Depuis le premier vaccin contre la variole développé par Edward Jenner en 1796, d’importantes avancées ont été réalisées au fil des siècles, avec l’introduction de vaccins prévenant de nombreuses maladies majeures. Ces progrès ont connu un point culminant avec le développement rapide de vaccins contre la Covid au XXIe siècle.
Cet article a été publié dans le n°50 d’ActuSoins magazine (septembre-octobre-novembre 2023).
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Pourtant, en dépit de ces avancées, les populations ne sont pas toujours bien sensibilisées au bien-fondé de la vaccination. Dans certains pays, dont la France, la défiance prend même de l’ampleur (voir encadré). Certains objectifs de couverture vaccinale recommandés par l’Organisation mondiale de la santé peinent encore à être atteints.
À titre d’exemple, en France, le taux de 95% pour deux doses du vaccin contre la rougeole – obligatoire chez les nourrissons depuis 2018 – , n’est toujours pas atteint. Les groupes les moins vaccinés contre cette maladie, sont les adolescents, les jeunes adultes et les populations éloignées du système de santé. Conséquences ? Des flambées, peuvent encore se produire, avec leurs lots de complications plus ou moins graves (neurologiques, hépatiques, infectieuses…).
Vaccination : entre méfiance et défiance
La méfiance envers la vaccination s’est amplifiée au fil des années, souvent alimentée par la désinformation sur les réseaux sociaux et des études frauduleuses, comme celle, infondée, établissant un lien entre la vaccination ou l’autisme. De rares incidents associés aux vaccins ont renforcé ce sentiment, tandis que la crise du Covid a suscité des inquiétudes vis-à-vis des vaccins très rapidement développés. L’incompréhension scientifique, associée à une défiance institutionnelle, a accentué la réticence générale.
Vaccination : éducation
L’infirmier, autorisé à prescrire et/ou à administrer (selon différentes modalités réglementaires, dont l’âge, voir encadré), se heurte parfois à ce genre de réticences. Son rôle de prévention et d’éducation est essentiel dans ce contexte.
En PMI, par exemple, certains parents expriment des craintes quant aux effets indésirables potentiels à court, moyen et/ou long terme. L’écoute, suivie d’une l’information adéquate sont des clés pour apaiser les peurs : en transmettant des messages éducatifs clairs et efficaces, les doutes peuvent être surmontés. Convaincre implique aussi d’aborder la question avec empathie, pédagogie et patience. Il s’agit de délivrer des informations claires, précises et factuelles, en s’appuyant, par exemple, sur des sources fiables comme celles de l’OMS. L’information peut aussi être personnalisée, en soulignant les bénéfices directs pour l’enfant et en se concentrant sur sa situation particulière. Elle peut aussi être généralisée en présentant l’idée d’immunité collective. Ainsi, l’infirmier met en avant que la vaccination ne protège pas uniquement l’enfant en question, mais également la communauté, notamment les personnes les plus vulnérables comme les nourrissons (parfois les frères et sœurs donc), les personnes âgées (les grands-parents) ou celles dont le système immunitaire est affaibli.
Face aux idées reçues, l’infirmier peut enfin démystifier : les liens supposés entre vaccination et effets indésirables graves (comme l’autisme ou le cancer) s’avèrent erronés et issus de publications frauduleuses, comme l’attestent de nombreuses études.
Pour la vaccination des adultes (effectuée par les infirmiers libéraux notamment) les soignants peuvent utiliser les mêmes arguments, avec, comme fil rouge toujours, l’écoute attentive des patients. Leur rôle est aussi d’informer sur les âges de vaccination à l’âge adulte, moins connus que celles pour les enfants.
Une activité réglementée
D’après le Code de la santé publique, la vaccination est intégrée dans les missions des infirmiers. Depuis le 10 août 2023*, ces professionnels peuvent prescrire l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal – à l’exception des vaccins atténués chez les personnes immunodéprimées – à certaines conditions. Ils sont également autorisés à administrer ces vaccins aux personnes de 11 ans et plus. Pour l’administration de ces mêmes vaccins chez des enfants plus jeunes, une prescription médicale sera nécessaire.
Vaccination : préparation
Une fois le parent ou le patient rassuré, l’infirmier est en mesure de prescrire (dans certains cas, voir encadré) et d’administrer le vaccin.
La gestion de la douleur, ou de l’appréhension de celle-ci (notamment chez l’enfant) est une étape essentielle. Une crème ou un patch anesthésique peut être appliqué trente minutes à deux heures avant l’injection, selon le produit utilisé et le type de peau : l’absorption de certaines substances peut être légèrement réduite chez les personnes à peau foncée, qui ont généralement des niveaux plus élevés de mélanine, ce qui implique une durée d’application plus longue.
L’anxiété immédiate peut aussi être prise en charge. Pour les enfants, des techniques de distraction peuvent être employées. L’utilisation d’un « doudou », par exemple, offre un réconfort dans un environnement médical inconnu et potentiellement intimidant. Ce doudou peut servir de manière variée : simuler le processus de vaccination pour montrer à l’enfant ce à quoi s’attendre ou distraire et valoriser l’enfant en lui demandant d’expliquer à son doudou ce qui se passe par exemple.
D’autres distractions, comme des vidéos, dessins animés, musiques, bulles de savon, jeux…) peuvent également être employées.
Vaccination : injection
Avant l’injection, l’infirmier vérifie l’identité du patient, la présence d’allergies éventuelles, le site d’injection à la recherche de contre-indications (érythème, infection localisée), les antécédents du patient et le traitement médicamenteux en cours.
La prise d’anticoagulants ou la présence d’une pathologie affectant la coagulation, nécessite un avis médical éclairé avant l’acte en raison d’un risque d’hématome
- Le mode d’injection varie selon le type de vaccin.
Les vaccins inactivés (DTP, hépatite B…) sont des vaccins composés de micro-organismes (comme des virus ou des bactéries) qui ont été tuées ou inactivés. Ces micro-organismes, bien qu’inactifs, sont toujours reconnaissables par le système immunitaire, ce qui permet de déclencher une réponse immunitaire sans causer la maladie. Ces vaccins sont injectés par voie intramusculaire notamment parce qu’ils possèdent des adjuvants : l’administration IM permet en effet une meilleure interaction entre ces adjuvants et le système immunitaire.
Les vaccins vivants atténués (fièvre jaune, ROR…) contiennent des micro-organismes qui ont été affaiblis en laboratoire de façon à ne pas causer la maladie, tout en stimulant une réponse immunitaire protectrice. Ils sont très immunogènes : ils diffusent et réagissent très bien en sous-cutané. Ils sont donc injectés par voie sous-cutanée. Ils ne peuvent pas être administrés en présence d’une hyperthermie supérieure à 38°C, d’une prise de traitements immunosupresseurs, de corticoïdes ou de pathologies malignes en cours (être plus précis ? C’est à cause de la pathologie ou des traitements ?)
- Le site d’injection varie selon l’âge et la voie d’administration
L’injection intra-musculaire (pour les vaccins inactivés donc) dépend de l’âge :
Chez l’enfant, avant l’âge de la marche, le vaccin IM peut s’administrer dans la face antéro-latérale de la cuisse. L’aiguille est introduite perpendiculairement au plan cutané.
Chez l’enfant plus grand, l’adolescent et l’adulte, il s’administre dans le muscle deltoïde. L’aiguille est introduite perpendiculairement au plan cutané.
L’injection sous-cutanée (vaccins vivants atténués) se fait, pour tous, sur la zone du deltoïde, en pinçant la peau entre le pouce et l’index et en piquant avec l’aiguille inclinée à 45 degrés, la base du pli cutané ainsi formée.
Injection et traçabilité
Il y existe deux types de kits de vaccination : soit le vaccin est prêt à l’emploi soit il doit être reconstitué avec du sérum physiologique.
Après avoir enlevé le patch anesthésique, s’être soigneusement lavé les mains et mis des gants à usage unique, l’infirmier désinfecte le site d’injection. Il fixe ensuite l’aiguille fournie avec le vaccin à la seringue.
Il administre le produit, extrait l’aiguille et la dépose aussitôt dans le conteneur DASRI. Il applique un pansement. Les emballages, les compresses et les gants utilisés sont éliminés dans la poubelle.
La traçabilité du vaccin se fait dans le carnet de vaccination ou le carnet de santé. L’infirmier consigne la date d’administration, le nom du vaccin, le numéro de lot, la date du prochain rappel, ainsi que son nom et sa signature.
Pour conclure le soin, les patients (les parents pour les mineurs) sont informés des effets indésirables possibles et de la conduite à tenir.
HPV
La vaccination contre le Papillomavirus humain (HPV) est recommandée pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans car elle est particulièrement efficace quand elle est administrée avant l’exposition au virus.
Pour rappel, le HPV est un groupe de virus pouvant provoquer des verrues génitales et certains types de cancers : cancers du col de l’utérus, du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis, de la gorge, de la langue…
Les infirmiers ont leur rôle à jouer en matière de prévention, y compris auprès des jeunes garçons et de leurs parents : même si les filles sont les plus touchées, près de 25% des cancers liés au HPV affectent les hommes.
Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, la vaccination HPV est recommandée jusqu’à l’âge de 26 ans.
Vaccination : effets indésirables
Les vaccins peuvent provoquer des effets indésirables, généralement bénins et temporaires, tels que des rougeurs au site d’injection, des douleurs musculaires ou une fièvre légère. Cependant, des complications plus rares peuvent survenir (induration au niveau du point de ponction qui ne se dissipe pas, réactions allergiques), nécessitant une intervention médicale. Ces situations doivent faire l’objet d’une déclaration au centre de pharmacovigilance.
calendrier des vaccinations 2024
Élodie Vaz, infirmière
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