Rassemblement du 30 mars : les infirmiers toujours mobilisés

A Paris, les manifestants étaient aussi nombreux que lors de la mobilisation du 11 mars. Infirmiers anesthésistes, majoritaires dans le mouvement, et IDE n’ont pas défilé ensemble.

Rassemblement du 30 mars : les infirmiers toujours mobilisés

Sitting des IADE devant l'Assemblée Nationale - A.Puccini

Les infirmiers n’ont pas lâché prise. Trois semaines après leur premier rassemblement, le 11 mars dernier, contre le protocole d’accord signé entre le ministère de la Santé et le Syndicat national des cadres hospitaliers, ils ont remis ça hier, devant l’Assemblée nationale et la Tour Montparnasse à Paris. Au total, ce sont quelque 1500 manifestants, dont une très grande majorité d’IADE (Infirmiers Anesthésistes Diplômés d’Etat), qui sont venus de toute la France protester contre l’article 30 de la loi sur la rénovation du dialogue social. Ils réclament le maintien de la reconnaissance de la pénibilité de la profession, et du départ en retraite à 55 ans.

Dans les rangs, surtout des IADE qui donnent de la voix, comme Agnès Moreau, originaire de Lyon, venue réclamer une revalorisation de son diplôme en Master 2 (actuellement assimilé à une licence malgré 5 années d’études). « Vous rendez-vous compte qu’avec 22 ans d’expérience, je ne touche que 2600 € bruts par mois, à Bac +5 ! s’indigne-t-elle. On travaille les week-ends, la nuit, les dimanches et on veut nous mettre en catégorie sédentaire (qui impose un départ à la retraite à 60 ans, NDLR) pour quelques euros supplémentaires ? » Et d’ajouter, en plissant l’œil : « La vraie raison de tout ça, c’est que personne ne veut prendre le relais. Dans 5 ans, 40% des infirmiers prendront leur retraite. Alors, on nous retient jusqu’à 60 ans. »

Un peu plus loin, Louis, Ortiz et Stéphane, étudiants IADE à la Pitié Salpetrière s’inquiètent de leur avenir, et surtout de celui de leur diplôme : « Il n’y a que deux options : soit il est reconnu en master 2, soit il disparaît », analyse Stéphane. Ortiz croit voir venir le coup : «  En France, ils veulent faire disparaître la spécialité IADE en formant à la va-vite des IDE. Mais soyons réalistes, en salle de réveil les IADE sont souvent seuls et doivent prendre des initiatives sans prescription médicale. »

Midi sonne, les appétits s’ouvrent tandis que les champs opératoires se déplient pour accueillir les pique-nique. Ambiance goguenarde au nez et à la barbe des CRS. Pâté de campagne et verres de rouge au pied du Palais Bourbon. Mais coup du sort, ou presque : les débats à l’assemblée sur le texte ont été repoussés d’une semaine, annonce la délégation reçue par le groupe parlementaire communiste et républicain. « On assiste à un passage en force du ministère, commente Sylvie Breuil, secrétaire générale UFMICT-CGT. Le ministère repousse au plus tard les discussions autour de ce texte. Pourtant, il y a déjà 5000 amendements déposés rien que sur l’article 30. » L’annonce n’a été entendue que de quelques manifestants : la majorité d’entre eux courent déjà les rues du 7ème arrondissement tantôt sur le Pont des arts, tantôt devant le siège du Parti socialiste, malgré les vociférations du camion sono des syndicats.

Le cortège d’IDE venu de Montparnasse attendu à 14 heures à deux pas du Palais ne viendra pas. Il a préféré faire halte rue de Solférino. Difficile de réunir les troupes. Les syndicats ne sont pas parvenus à s’entendre pour une manifestation commune, entre IDE (minoritaires dans le mouvement) et IADE. Lors de l’assemblée générale du mouvement à Toulouse, certains participants ont évoqué la création d’une coordination dédiée aux infirmiers anesthésistes, indépendante des syndicats. « Nous craignons être noyés dans la masse, explique Maxime Darde, responsable du site Laryngo.com et IADE participant au mouvement toulousain. On ne pèse pas très lourd (dans l’ensemble de la profession, NDLR). » Autre motif qui explique la minorité d’IDE : les assignations abusives les jours de mobilisations. Un nouveau rassemblement national est prévu le 7 mai à Paris. Les syndicats appellent à l’unité.

Ariane Puccini

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Réactions

5 réponses pour “Rassemblement du 30 mars : les infirmiers toujours mobilisés”

  1. scalpel dit :

    Une bien modeste mobilisation au regard des enjeux conséquents pour 500 000 praticiens…. soit 1,9% de la population active française.
    Malheureusement, ça, nous ne l’avons toujours pas compris.
    Bravo à ceux qui ont bougé en tous cas.

  2. C. dit :

    Bonjour,
    En premier lieu je tiens à remercier « IADE78 » (désolée il n’y a pas d’autres noms;-))
    Effectivement ce n’est pas en divisant une profession et en faisant du corporatisme que nous y arriverons!
    IDE un jour IDE toujours, même si une spécialité est faite ensuite, ça n’empêche qu’à la base cher IADE vous êtes IDE (sans cette formation d’IDE vous n’auriez pas pu devenir IADE)
    Certes, vous êtes les oubliés de la reforme mais il vous suffit d’ouvrir les yeux pour voir que cette reforme n’est que du « foutage de gueule » à croire que l’Etat s’en sert pour diviser la profession sachant qu’il y a toujours eu rejet des IDE par les IADE ( c’est bien connu malheureusement t j’ai pu en faire les frais le 30 mars lors de la manif)!
    Il est vrai que vous faites 2 années d’études assez complexes mais ne dénigrez pas pour autant vos collègues les IDE parce que c’est un peu comme renier ses propres origines! Je ne pense pas que ces conflits nous servent bien au contraire…
    Maintenant pour en revenir aux grèves de ces derniers jours, il y a eu une très mauvaise organisation des syndicats, pour ne pas dire lamentable … Le point de RDV de la grève était « Mont-parnasse » , quand je suis arrivée sur place une assez grande mobilisation ! Les grévistes arrivaient assez nombreux! Puis en me renseignant sur le site »actusoin » j’apprends qu’un sitting est organisé devant l’assemblée nationale, alors que les syndicats présent à Mont-parnasse menaient leurs troupes au ministère! Si ça ce n’est pas diviser le corps INFIRMIER… Ceci étant, peut être, était ce un choix des syndicats IADE de ne pas avoir les IDE dans leur troupe… Peut être que les syndicats ne s’entendent pas et si tel est le cas ils ne nous servent pas… Peut être pour cette raison que le syndicat national des IADE etait le grand absent… Peut être que c’est pour toutes ces raisons de désorganisations que beaucoup d’IDE n’ont pas bougé! Peut être qu’il y a trop de choses à comprendre et gérer : l’Ordre, les retraites, les salaires, les conditions de travail, la reconnaissance de nos études sont des points plus qu’importants, c’est certain, mais comme vous le savez on nous demande toujours plus de rendement, toujours plus de travail sans aucun moyen de se ressourcer!
    Trouvons plutôt un moyen d’expliquer à nos collègues IDE clairement ce qu’il se passe et surtout qu’ensemble et unis on peut faire changer les choses…
    Cordialement
    Une IDE du 77

  3. Iade 78 dit :

    je ne pense pas qu’il faille opposer IADe et IDE, ou bien IADE et MAR, même si pour certains la tentations est grande.
    j’ai la chance de travailler dans un service où le chef de service est avec nous et a bien compris l’importance de notre mobilisation. en effet beaucoup de MAr n’ont pas encore compris qu’ils étaient eux aussi dans le viseur dans quelques temps. n’oublions pas qu’avec la stricte application de la T2A, les anesthésistes ne sont que des prestataires de services… les seuls pourvoyeurs d’activité sont les chirurgiens….
    un articles récent dans le journal du SNPHAR E, montre bien qu’un grand nombre de MAR n’ont rien compris. Ils imaginent que l’on veut prendre une partie des actes d’anesthésie (ALR, Rachi). l’auteur nous explique que la sécurité repose sur le MAR seul garant, et nous renvoie à un rôle de grouillot à disposition, argumentant sa brillante démonstration à grand renfort de « background médical » . Mais pour les IADE, le rôle et les connaissances de chacun sont clairement définis. Nous ne sommes pas des Médecins, mais pour autant nous avons suivi une formation complète, exigeante, et surtout délivré par des MAR… En étant un peu rapide et provocateur, j’en conclus que ce MAR juge la qualité de l’enseignement de ses confrères comme plutôt « légère »…
    Enfin, IADE depuis 7 ans, je suis toujours surpris par la brusque et soudaine montée en puissance de nos connaissances et de notre capacité a pouvoir gérer et prendre de initiatives dans certaines circonstances : congrès, présence d’un labo avec « petit dej », repas, staff ou autres réunions….

    bref j’arrête là car je ne suis vraiment pas adepte de ce genre de conflit, mais de grâce, que certains de nos collègues cessent de vouloir stigmatiser une catégorie particulière : nous sommes tous dans le même bateau à plus ou moins longue écheance

  4. Heartbeat dit :

    « Les infirmiers anesthésistes toujours mobilisés » devrait être le titre de l’article. Les infirmiers ne l’ont jamais été (ils étaient 50 IDE sur 490.000 (!!!) le 11 mars 2010 et pas plus le 30 mars 2010…. Tandis que les IADE étaient à plus de 80% gréviste sur le plan national à chaque manifestation et entre 15 et 20% de la profession entière (soit 7500 IADE) mobilisés sur Paris. Merci de reconnaitre ces faits.

    • Florent dit :

      En même temps, pour une fois on peut lire: « Au total, ce sont quelque 1500 manifestants, dont une très grande majorité d’IADE (Infirmiers Anesthésistes Diplômés d’Etat), qui sont venus de toute la France »
      De plus la vidéo parle exclusivement des IADE…

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