Cher Père Noël,
En cette fin d’année 2019, ne sachant plus à qui m’en remettre, je me tourne vers toi. J’ai cessé de croire en toi mais quand j’étais enfant, tu as globalement entendu mes demandes, alors… Vois-tu, j’adore mon métier d’infirmière et je me spécialise au bloc opératoire. Mais voici ce qui me manque :
– J’ai besoin de reconnaissance, c’est-à-dire un salaire décent pour vivre ma vie de famille et à la hauteur des diplômes et responsabilités, comme tous les soignants.
– J’ai aussi besoin des moyens de travailler sereinement. Pour faire des économies on ne nous livre plus de gants à usage unique pourtant indispensables…
– Je voudrais également des relations soignants-soignés apaisées : des soignants bienveillants, écoutants, et des patients compréhensifs et cordiaux.
– Pour ma catégorie professionnelle en particulier, les IBODE, je souhaite cette revalorisation financière que nous attendons, la réingénerie de nos études (depuis le temps!) et surtout le soutien des chirurgiens qui pestent quand il faut former une nouvelle infirmière mais ne soutiennent pas celles qui vont se former à l’école.
Je pourrais te demander aussi la fin de la guerre dans le monde, entre autres, mais comme tu le vois, je suis raisonnable. Je ne te fais que des demandes réalisables.
Adeline, étudiante infirmière de bloc opératoire
Cher père Noël,
J’aimerais vraiment que tu nous apportes les moyens de rester en chambre auprès des patients, pour qu’on ait plus le temps de discuter avec eux et d’écouter leurs angoisses. Quand un patient arrive dans certains services, on a parfois juste trois minutes pour l’accueillir alors qu’il peut être très angoissé…
Je voudrais bien aussi que tu nous apportes la reconnaissance de la part de nos hiérarchies. Par exemple sous forme de respect dans la gestion du personnel, les demandes de remplacements pour dépanner dans d’autres services. On m’a déjà imposé d’aller dépanner dans un service pour lequel je n’étais pas formée et où j’étais la seule infirmière ou avec une autre IDE arrivée trois jours avant…
Aussi, il faudrait que tu améliores les carrières des infirmières. J’en connais qui travaillent dans mon service depuis cinq ans, sur un poste vacant, et ne sont toujours pas stagiairisées…
Je ne pense pas que ce soit trop demander…
Fiona, infirmière dans un service de neurologie
Cher Père Noël,
Mon cadeau préféré serait que la profession puisse enfin avoir un vrai leader, porté par la profession, qui puise être une force de réunification de la profession car elle est, je trouve, trop dispersée, balkanisée. Chaque micro-expérimentation en libéral est très cloisonnée…
Cette personne pourrait porter la voix des infirmières, qui représentent 700000 personnes quand même ! Elle pourrait aussi porter des objectifs communs à la profession, sortir la profession de la transparence (c’est au-delà du mépris) dans laquelle elle se trouve.
Il faut que la profession puisse exercer un vrai lobbying dans les sphères politiques. Et le leadership, c’est aussi un levier d’amélioration de la qualité de vie au travail. Si quelqu’un a du leadership, il sera motivé et il aura plus de possibilités de modifier les choses. Tout est lié…
Florence Ambrosino, ex-infirmière libérale, formatrice et auteure du « Guide de l’infirmier(ère) en pratique avancée », Vuibert, octobre 2019
Cher Père Noël,
La première chose et la seule chose que je voudrais te demander c’est changer de gouvernement. Une nouvelle ministre sous la santé sous le sapin. On aura beau demander des améliorations de nos conditions de travail, si on n’a pas un gouvernement plus à l’écoute de nos problématiques, rien ne changera.
On a cru que la ministre actuelle, comme elle a été médecin, nous comprendrait plus que la précédente mais ce n’est pas beaucoup mieux. Nous avons besoin d’un gouvernement qui nous appuie. Et qui arrête d’associer la santé à la rentabilité et gère les CHU comme des entreprises.
Il faut arrêter de penser que la santé peut être rentable et qu’on peut faire des bénéfices sur le dos des malades. La santé, comme l’éducation, ne sera jamais rentable !
Nous avons aussi besoin d’une nouvelle nomenclature. Il y a de bonnes choses dans la nouvelle mais certaines mesures ne seront appliquées que dans plusieurs années. Pourquoi attendre ?
Je ne crois plus trop au père Noël depuis longtemps mais on ne sait jamais !
Charline, infirmière libérale et auteure de « On ne naît pas infirmière ! », Autrement, septembre 2019
Cher Père Noël,
Je voudrais te demander trois choses pour les étudiants en soins infirmiers (ESI). Nous avons vraiment besoin d’une amélioration de nos conditions de formation !
Il faut vraiment qu’on arrête de nous différencier des autres étudiants de l’enseignement supérieur et que nous ayons tous accès, réellement, aux services du CROUS, aux bibliothèques, aux restaurants et au sport universitaire, aux espaces numériques de travail et la médecine préventive des étudiants.
Aujourd’hui, en décembre, les ESI de 60 IFSI n’ont toujours pas de carte d’étudiant et ceux de huit instituts de formation n’ont pas pu voter aux élections universitaires ! Pour étudier, nous avons aussi besoin d’écoles avec des locaux adaptés, et d’un meilleur encadrement en stage.
A l’aube d’une année déclarée par l’OMS comme celle des infirmières, pourrais-tu aussi nous aider à obtenir une véritable reconnaissance de nos compétences infirmières, par la validation de notre formation au niveau de la licence ? Le seul « grade » de licence freine nos souhaits de poursuite d’études.
Notre rémunération doit aussi être adaptée adaptée à nos compétences, que nous voulons d’ailleurs accroître.
J’espère que tu recevras cette lettre à temps !
Felix Ledoux, président de la Fédération nationale étudiants en soins infirmiers
Cher Père Noël,
Il y a une chose que je voudrais vraiment te demander, c’est de faire en sorte qu’il y ait plus de personnel dans les services pour qu’on puisse passer plus de temps avec les enfants – je travaille en pédiatrie, comme tu le sais – pour pouvoir parler avec eux, apprendre à les connaître, savoir ce qu’ils souhaitent et les faire rire.
Et aussi pour répondre aux interrogations des parents car quand on n’a pas le temps, ils stressent. C’est hyper frustrant de ne pas avoir ce temps. En hématologie, par exemple, on a besoin de pouvoir parler avec les enfants, ils se posent 10 milliards de questions, tu imagines ! Mais on passe en coup de vent, on n’a pas le temps…
De l’équipe de suppléance où je travaille désormais, je vois que dans tous les services il manque du monde, infirmiers comme aides-soignants…
Et aussi, au cas où, on aimerait avoir une augmentation de salaire. Je travaille à Paris mais je vis en grande banlieue car je n’ai pas les moyens de me loger à Paris. Encore moins depuis que je travaille de jour.
J’espère que tu penseras à nous !
Laurent Rubinstein, infirmier et membre du collectif Inter-urgences
Propos recueillis par Géraldine Langlois
Plongez dans le quotidien de soignants tels que vous et renforcez votre expertise en cicatrisation avec Chroniques de Plaies ! | |
---|---|
Parce que derrière chaque plaie, il y a un patient, et derrière chaque patient il y a une histoire : plongez dans le quotidien des soignants avec Chroniques de Plaies ! Tous les témoignages de soignants ICI ! |
Plaies aiguës et chroniques : vers une cicatrisation dirigée | |
---|---|
Notre formation "Plaies aiguës et chroniques : vers une cicatrisation dirigée" en e-learning a été spécialement développée pour vous permettre de prendre en charge tous les types de plaies, aiguës ou chroniques, effectuer un choix logique de pansements et mettre en place une cicatrisation dirigée. En savoir plus |
Plongez dans le quotidien des soignants à travers l'histoire de leurs patients | |
---|---|
A travers le programme Chroniques de Plaies, plongez dans le quotidien de professionnels de santé comme vous à l’aide de leurs témoignages autour d’un de leurs patients et nourrissez vous de leurs bonnes pratiques en cicatrisation. Tous les témoignages de soignants ICI ! |
Soyez le premier à laisser un commentaire !