La photo, reflet de l’estime de soi

Une infirmière de l'Ariège propose aux personnes fragilisées par la maladie, le handicap ou la violence de retrouver confiance en elles par la photographie. Elle monte une association pour développer cette activité en plus de son exercice libéral.

Stéphanie Rodrigues, infirmière libérale, fondatrice de Panser par l'image

Stéphanie Rodrigues, fondatrice de "Panser par l'image" © DR

Stéphanie Rodrigues fait partie des infirmières qui associent leur regard de soignantes à une démarche photographique. Libérale dans l'Ariège, elle pratique la photo en amateure depuis une dizaine d'années.

Et depuis le début de 2019, elle tente d'allier sa profession à sa passion en développant une activité secondaire, la « thérapie par l'image ». Elle souhaite aider les personnes, femmes comme hommes, qui ont perdu leur estime de soi du fait de la maladie, du handicap, de leur parcours de vie ou de violences conjugales, et « les accompagner à se réapproprier leur corps », explique-t-elle.

Une thérapie complémentaire

L'infirmière se dit ouverte à toutes les demandes mais souhaite que la démarche des personnes qui se tournent vers elles soit « appuyée » par un médecin ou un psychologue. Selon elle, « la thérapie par l'image n'est efficace que si la personne est accompagnée par ailleurs », notamment sur le plan psychologique.

Aussi, ajoute l'infirmière, le fait que la personne soit adressée par un professionnel du soin « permet de cadrer mon intervention et les justifiera auprès des organismes financeurs lorsque je recevrai des subventions ». Une « séance », préparation, prise de vue et travail sur les photos compris (environ 14 heures), coûte 250€. Pour rendre son approche la plus accessible possible, Stéphanie Rodrigues a répondu à des appels à projets de l'ARS Occitanie et des conseils départemental et régional.

Elle s'est également fait connaître auprès de plusieurs associations de patients et d'aides aux victimes ainsi que de l'hôpital général de son secteur et elle reçoit de plus en plus de sollicitations, via son site ou les réseaux sociaux. Des personnes qui ont subi une chirurgie reconstructrice après une mastectomie ou une gastroplastie, des femmes qui ont été battues par leur conjoint...

Le premier contact se déroule souvent sous forme électronique : « pour certaines personnes c'est plus facile que de vive voix », remarque l'infirmière-photographe. L'échange porte d'abord sur ce que la personne attend de cette démarche... et de la photographe. Ensuite l'infirmière rassemble, éventuellement, des accessoires qui évoquent la personnalité ou les passions de la personne et elles se mettent d'accord sur le lieu où se déroulera la séance : à domicile pour les uns, dans une les locaux d'une association ou un gîte pour les personnes pour lesquelles le domicile n'offre pas de sentiment de sécurité, comme c'est souvent le cas pour les femmes victimes de violences conjugales.

Retrouver la beauté

Ensuite, « c'est la personne qui dirige la séance, précise Stéphanie Rodrigues. On ne se fixe pas de durée ni d'objectif. » La prise de vue commence souvent par de petits portraits. Elle se poursuit de manière différente avec chaque personne : il s'agit de « montrer de qu'il y a de beau chez la personne », les mains, le regard, un mouvement... et de « donner à voir autre chose qu'une personne qui est ou a été malade, handicapée ou victime de violence », ajoute l'infirmière.

Selon elle, son regard de soignante, empathique, sur les personnes, leur corps marqué et leur histoire met à l'aise ses « modèles » et enrichit son approche photographique... A l'issue de la séance, les personnes repartent avec l'intégralité des photos prises. La photographe ne les retouche jamais. Elle retravaille seulement des éléments techniques comme la luminosité ou les passe parfois de la couleur au noir et blanc...

Stéphanie Rodrigues, qui a réalisé ses premières séances bénévolement, constitue une association, Panser par l'image, pour encadrer et conforter cette activité qui l'occupe de plus en plus et qu'elle espère développer.

Géraldine Langlois

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