Le CHU de Toulouse s’est doté d’un outil de formation unique au monde, dédié à la médecine de catastrophe et aux moyens d’améliorer l’intervention sur le terrain. Ce centre baptisé SENS (Simulation environnementale et neuro-sensorielle) peut reproduire les conditions de prise en charge les plus extrêmes. Il s’adresse aux professionnels de santé, médicaux et paramédicaux, mais aussi aux pompiers, aux forces de l’ordre ou aux militaires.
Le Dôme de 150 m2 avec trois murs sur quatre couverts par un écran géant a des allures de salle de cinéma IMAX avec son haute-fidélité. Et l’immersion, on ne peut plus réaliste. Un régisseur, aux commandes, gère les ambiances. Il fait la pluie et le mauvais temps… Avec des vidéos, des bruits, des cris, l’odeur perturbante du sang, de la chair brûlée, la sensation du vent ou de la bruine, la nuit, la pénombre… des victimes simulées, grimées, maquillées avec du sang qui coule ou une fausse plaie au couteau… pas des mannequins et le matériel de soin de tous les jours…

« Cet outil inédit nous permet de recréer n’importe quel théâtre de catastrophe, n’importe quel environnement et d’y faire un travail d’équipe multidisciplinaire », résume Benoît Viault, médecin urgentiste du SAMU 31, CHU de Toulouse.
Le Dôme de 150 m2 avec trois murs sur quatre couverts par un écran géant a des allures de salle de cinéma IMAX avec son haute-fidélité. Et l’immersion, on ne peut plus réaliste. Un régisseur, aux commandes, gère les ambiances. Il fait la pluie et le mauvais temps… Avec des vidéos, des bruits, des cris, l’odeur perturbante du sang, de la chair brûlée, la sensation du vent ou de la bruine, la nuit, la pénombre… des victimes simulées, grimées, maquillées avec du sang qui coule ou une fausse plaie au couteau… pas des mannequins et le matériel de soin de tous les jours… « Cet outil inédit nous permet de recréer n’importe quel théâtre de catastrophe, n’importe quel environnement et d’y faire un travail d’équipe multidisciplinaire », résume Benoît Viault, médecin urgentiste du SAMU 31, CHU de Toulouse.

Cet article a été publié dans le n°54 d’ActuSoins magazine (septembre 2024).
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Milieux les plus hostiles
Climatiques, sensorielles ou émotionnelles, les conditions d’interventions sont vastes : une fusillade dans une salle de spectacle, une intervention en forêt à moins 5°C, une tempête tropicale, un tremblement de terre, une méga inondation, une fumée toxique qui se dissémine… « Nous devons pouvoir être prêts à tout, pour intervenir quel que soit le milieu, hostile voire isolé, comme une base scientifique en Antarctique ! » Le Covid est passé par là, la simulation peut donc tout aussi bien prendre l’allure d’une crise sanitaire à évolution rapide, avec afflux massif de victimes…
Le dispositif en place depuis fin avril s’adresse aux intervenants de première ligne dotés d’un cursus théorique, ou en formation continue, qui ont besoin d’une expertise plus poussée. « Nous ne sommes pas sur la pose des gestes, nous les mettons en condition pour travailler dans un environnement qu’ils ne connaissent pas », note Éric Marcou, ambulancier au SMUR 31 et à l’Établissement de santé de référence régional (ESRR), également formateur en Gestion de situations sanitaires exceptionnelles (SSE). « On voit comment se met en place un leadership et une organisation, comment se répartissent les tâches… » Les réactions et raisonnements individuels et collectifs y sont analysés.
Pas de panique !
« On peut voir comment un environnement hostile peut déstabiliser ou pas un membre de l’équipe, c’est ce qui rend cette simulation intéressante », complète Éloïse Ambroise,infirmière au Samu 31, formatrice AFGSU (Attestation de formation aux gestes et soins d’urgence) et Gestion SSE. « Elle permet toutefois d’échafauder des plans pour ne pas paniquer, c’est un bel outil. » Certains scénarios permettent aussi de faire comprendre à quel moment on a perdu pied, ce qui a déstabilisé. De verbaliser ce qui a choqué ou au contraire, ce qui a boosté. De trouver des solutions en s’appuyant sur l’équipe, avec l’idée de former des professionnels qui pourront être amenés à travailler ensemble.
Fabrique de scénarios

Le Centre ouvert depuis fin avril, n’a pas encore constitué de catalogue de formation, mais s’y emploie. Une première session, en avril, s’est adressée à des étudiants en médecine qui se spécialisent pour obtenir le DESMU (Diplôme d’études spécialisées de médecine d’urgence). La deuxième session en mai, a réuni une équipe multidisciplinaire constituée de médecins, d’infirmiers, d’ambulanciers et d’aides-soignants, qui se forment en vue d’un DU Médecine de catastrophe, que leur délivre le CHU de Toulouse.
« Nous intervenons sur tous types de publics et de nouveaux projets arrivent », rappelle Myriam Mayre. Les scénarios créés exprès pour les formations en simulation qui se mettent en place avec SENS, ont été axés sur des situations exceptionnelles telles qu’une fusillade, un mouvement de foule lors d’un concert ou dans une salle de spectacle, ou à l’occasion d’un événement sportif... « Des situations critiques au SAMU, nous en vivons tous les jours, mais des multi-victimes, beaucoup moins », fait observer Myriam Mayre. Cette IDE du SMUR, elle aussi formatrice AFGSU, experte en pédagogie, crée ses contenus de formation en association avec des experts du domaine.
Le Centre ouvert depuis fin avril, n’a pas encore constitué de catalogue de formation, mais s’y emploie. Une première session, en avril, s’est adressée à des étudiants en médecine qui se spécialisent pour obtenir le DESMU (Diplôme d’études spécialisées de médecine d’urgence). La deuxième session en mai, a réuni une équipe multidisciplinaire constituée de médecins, d’infirmiers, d’ambulanciers et d’aides-soignants, qui se forment en vue d’un DU Médecine de catastrophe, que leur délivre le CHU de Toulouse. « Nous intervenons sur tous types de publics et de nouveaux projets arrivent », rappelle Myriam Mayre. Les scénarios créés exprès pour les formations en simulation qui se mettent en place avec SENS, ont été axés sur des situations exceptionnelles telles qu’une fusillade, un mouvement de foule lors d’un concert ou dans une salle de spectacle, ou à l’occasion d’un événement sportif... « Des situations critiques au SAMU, nous en vivons tous les jours, mais des multi-victimes, beaucoup moins », fait observer Myriam Mayre. Cette IDE du SMUR, elle aussi formatrice AFGSU, experte en pédagogie, crée ses contenus de formation en association avec des experts du domaine.
Des formations ont été mises au point dans le cadre de SENS, comme la prise en charge des blessés de guerre, en multi-victimes. « Cette formation au damage control qui se fait avec l’école du Val-de-Grâce, va permettre d’appliquer des techniques de la médecine militaire dans le civil », indique le docteur Viault. « Beaucoup de techniques de la médecine de catastrophe ont été adoptées de cette médecine. » Les intervenants de SENS, eux, ont tous été formés. « Les militaires ont notamment, une expérience des victimes blessées par balle que nous avons moins à Toulouse », indique Myriam Mayre. « Il y a dix ans lorsque je faisais mes formations en simulation il n’y avait pas ce type de scénario », évoque l’experte. Les temps ont changé, les interventions ont évolué. « Aujourd’hui chaque semaine nous soignons des blessés par arme à feu ou par arme blanche. » Se former, s’entraîner pour être prêt, est devenu indispensable.
Les temps changent
L’infirmière enseignante a créé un contenu pour travailler sur les situations multivictimes dans le cadre d’une menace terroriste ou d’une catastrophe naturelle. « Aujourd’hui les scénarios que je crée c’est ça : le “multivictime” sur une fusillade ! » Cette formation à venir intéresse déjà des soignants ou professionnels de santé mais aussi les pompiers, la police, les militaires. « Beaucoup de demandes ont été faites après le congrès international de médecine d’urgence qui a eu lieu en avril dernier, à Toulouse. » Les infirmiers dont la formation initiale consacre un contenu minime aux catastrophes, ont naturellement accès à la formation par simulation comme proposée par SENS. « Ces enseignements présentent beaucoup d’intérêt pour nos infirmiers du SMUR, on les fait progresser en les plongeant dans des atmosphères qui les rapprochent de la réalité », note Éloïse Ambroise. Les soignants vont pouvoir se confronter aussi aux risques NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques). « On peut même aller plus loin, aborder tout ce qui touche au psycho-traumatisme, ouvrir à d’autres champs de la profession », observe Éric Marcou, l’ambulancier formateur.
Longue expertise toulousaine
C’est à Toulouse qu’est né le premier SAMU de France (1968). La ville a par la suite, vécu une série d’événements graves comme l’explosion d’AZF en 2001, ou les attentats terroristes de 2012. Ces crises ont permis à ses services de secours et de sécurité, et au territoire, de se forger une expertise reconnue de la catastrophe et des moyens d’y répondre. Le Samu31 fait de la simulation depuis 2010, et durant les vingt dernières années, une dizaine de congrès internationaux de médecine de catastrophe ont été́ organisés ici. Le CHU possède en outre un Institut toulousain de simulation en santé (Itsims,site de Purpan) avec une plateforme complète. En 2019, il a ouvert un Centre de réponse à la catastrophe (CRC) ”avant-gardiste”, destiné à former, préparer, gérer, axer la Recherche sur la gestion des crises sanitaires et des catastrophes. Il innovait aussi en 2021, avec son hôpital mobile tout-terrain puis en 2023 avec un centre de décontamination mobile avant d’inaugurer le centre de simulation SENS, projet qu’il a porté pendant cinq ans avec le SAMU 31 et divers partenaires.
Adrien RENAUD
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Cet article a été publié dans ActuSoins Magazine
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