En détail : la recette 2015 de Marisol Touraine pour l’hôpital

En détail : la recette 2015 de Marisol Touraine pour l’hôpital

La hausse des dépenses ne devra pas dépasser 2,1 % l’an prochain, annonce la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, dans une interview au quotidien Les Échos mise en ligne le 24 avril. L’hôpital devra booster l’ambulatoire, traquer les actes inutiles,…

En détail : la recette 2015 de Marisol Touraine pour l'hôpital“C’est un effort sans précédent”, a précisé Marisol Touraine en en annonçant les chiffres de la diète : “Dès 2015, la progression des dépenses sera limitée à 2,1?%. Les dépenses vont donc continuer à augmenter, mais moins vite. Les dépenses progresseront ensuite de 2?% en 2016 puis de 1,9?% en 2017”.

C’est donc un peu plus que la hausse de 1,75  % pronostiquée par notre confrère Le Parisien. Mais beaucoup moins que les ONDAM (objectifs nationaux des dépenses d’assurance-maladie) précédents : une hausse de 2,7 % votée pour l’année en cours (2,4 % prévue au final), 2,5 % en 2012, 2,9 % en 2011 et 3 % en 2010…

Une diète prescrite dans le cadre des 10 milliards d’euros d’économies prévues pour la santé dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité.

Est ce réaliste ? “Oui, répond la ministre de la Santé aux Echos, (…) Si nous voulons préserver notre modèle envié dans le monde, le statu quo est impossible. Nous devons faire le pari de l’innovation, relever les défis du vieillissement ainsi que les ­contraintes financières.”

La recette ? Réorganiser “le système de soins pour le rendre plus efficace et donc moins coûteux. Et de fait, le déficit de l’assurance-maladie s’est réduit de 30?%. Mon objectif est que notre système soit plus simple, plus proche et mieux organisé”.

Mutualiser les achats et éliminer les actes inutiles

A côté du poste médicament qui devra économiser un milliard d’euros l’an prochain (3,5 milliards en trois ans) grâce à une baisse du prix des médicaments et au développement des génériques – “le gouvernement souhaite que les génériques représentent un quart du marché français en 2017” -, l’hôpital sera mis à contribution, à hauteur de 2 milliards d’euros.

Les hôpitaux publics “devront en particulier mieux gérer et mutualiser leurs achats”, affirme la ministre des Affaires Sociales et de la Santé. “Il n’est pas normal que deux établissements distants de seulement quelques kilomètres aient deux systèmes informatiques différents ou aient recours à deux blanchisseries”, explique-t-elle.

Des mesures seront aussi prises “pour résorber le recours excessif aux médecins intérimaires, qui coûtent trop cher aux établissements publics”.

Des économies à hauteur de 2,5 milliards d’euros sont également attendues, d’ici à 2017, en évitant “les actes inutiles ou redondants et la consommation de médicaments inadaptée”. Ainsi, “il n’est pas rare que des radios ou des analyses médicales soient faites deux fois. Des mesures seront prises pour y remédier”, assure la ministre.

“Autre exemple, ajoute-t-elle, dans certaines régions, plus de 90?% de patients diabétiques s’injectent eux-mêmes leur insuline. Dans d’autres, ils ne sont que 50?%, c’est la preuve que des marges existent”.

Une opération sur deux en ambulatoire

Et surtout, Marisol Touraine compte sur le développement de la chirurgie ambulatoire : “les séjours hospitaliers doivent être moins fréquents et moins longs. C’est pourquoi je veux doubler le rythme de croissance de la chirurgie ambulatoire, qui permet aux patients d’être soignés dans la journée, sans passer la nuit à l’hôpital quand ce n’est pas justifié”.

“Dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée en ambulatoire?! Des objectifs seront fixés par région et par pathologie. Pour l’opération de la cataracte, on peut tendre vers les 100?%. Dans chaque région, des programmes seront mis en œuvre pour accompagner les sorties d’hospitalisation, ce qui permettra de réduire la durée des séjours”, ajoute la ministre de la Santé qui table ainsi sur un milliard d’économies.

Invitée d’Europe 1 le même jour, Marisol Touraine avait assuré :“L’ambulatoire n’est pas une baguette magique, mais il faut la développer. Cela permet de faire des économies. Beaucoup de gens n’ont aussi pas envie de rester trop longtemps à l’hôpital. Lorsque vous avez été opéré et que vous rentrez chez vous, c’est plus agréable et plus confortable”.

Cyrienne Clerc