“Les questions de QVT (qualité de vie au travail, ndlr), d’organisations de travail, de formations, de parcours professionnels ne sauraient, sous peine d’inefficacité, se dispenser d’un préalable essentiel : celui de l’augmentation significative des effectifs des Ehpad“, prévient la Cndepah.
Les ratios, entamés par un absentéisme globalement en hausse, “ont emmené un recentrage insatisfaisant du métier d’aide-soignant vers les soins de nursing“, explique-t-elle.
“Les AS déplorent une perte de sens, une course perpétuelle contre la montre, les privant de temps relationnel suffisant. Le métier d’AS est vécu comme potentielle source de frustration“.
Précarité d’un modèle
“Toutes les études, dont celles notamment de la DRESS, les enquêtes faites par les organisations syndicales, convergent et concluent à l’extrême précarité d’un modèle“, poursuit la Cnedpah.
Lourdeur physique du travail, pénibilité sur le plan psychologique, impact des plannings sur la vie privée : la Cndepah préconise une augmentation “indispensable” des effectifs, qui “doit s’accompagner” d’une réforme architecture des unités des Ehpad. “Ces unités ne doivent pas dépasser 20 lits, être sous la responsabilité d’un cadre intermédiaire de terrain”, affirme la Cnedpah.
“Les petites unités, au personnel soignant stable et dédié, sous l’animation d’un cadre de terrain (de type infirmier coordonnateur), constituent à la fois une réponse à la demande d’individualisation des usagers et de leurs familles, mais aussi concourent au sentiment d’appartenance du personnel, au renforcement de la solidarité professionnelle et donc à la limitation de l’absentéisme”.
La Cnedpah demande la mise en place d’un ratio de 1 AS pour 7 résidents le matin, soit globalement une augmentation de 42% par rapport aux effectifs actuels (1 pour 10 le matin).
Elle préconise aussi que les futures unités de 20 lits soient composées de 3 soignants, “majoritairement aides-soignants”, le matin, et de 2 soignants l’après-midi, tous les jours de la semaine, week-end compris.
Evolution de la formation et primes pour les AS
La conférence fait aussi des préconisations sur la formation des aides-soignants, estimant que les 140 heures de formation d’assistant de soins en gérontologie (ASG) “doivent constituer un module obligatoire complémentaire à la formation initiale pour tous les AS travaillant en gériatrie”, et que “la prime ASG doit être généralisée“.
“La formation Assistant de soins en gérontologie (ASG) amène incontestablement une amélioration constatée de la qualité d’accompagnement, dans tous ses aspects. Elle permet notamment d’adapter de manière sensible les pratiques professionnelles aux nouveaux profils de résidents accueillis, présentant très majoritairement des troubles cognitifs“, explique-t-elle.
La Cndepah souligne aussi une “hypocrisie” : “Il y a au sein des Ehpad autant de personnel AS que de personnel ASH, lesquels, par glissement indispensable de tâches, ont des missions souvent très proches de celles des AS“.
De plus, ces agents des services hospitaliers qualifiés (ASHQ) “sont historiquement majoritairement pris en charge par le tarif hébergement et donc par les usagers et leurs familles“. Ainsi, “sans que cette question n’ait jamais fait l’objet d’un véritable débat, les usagers se substituent à une sécurité sociale insuffisamment calibrée“.
La Cndepah appelle à une incitation organisée à la VAE (Validation des acquis de l’expérience des ASHQ qui ont cette “capacité à monter en niveau“, et “à enrichir le parcours professionnel des AS par la possibilité des valider des modules complémentaires facultatifs, permettant l’approfondissement des connaissances gériatriques, sur par exemple ” la nutrition, la prévention des chutes, la contention, les soins bucco-dentaires, la fin de vie, la douleur“.
“Ces modules complémentaires, outre le fait de dynamiser la profession par des perspectives organisées, pourraient emmener une valorisation indemnitaire, fût-elle limitée“, ajoute-t-elle.
Prévenir les risques professionnels
“Sans qu’aucune étude, en tous cas connue par la Cndepah, ne démontre une prévalence particulière des CLM/CLD chez les aides-soignants, il est en revanche clairement établi que le métier soignant est fortement touché par les accidents du travail“, affirme la conférence.
Elle propose de “réserver au sein des CPOM (contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens) une attention particulière, un développement particulier” sur la qualité de vie au travail, “en généralisant les audits qui doivent permettre d’identifier pour chaque établissement les criticités des risques, et donc de professionnaliser les documents uniques des établissements” et “en contractualisant ensuite l’organisation de la prévention, notamment en mettant en place une organisation mutualiste entre établissements (pas trop nombreux pour éviter le saupoudrage) visant à développer des actions de prévention.”
Il s’agirait aussi de contractualiser la généralisation des aides techniqiues, incluant leur maintenance et la formation à leur utilisation (lève-malades, verticalisateurs…) et de prendre en considération “le fait que nombreux sont les AS en fin de carrière qui présentent des troubles musculo-squelettiques, ou des aptitudes physiques diminuées : la valorisation des compétences, savoirs, expériences doit pouvoir être organisée dans les établissements, ce qui n’est actuellement que marginalement possible compte tenu des ratios actuels“.
Rédaction ActuSoins
Découvrez notre offre de formation spéciale IDE |
Healico : le partenaire privilégié pour le suivi des plaies des patients Trouvez facilement le traitement adapté à votre patient grâce au catalogue produits sur Healico ! Je télécharge Healico |
Soyez le premier à laisser un commentaire !