentir plus légitime que j’ai intégré l’école des cadres en 2020. Je trouvais qu’il me manquait la théorie à ma pratique.

Je n’ai pas exploité mon diplôme de cadre. Mais je sais que je vais pouvoir le faire notamment pour travailler au sein des ONG.

Les soins ne vous manquent-ils pas ?

J’ai arrêté d’en faire depuis peu. Car pendant mes cours à l’IRIS, j’ai travaillé en intérim à l’hôpital pour financer mes cours et venir à New York. Mais l’hôpital a changé. J’ai vu une nouvelle génération d’infirmières arriver sur le terrain.

Il n’y a plus de personnel fixe, que des vacataires et des intérimaires. Aujourd’hui, je suis contente d’avoir quitté le monde de l’hôpital. J’aimerais évoluer vers de la coordination voire de la direction de projets financier, sanitaire et diplomatique dans les pays en voie de développement. C’est vraiment ce qui m’intéresse.

Je suis originaire du Mali et de la Côte d’Ivoire. J’ai découvert mes origines tardivement, vers 17/18, ans. Aujourd’hui, beaucoup d’enfants ou de petits-enfants d’immigrés retournent dans leur pays d’origine pour aider au développement du pays. Mais cela peut être difficile car l’environnement social et environnemental est différent de ce que nous connaissons. J’ai toujours souhaité vivre et travailler sur le continent africain en proie à de nombreuses problématiques sanitaires, sociales, climatiques et d’immigration.

Lorsqu’on parle de santé, on pense souvent à des soins techniques. Mais il ne faut pas oublier toute l’approche sociale. J’aimerais intervenir pour soutenir et aider les populations dans leur propre environnement. Je pense que cela relève des compétences infirmières, qui aujourd’hui, dans le cadre de mon stage, me servent particulièrement dans l’approche relationnelle. Lorsqu’on est infirmier, nous avons l’habitude de travailler avec un dossier de soins, nous analysons le patient dans sa globalité. Cette approche globale me sert à mieux comprendre les parcours des personnes que nous aidons et je pense pouvoir encore l’exploiter dans d’autres domaines.

Propos recueillis par Laure Martin

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