Infirmiers et nouvelles technologiques : « le nerf de la guerre, c’est l’argent ! »

Les infirmiers sont-ils encore innovants dans le domaine des nouvelles technologies et du numérique ? D’après Nicolas Schinkel, infirmier libéral franc-comtois et spécialiste de ces questions, il semblerait que oui, même si le frein financier essouffle la dynamique. Interview.

©DR Nicolas Schinkel

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Nicolas Schinkel

Y a-t-il toujours des projets en développement dans le domaine des nouvelles technologies et du numérique ou est-ce un secteur qui stagne ?

Un peu des deux. Il y a deux-trois ans, en Franche-Comté, nous étions les premiers à nous investir notamment dans le domaine de la télémédecine pour les plaies et cicatrisations. Et nous travaillons encore sur les nouvelles technologies.

Nous essayons par exemple de faire évoluer les logiciels de gestion de cabinet avec les téléphones, les tablettes. Mais il y a de vrais problèmes financiers dans ce domaine et nous n’avons pas des moyens d’action aussi important que d’autres professions comme les médecins par exemple qui ont un Ordre qui produit des livres blancs notamment sur la e-santé et ont un lobby important au Parlement.

L’infirmier libéral Dominique Jakovenko a lancé un projet très intéressant dans le domaine de l’éducation thérapeutique. Mais j’ai du mal à percevoir un avenir pérenne pour ce type de projets car pas un seul centime n’est accordé à l’éducation thérapeutique en dehors des maisons de santé pluriprofessionnelles.

Et c’est la même chose pour le domaine des plaies chroniques. Actuellement, nous travaillons bénévolement dans ce domaine. Il faut continuellement se battre pour avoir de l’argent et je ne suis pas toujours sûr que les fonds aillent au bon endroit.

Nous avions demandé à l’ancienne directrice de notre Agence régionale de santé (ARS) à qui étaient attribués les fonds, comme ceux du Fonds d’intervention régional (FIR), et nous n’avons jamais obtenu de réponse. Le nerf de la guerre, c’est l’argent. De nombreux collègues veulent s’investir mais nous manquons de moyens

Il n’y a donc pas de manque d’intérêt de la profession ?

Non, absolument pas. Le problème, c’est l’argent ! Mais les infirmiers sont toujours preneurs d’innovations ne seraient-ce pour les objets connectés ou encore le dossier de soins infirmier ! Cette demande a été faite en 2007 par la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Mais sans argent, on ne peut pas le mettre en place. Et puis, il ne faut pas oublier que nous, infirmiers, nous sommes nouveaux dans ce paysage.

Avant, il n’y avait que les URML. Les URPS sont encore très jeunes. C’est difficile pour nous, de nous faire respecter et de nous faire entendre. Et forcément, à force de demander des financements et de multiplier les réunions, on s’essouffle. Surtout lorsqu’on travaille beaucoup et qu’on voit que nos projets ne vont pas plus loin que l’expérimentation.

Vers quoi faudrait-il s'orienter dans ce domaine ?

Vers tout ce qui concerne la surveillance à distance des pathologies chroniques. Il faudrait rendre possible la transmission des données patients aux médecins, via les smart phones, et faire en sorte qu’elles soient intégrées dans le DMP dossier médical partagé, non pas sous forme de données chiffrées mais de courbes.

On gagnerait un temps fou, notamment pour l’interprétation des diagnostics. Idem pour les dialyses péritonéales : il faudrait rendre systématiques les relevés sur la machine des patients. Avec le wifi et le Bluetooth, toutes les données pourraient être rentrées dans le dossier patient sans avoir à les réécrire et prendre le risque de commettre des erreurs. Je reste optimiste pour les innovations, car on ne pourra pas faire autrement.

Propos recueillis par Laure Martin

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