Les IADE dans la rue : ils revendiquent leur autonomie et un statut

Ils ont inauguré la rentrée sociale en manifestant le jeudi 16 septembre. Les IADE ont défilé dans la capitale en affichant nettement leurs revendications : une revalorisation salariale, mais surtout la reconnaissance de leur statut.

Les IADE dans la rue : ils revendiquent leur autonomie et un statut

capture d'écran Twitter (Snia)

Devant l’hôpital Georges Pompidou, dans le 15e arrondissement de Paris, un parterre de blouses bleues s’est amassé en attendant le départ du cortège.

En cette mi-septembre, la météo est clémente, mais le moral des troupes n’est pas au beau fixe. Sur les vêtements de protection des IADE réunis, des slogans donnent le ton. « On vous intube, ils nous entubent », « Méprisés, dévalorisés, ignorés » ou encore « Un métier formidable, une reconnaissance formidable ».

Parmi ces IADE originaires de toute la France, Catherine, de Seine-Saint-Denis, infirmière-anesthésiste depuis plus de vingt ans. La quinquagénaire est en colère. « Avec notre métier, nous ne sommes ni infirmières, ni médecins. Nous avons le cul entre deux chaises », lâche-t-elle, regrettant l’absence d’un statut à proprement parler, comme en bénéficient les sages-femmes ou les IDE.

Et l’émergence des infirmiers en pratique avancée (IPA) mention « médecine d’urgence » [les textes réglementaires permettant le lancement de cette mention devraient être publiés à la fin du mois, ndlr] en froisse plus d’un.

« On a fait trois ans d’études pour être infirmières, puis deux ans de terrain et on a aussi passé un concours. On a bossé comme des dingues. Que vaudra notre diplôme désormais ? Il peut y avoir des besoins en IPA dans d’autres secteurs, mais ce n’est pas le cas en réa, anesthésie et urgence », estime-t-elle.

Lire aussi, sur ActuSoins.com : 

IPA « urgences » : le projet de décret, modifié, est désapprouvé par le HCPP (juin 2021)

L’exigence d’un statut

Dans leur exercice du quotidien, les IADE interviewés sont unanimes : ils revendiquent tous l’autonomie de leur profession. Dommage que cette « autonomie ne soit pas reconnue statutairement », reconnaît Christophe Paysant, président du SNIA.

Samuel, IADE depuis 17 ans, venu spécialement du Havre, est du même avis. « Dans la réalité du terrain, le médecin anesthésiste nous donne la stratégie, mais nous sommes à 80 % seuls. Et nous prenons des décisions », insiste-t-il, loin d’une image réductrice d’exécutants.

Il regrette que les souhaits de la profession soient si peu pris en compte par le gouvernement. « Cela fait des mois que nous nous battons pour intégrer les IADE dans les IPA et obtenir ce statut car, notre formation – 3000h et deux années de formation – correspond aux critères, mais on est face à un mur », déplore-t-il.

Cette absence d’écoute, il l’attribue à leur faible nombre – ils ne sont que 10 000 IADE - et à la méconnaissance de leur métier.

Alors face à ces difficultés, Christophe Paysant confie que la stratégie de la rue n’est pas suffisante : un gros travail de lobbying a été réalisé depuis des mois auprès des parlementaires pour leur faire comprendre leurs problématiques.

Pas d’inscription dans le code de santé publique des IADE comme faisant partie des auxiliaires médicaux en pratique avancée, pas non plus d’adoption d’une « profession médicale intermédiaire ». Pour l’instant, c’est le statu quo.

Le souvenir du Covid et les craintes de l’avenir

Ce blocage est d’autant moins acceptable pour les IADE qui défilent, que pendant la longue crise sanitaire, ils ont largement contribué à fluidifier l’activité surchargée des hôpitaux.

C’est le cas de Sébastien, 33 ans, IADE depuis deux ans, qui travaille en région bordelaise. « J’ai été réquisitionné pour les urgences Covid. Avec mes collègues, on a monté des réa, réalisé des transports sanitaires… A ce moment-là, on avait besoin de nous. Mais en contrepartie, on ne nous reconnaît pas le statut qu’on attend », déplore-t-il.

Vite remerciés – pour Sandra, l’augmentation du Ségur est de « l’esbroufe » – vite oubliés.

Et l’avenir, selon les IADE, ne s’annonce pas rose. « L’arrivée des IPA médecine d’urgence va forcément ‘’chasser’’ des IADE des Samu, Smur etc. », craint Christophe Paysant.

Pour lui, il faut que la profession se réinvente, peut-être en se positionnant sur le « péri-opératoire », qui pourrait constituer une vraie plus-value.

Samuel, lui, s’inquiète de l’attractivité du métier. Catherine, de son côté, a déjà pensé plusieurs fois à raccrocher, mais sa profession, elle l’aime trop.

« Mon vrai salaire, c’est quand je vois un patient en salle de réveil, avec le sourire et sans douleur. Ou quand un enfant retrouve sa mère après une opération ».

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