Décès de 13 femmes en Inde après une stérilisation : des conditions d’hygiène déplorables

Un rapport d'inspection sur la mort de 13 femmes des suites d'une opération de stérilisation a révélé des conditions d'hygiène déplorables, selon l'AFP. Le chirurgien ayant utilisé les mêmes gants et les mêmes aiguilles pour toutes les interventions.

Salle de radiologie du centre de soins de Fathegrah © Juliette Robert

Salle de radiologie du centre de soins de Fathegrah © Juliette Robert

Ces femmes sont décédées après une intervention chirurgicale organisée début novembre dans le cadre d'un programme public de stérilisation de masse dans l'Etat du Chhattisgarh (centre).

Des dizaines d'autres femmes ont été hospitalisées à la suite de ces opérations vivement critiquées par les ONG. Les autorités ont dans un premier temps mis en cause la qualité des médicaments utilisés après les opérations, indiquant qu'ils contenaient un composé chimique se trouvant dans la mort au rat.

Vomissements et baisse de pression sanguine

Mais une inspection conduite par une équipe indépendante de professionnels de quatre organisations de santé publique, révélé le 2 décembre, montre que le chirurgien et son équipe ont opéré les 83 femmes sans précautions d'hygiène et que certaines sont probablement mortes d'une infection.

«Aucun membre de l'équipe n'a changé ses gants entre les interventions. Une seule aiguille et seringue d'injection et une même aiguille de suture ont été utilisés pour toutes les opérations», selon le rapport consulté par l'AFP. «Aucune n'a été stérilisée et aucune nouvelle aiguille n'a été utilisée», poursuit ce rapport.

Les victimes ont commencé à vomir et à souffrir d'une baisse de la pression sanguine peu après l'opération.

La stérilisation est l'une des méthodes les plus répandues de planning familial en Inde, où nombre d'États organisent des stérilisations de masse visant généralement les femmes des zones rurales souvent très mal informées, selon les ONG.

Les femmes stérilisées ont été forcées de se coucher sur des matelas à même le sol après avoir été opérées, une intervention qui n'a duré que 90 minutes pour les 83 femmes.

Une minute par opération

«Un total de 83 femmes ont été opérées en environ une heure et demi, soit environ une minute à une minute 30 par opération», selon le rapport.

Elles ont ensuite rapidement été renvoyées chez elles et n'ont reçu aucun soin post-opératoire. Dans les jours ayant suivi l'opération, le chirurgien a été arrêté. Il dément toute négligence et estime qu'il sert de bouc-émissaire. La police a également arrêté le propriétaire d'un laboratoire pharmaceutique local et son fils.

Selon le rapport, un entretien avec le médecin qui a conduit les autopsies sur les corps de sept femmes suggère que les décès ont pu être causés par une «infection ayant conduit à une septicémie».

Poonam Muttreja, directeur de Population Foundation of India, organisation ayant contribué au rapport, a souligné que les autorités avaient complètement négligé l'information et la prise en charge des femmes opérées.

«Aucune femme n'a été informée de la procédure, de ce qu'elles subiraient et des possibles effets secondaires», a-t-il dit à l'AFP.

Ce rapport d'inspection est distinct de l'enquête judiciaire toujours en cours.

Source AFP

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