Annonces d’Emmanuel Macron sur la santé : les infirmiers entre satisfaction et méfiance

Les représentants des infirmiers, notamment libéraux, réagissent de manière mitigée au discours du président de la République lors de ses vœux aux soignants vendredi 6 janvier à l'hôpital de Corbeille-Essonnes (Essonne). Certaines de ses annonces rejoignent les aspirations de certains mais parmi les libéraux et les salariés, une certaine méfiance -voire une défiance- reste de mise.

Annonces d'Emmanuel Macron sur la santé : les infirmiers entre satisfaction et méfiance

© Farknot Architect / ShutterStock

À en croire les réactions de plusieurs représentants des infirmiers, les annonces les concernant formulées par Emmanuel Macron lors de ses vœux aux soignants vendredi 6 janvier reflètent des demandes qu'ils avaient formulés auprès de l'exécutif ces derniers mois.

Auraient-ils été écoutés ? C'est ce qu'exprime le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) quand il souligne dans son communiqué que plusieurs mesures étaient « dans les tiroirs depuis plusieurs années ».

C'est le cas  par exemple des annonces en faveur de l'exercice pluriprofessionnel, de la création d'un statut d'infirmier référent, mesure que le Sniil « porte depuis des années », ou de la nécessité de faire évoluer les compétences des infirmiers libéraux (Idel).

Au-delà du fait que cela pourrait libérer du temps médical, cela permettrait aussi de « redonner du sens au métier, aux missions quotidiennes de la profession », estime le Sniil.

Même si, comme le souligne ce syndicat, les Idel n'ont pas été cités par Emmanuel Macron dans ses annonces sur l'accès direct à certains professionnels de santé ou au sujet de l'amélioration de la valorisation des actes des professionnels de santé, il soutient également, bien sûr, ce type de mesure.

À conditions que les infirmières et infirmiers ne soient pas « une nouvelle fois les oubliés des pouvoirs publics », précise le Sniil.

Redonner du sens

 De son côté, l'Ordre national des infirmiers (ONI) se félicite que les « propositions ambitieuses » formulées en septembre par tous les ordres de professionnels de santé en faveur de la coopération interprofessionnelle et un meilleur partage des compétences aient été entendues.

Globalement, d'ailleurs, l'ONI « salue la vision et les annonces historiques du président de la République », son « pragmatisme », son « esprit de responsabilité » et sa « volonté réformatrice » qui sont, selon lui, « à la hauteur des enjeux et des attentes des patients et des professionnels de santé ».

Le Sniil ne partage pas totalement cet enthousiasme. À côté des avancées observées, il souligne que le président de la République s'est exprimé devant des soignants parmi lesquels « les acteurs de la ville étaient complètement absents ». Et il s'inquiète du risque de voir ces mesures répondre à des problèmes de types conjoncturels plus qu'à une volonté de repenser le système de santé dans sa globalité.

Le président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), Daniel Guillerm, a de son côté le « sentiment de la fin d'un tabou », celui du médico-centrisme : « c'est la première fois dans un discours présidentiel qu'on entend autant parler des paramédicaux » et notamment des infirmiers, souligne-t-il.

Des propos « symptomatiques », selon lui, de l'état de crise du système de santé et d'une prise de conscience au niveau des autorités sanitaires.

Fin d'un tabou

« À présent il va falloir joindre les actes à la parole », déclare Daniel Guillerm, prudent.

La présentation prochaine de deux propositions de loi sur l'accès aux soins feront selon lui office de test. La FNI sera ainsi particulièrement attentive à la manière dont les annonces sur l'ouverture de la prescription aux infirmiers, sur les transferts d'actes et les professionnels paramédicaux référents seront mises en œuvre. Idem pour ce qui concerne la perspective de voir émerger des rémunérations forfaitaires à côté du paiement à l'acte.

L'organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil), de son côté, a « poussé un coup de gueule » laconique à la suite des annonces du président de la République : « Emmanuel, arrête de parler, agis ! ». Avant d'enchaîner pour réclamer la création de la consultation infirmière et l'accès direct à l'infirmier en premier recours.

Du côté des salariés, le Syndicat national des professionnels infirmiers, a demandé en réaction aux annonces d'Emmanuel Macron un « plan Marshall » pour parvenir à un ratio de patients par infirmier « adapté » et des conditions de travail et des salaires corrects.

Son porte-parole, Thierry Amouroux, a aussi dénoncé sur TF1 la « remise en cause », par Emmanuel Macron, des 35 heures à l'hôpital et son appel, selon lui, à faciliter le recours aux heures supplémentaires.

Géraldine Langlois

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Réactions

2 réponses pour “Annonces d’Emmanuel Macron sur la santé : les infirmiers entre satisfaction et méfiance”

  1. DeVal dit :

    Des médecins généralistes qui réclament 50 EUROS par séance (ps : je suis pour une hausse mais pas à ce montant) et de l’autre côté, des aides-soignants et infirmiers payés avec des pierres

    Pas besoin d’être un génie pour comprendre que l’échelle des rémunérations n’est pas tenable compte tenu de la rémunération honteuse des paramédicaux dans ce pays, et je rajoute les sages-femmes (une profession médicale). Aux aides-soignants qui passent par ici, un conseil quand vous cherchez du travail, exiger minimum entre 2000 et 2500 euros nets.

    Pour les IDE, entre 2500 et 3000 euros.

    Je ne vois pas pourquoi un médecin pourrait se gaver (avec un SMIC par JOUR parfois !!!) et que les paramédicaux doivent se contenter des miettes. Exigez, vous êtes en position de force ++++++

    Si la/le cadre de santé vous balance l’argument du budget, dites lui qu’elle/il n’a qu’à écrire à l’ARS et que votre travail vaut 2/3 jours d’un travail d’un médecin en Ile-de-France en intérim et qui si elle refuse, elle réalisera elle-même le travail. Croyez-moi, ambiance garantie.

    Bon courage à toutes et à tous !

  2. INFI dit :

    Bonjour,
    Fondamentalement, il faut absolument revaloriser le salaire des infirmières, le « pourboire » dédaigneusement posé par Macron est une insulte à ma profession: on demande de plus en plus de flexibilité aux infirmières mais leur prise en compte n’est pas reconnue.

    En outre qu’une revalorisation des consultations des médecins soit effectuée, OK mais 50 €, c’est tout de même excessif car la prestation ne changera pas de qualité: s’il y a encore des médecins très professionnels, bon nombre s’est transformé(e) en comptable et chronomètreur, à peine aimable, et « au suivant ».
    Cdt

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