Boycott des stages infirmiers dans le privé : la FHP rate son bras de fer

Boycott des stages infirmiers dans le privé : la FHP rate son bras de fer

La Fédération nationale des étudiants infirmiers (FNESI) a rencontré jeudi 27 février Marisol Touraine afin de faire un bilan sur les actions mises en œuvre pour trouver des stages aux étudiants infirmiers. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) maintient le boycott des stages à partir du 1er mars et réagit à la baisse de ses tarifs.

Boycott des stages infirmiers dans le privé : la FHP rate son bras de fer“La mobilisation générale des agences régionales de santé (ARS) et de l’ensemble des établissements publics et privés à but non lucratif se poursuit dans l’ensemble des régions pour garantir à chaque étudiant en soins infirmiers la continuité et la qualité de leur formation pratique”, affirme Marisol Touraine qui indique que “près de 90% des étudiants ont obtenu un nouveau stage à ce jour”.

Marisol Touraine serait ainsi en passe de gagner son bras de fer avec la FHP et lui inflige une baisse de 0,24 % de ses tarifs pour 2014. Le moyen de pression utilisée par la FHP pour prévenir une baisse des tarifs n’a donc pas l’effet escompté.

La FNESI reconnaît, de son côté “les efforts réalisés afin que les étudiants infirmiers puissent aller en stage dès le 1er mars. Toutefois aucune garantie n’a pu être donnée quant à la qualité de l’enseignement et de l’encadrement” indique la fédération étudiante qui craint que cette soudaine surcharge ne dégrade l’accueil et l’encadrement des stagiaires.

La Fédération étudiante fait une lecture politique de la crise actuelle, “la résultante d’un conflit politique entre la gauche et la droite dont les étudiants infirmiers sont les victimes”, et constate que la FHP “amie du précédent gouvernement, sacrifie les étudiants”.

Baisse des tarifs pour les cliniques

Malgré cette fronde des cliniques qui refusent d’accueillir les étudiants infirmiers en stage, le ministère de la Santé a décidé de baisser leurs tarifs en 2014, tandis que ceux des hôpitaux vont rester stables.

Fixés chaque année par le gouvernement, les nouveaux tarifs entrent en vigueur samedi 1er mars. Les tarifs des cliniques privées vont ainsi baisser de 0,24% en 2014 (-0,21% en 2013) et ceux des hôpitaux vont se stabiliser après un recul de 0,84% en 2013. En prenant en compte le coefficient prudentiel qui vise à mettre en réserve une partie des crédits,  éventuellement dégelés en fin de campagne, les tarifs reculent de 0,35% pour les hôpitaux et de 0,59% dans le privé.

Marisol Touraine récupère ainsi au travers de la baisse des tarifs du privé une partie du Crédit d’impôt compétitivité (CICE) dont bénéficie les seules cliniques et qui leur permet d’être exonérés de charges à hauteur de 140 millions d’euros. Le ministère veut ainsi gommer une partie (un gros quart) de cet avantage fiscal par rapport au secteur public, en agissant sur les tarifs.

Cette campagne tarifaire “s’inscrit dans le cadre du redressement des comptes publics”, indique le ministère. Marisol Touraine qui qui table sur une hausse de l’activité de 2,8 % dans le public et de 2 % dans le privé, compte ainsi limiter l’augmentation des dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour 2014 à 2,3% pour les établissements de santé. Compte tenu de l’augmentation prévue de l’activité, les crédits supplémentaires représentent 1,7 milliard d’euros, a fait valoir le ministère.

La FHF satisfaite, la FHP “brimée”

“On continue notre résistance pour montrer notre ras-le-bol”, a réagi auprès de l’AFP Lamine Gharbi, l’un des responsables de la FHP qui estime que les que les cliniques sont “sous le feu dogmatique du ministère contre le secteur privé”. “En vingt ans, six cents cliniques privées ont fermé”, rappelle Lamine Gharbi.

De son côté, Jean-Loup Durousset, président de la fédération, estime que le gouvernement actuel marque ainsi sa “volonté d’accompagner un secteur et de brimer un autre”. La liste des brimades comprend, outre le tour du passe-passe du ministère sur le crédit d’impôt, l’arrêt de la convergence tarifaire (un rapprochement des tarifs du privé et du public), le report de la facturation individualisée pour les hôpitaux et prochainement la dégressivité tarifaire.

Cette dernière mesure, suspendu à l’avis du Conseil d’Etat consisterait à réduire les tarifs des établissements ayant dépassé un seuil d’activité. En revanche pour Gérard Vincent, président de la FHP (Fédération hospitalière de France), “la dégressivité tarifaire paraît logique, car à compter d’un certain nombre d’actes leur coût de production diminue”.

La FHP qui liste dans un communiqué les “inégalités de traitement”, rappelle que “les tarifs des cliniques et hôpitaux privés sont 22 % plus bas que ceux attribués à l’hôpital public “. La FHP estime en revanche que les tarifs “ne peuvent en aucun cas être les mêmes, car nous n’avons pas les mêmes missions, nous ne faisons pas les mêmes actes. Nous recevons beaucoup de personnes en difficulté, des cas sociaux mais aussi des personnes âgées. Les prendre en charge coûte plus cher, car elles sont hospitalisées plus longtemps”.

Autre motif de grogne pour le privé : la hausse de 2,3 % de la dotation des MIGAG (missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation) qui bénéficie pour 99 % au secteur public.  

La bagarre entre les deux frères ennemis, la FHF et la FHP, ne fait que s’amplifier.

Cyrienne Clerc