La moitié des patients passe moins de deux heures aux urgences

La moitié des patients passe moins de deux heures aux urgences

La prise en charge aux urgences dure moins de deux heures pour la moitié des patients, hormis ceux placés en unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD), indique la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

La moitié des patients passe moins de deux heures aux urgencesCe travail mené sur une journée, le mardi 11 juin 2013 (de 8 heures à 8 heures le lendemain), actualise une enquête conduite en janvier 2002.

La Drees fait état d’un taux de réponse extrêmement élevé avec 734 points d’accueil inclus dans l’enquête sur les 736 recensés (99,7 %) en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer, pour les urgences générales et pédiatriques.

Ces résultats détaillent d’une part le temps de prise en charge et le mode de sortie des patients et d’autre part les raisons de la venue aux urgences, le mode d’arrivée et la provenance des patients détaillé dans un prochain article.

Sur la journée étudiée, 52 018 passages ont été enregistrés, avec huit patients sur 10 pris en charge dans le public, 13 % dans un établissement privé à but lucratif et 6 % dans un établissement privé à but non lucratif.

Il apparaît que 48% des patients qui ne sont pas passés par une UHCD sont restés moins de deux heures dans un service d’urgence, dont 19% moins d’une heure. La prise en charge aux urgences a duré de quatre à six heures pour 12,3% des patients, de six à huit heures pour 5,1% et a dépassé huit heures pour 4%.

Lors du congrès Urgences 2014, la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, avait évoqué ces résultats en observant qu’une prise en charge durant plus de quatre heures restait exceptionnelle (2 sur dix selon la Drees), ce qui avait provoqué un fort brouhaha dans l’assistance constituée de plusieurs centaines de professionnels de l’urgence.

Situation comparable à l’enquête de 2002

La Drees estime que les valeurs sont restées “comparables” avec celles de l’enquête de 2002, qui avait porté sur 3 000 patients non hospitalisés (55 % des patients disaient avoir passé moins de deux heures aux urgences et 20 % moins d’une heure).

Elle observe que la prise en charge des patients avec un diagnostic de lésion traumatique et empoisonnement est rapide car 90 % sont sortis en moins de quatre heures et 60 % en moins de deux heures. Plus de trois patients sur quatre avec des affections de l’appareil respiratoire, de la peau, des maladies du système ostéo-articulaire ou des maladies infectieuses et parasitaires sont restés moins de quatre heures.

La prise en charge est plus longue pour les patients présentant des malaises, fatigues, céphalées ou des symptômes digestifs, respiratoires ou circulatoires. Seulement 30% sortent en moins de deux heures car leur prise en charge comporte davantage d’actes différents (examens à visée diagnostique ou avis spécialisés).

Un quart des patients présentant des troubles mentaux liés à la consommation d’alcool (ou autres substances) demeurent une journée ou plus aux urgences.

S’agissant des patients pris en charge à la suite d’une maladie cérébrovasculaire, 30% ont passé plus de six heures aux urgences et 7 % moins d’une heure. “Ces derniers sont tous hospitalisés dans l’heure qui suit”, note la Drees en rappelant que la Haute autorité de santé (HAS) recommande de prendre en charge les accidents vasculaires cérébraux (AVC) dans des unités neurovasculaires (UNV) sans passer par les urgences.

“On peut supposer que la présence ou la proximité de telles unités prenant très rapidement les patients en charge influe sur les durées de présence dans les services d’urgences”.

Trois-quart des patients rentrent chez eux

L’enquête montre que 76 % des patients pris en charge aux urgences le 11 juin 2013 sont repartis à leur domicile, 20 % ont été hospitalisés, 2 % ont quitté les urgences sans attendre et 0,5 % sont partis contre l’avis médical.

“La part des patients hospitalisés est plus élevée quand le conseil final de se rendre aux urgences émane d’un médecin, du Samu ou des pompiers (30% versus 10% pour les patients venus de leur propre initiative)”, note la Drees. Elle remarque que les passages effectués entre minuit et 8 heures ne se sont pas distingués par une proportion d’hospitalisations plus élevée que ceux effectués en journée et en début de soirée.

S’agissant des 8% de patients ayant séjourné en UHCD, un diagnostic de lésions traumatiques ou de symptômes a été posé pour 42 % d’entre eux et de troubles mentaux (notamment du comportement liés à l’alcool) pour 10 %. Plus de la moitié (57 %) ont ensuite été hospitalisés (40 % en service de médecine, 7 % en chirurgie) et 39 % sont repartis chez eux.

Pour les 65 ans ou plus, 17 % des passages ont donné lieu à une hospitalisation en UHCD.

Enfin, pour les patients hospitalisés, 20% ont nécessité plus d’un appel de la part de l’équipe soignante pour trouver un lit ou une place, et le délai d’obtention d’un lit a excédé quatre heures pour 10 % d’entre eux.

Rédaction ActuSoins, avec APM

 Pour aller plus loin : l’étude de la Drees