Médecins et infirmiers contre la vaccination par les pharmaciens

Médecins et infirmiers contre la vaccination par les pharmaciens

Les médecins ne décolèrent pas depuis que Marisol Touraine a proposé dans le projet de loi de santé d’autoriser les pharmaciens à vacciner. Les infirmières n’apprécient pas non plus.

Médecins et infirmiers contre la vaccination par les pharmaciens“Le grand troc ou l’art de déshabiller les infirmières pour rhabiller les pharmaciens. Ça suffit ! Jusqu’où Marisol Touraine osera-t-elle aller en matière de soins de ville ?  Sa seule solution de réforme est-elle d’opposer les professions de santé entre elles ?”, s’interroge Béatrice Galvan, présidente de l’ONSIL (Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux).

Les vaccinations anti-grippe sont aujourd’hui de deux types : Le premier, traditionnel, répond à une prescription médicale. La présence du médecin traitant dans le circuit est indispensable, y-compris dans les déserts médicaux”, rappelle-t-elle.

“Le second, précise-t-elle, réservé aux patients déjà vaccinés l’année précédente, ne fait intervenir que l’infirmière libérale, pour un montant de 6,30 euros. Nul besoin de la prescription du médecin, l’infirmière est seule responsable. Et ne parlons pas de déserts infirmiers, il n’y en a pas”.

Après la préparation de piluliers, les vaccins

“Merci donc aux pharmaciens de bien vouloir délivrer le vaccin, mais nul besoin pour eux de pratiquer l’injection. Après avoir vu naître pour eux la possibilité de réaliser de petits pansements, puis des surveillances de tension artérielle ou de glycémie digitale, des préparations de piluliers, ou encore du suivi des AVK, vont-ils s’exposer à un exercice illégal de la profession d’infirmière en faisant des piqûres ?”, interpelle Béatrice Galvan.

“Pourquoi est-ce que je propose ça ? Parce qu’il y a de moins en moins de gens qui se vaccinent”, a rétorqué le 20 octobre, la ministre sur i-Télé. “La couverture vaccinale baisse. Si vous prenez les bébés, ils sont vaccinés à presque 100%. Si vous prenez un vaccin contre la grippe, chez les plus de 65 ans (…) il y a un Français sur deux seulement qui se vaccine”, a détaillé Marisol Touraine.

Le syndicat Resilience n’est pas en reste : “Qui va faire le boulot du pharmacien ? Qui va vacciner si le pharmacien est occupé à faire son boulot et avec quelles formation/compétences ? Dans quel endroit/débarras le patient/client va t’il être vacciné ? “, demande-t-il.

S’agit-il vraiment d’économies, s’interroge également ce syndicat, alors que le chiffre de “10 € par vaccination pharmaceutique” circule (contre 6,30 euros dans un cabinet infirmier)* ?

*Le rappel de L’infirmière libérale.com :

L’Acte Médical Infirmier (AMI) peut être facturé de la façon suivante :

  • premier acte en entier,
  • deuxième acte moitié prix
  • troisième acte et au delà, non facturable

Lorsque une infirmière libérale intervient dans le cadre d’un forfait de soins ou que votre vaccin est dit « 3 ème acte ou plus », il ne peut pas être facturé (coût pour la CPAM = 0€). Si votre vaccin est le deuxième acte de l’infirmière, alors il est facturé AMI1/2 (coût pour la CPAM = 1,58 €). Si votre infirmière intervient spécifiquement et exclusivement pour votre vaccin, elle peut le facturer AMI1+MAU (coût pour la CPAM = 4,50 €). Comme pour toutes les règles, nous avons une exception, il s’agit du fameux vaccin contre la grippe saisonnière. Si c’est le médecin qui fait la prescription il comptera une « visite » prix pour la CPAM 23,00€. Si l’infirmier prescrit lui-même le VAG, il peut compter 3,15€ pour la prescription et 3,15€ pour l’acte soit AMI1 (coût pour la CPAM = 3,15 € ou 6,30 si on inclus la consultation).

Rédaction ActuSoins 

ONI : “l’acte infirmier par excellence”

(communiqué de presse) L’Ordre national des infirmiers rappelle que les infirmiers sont parfaitement formés et compétents pour effectuer toutes les vaccinations sur prescription médicale. De surcroît les infirmiers libéraux sont les professionnels de santé de premier recours les plus nombreux (près de 80 000) et les seuls quasiment à encore se rendre au domicile des patients et disposant de cabinets de soins adaptés.

Sur prescription médicale, les infirmiers sont déjà habilités à pratiquer les injections destinées aux vaccinations. C’est d’ailleurs ce qu’ils pratiquent quotidiennement. De surcroît, depuis 2008, les infirmiers vaccinent sans prescription médicale préalable les personnes fragiles contre la grippe, à l’exception de la primo-vaccination. Cette mesure de santé publique a ainsi permis la vaccination de près d’un million de personnes lors de la dernière campagne. Et si les pouvoirs publics reconnaissaient d’abord l’efficacité des infirmiers et envisageaient d’élargir les vaccinations sans prescription médicale ?

« L’ouverture depuis 2008 du droit pour les infirmiers de vacciner sans prescription médicale  a été une mesure très positive de santé publique. Elle a permis d’accroitre sensiblement la couverture vaccinale contre la grippe et de réduire la mortalité due à cette maladie chez des populations fragiles. De nombreux rapports ont démontré la nécessité d’augmenter la couverture vaccinale face à d’autres maladies. Il est temps d’élargir encore ce droit des infirmiers à vacciner sans prescription médicale. C’est d’ailleurs une préconisation forte du rapport de l’Inspection générale des finances sur les professions réglementées récemment publié, qui a appelé non seulement à élargir les catégories de personnes que les infirmiers pourront vacciner contre la grippe mais aussi à autoriser les infirmiers à pratiquer d’autres types de vaccination. L’Ordre national des infirmiers fait cette même préconisation depuis plusieurs années, » explique Didier Borniche, président de l’Ordre national des infirmiers.

 

SNIIL : “les infirmières formées et habilitées légalement à réaliser des injections”

(source : communiqué de presse du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux) Grâce à la formation reçue, mais aussi aux textes juridiques qui encadrent leur profession, les infirmières libérales ont, ainsi, même le droit de vacciner contre la grippe seules et en toute autonomie (c’est-à-dire sans médecin ni pharmacien derrière elles !) deux publics particulièrement fragiles : les personnes âgées de plus de 65 ans et celles atteintes de pathologies graves. C’est la preuve, qu’apparemment, l’Etat Français leur reconnaît une certaine compétence en la matière…

Fort de ce constat, le Sniil a donc, déjà, proposé au ministère de la Santé d’ajuster par décret ministériel l’article R4311-1 du Code de la Santé Publique : autrement dit d’élargir le droit infirmier à vacciner avec information du médecin traitant. Une idée qui, en fait, s’inspirait :

  • des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique
  • et de ce qui s’était passé dans d’autres pays (Québec, Etats-Unis…) où l’on assista, grâce à cette mesure, à un vrai renforcement de la couverture vaccinale de la population

Mais rien y fait : le ministère de la Santé reste arc-bouté sur son projet (déjà énoncé en avril 2013 !) de donner la vaccination aux pharmaciens. Et ce, alors que :

  • les infirmières libérales sont toujours, et de loin, les professionnels de santé les plus proches de la population française non seulement par leur nombre, mais aussi par leur répartition sur le territoire ;
  • les infirmières libérales sont déjà, à l’inverse des pharmaciens, formées et habilitées légalement à réaliser des injections et à en suivre les effets ;
  • les infirmières libérales sont autorisées depuis le 27 décembre 2013, à détenir et injecter sur simple prescription orale d’un médecin du Samu une ampoule d’adrénaline en cas de choc anaphylactique : ce qui limite, de fait, les risques pour la population ;
  • et, enfin, les infirmières libérales sont « économiques » (prix d’une injection réalisée en cabinet limité à 4,50€ ou 6,30€ selon les situations !).

 

La FNI lance une pétition

L’avis du Haut Conseil de la santé publique relatif à la politique vaccinale et la mouture du projet de loi relatif à la santé d’avril dernier avaient entretenu les espoirs de la profession quant à une vraie reconnaissance par les autorités publiques de ses compétences en matière de vaccination.

La publication du projet de loi visant à confier la vaccination aux pharmaciens et aux sages-femmes a eu l’effet d’une douche froide pour toutes les infirmières libérales.

« L’article 32 de ce projet de loi est ressenti comme l’expression d’un mépris sans précédent à l’encontre de notre profession. L’incompréhension des mesures annoncées n’a d’égale que la profonde colère qui agite la communauté infirmière. »

C’est en ces termes que la FNI a interpelé la Ministre de la Santé par lettre datée du 4 novembre 2014 annexée au présent communiqué, par laquelle, après avoir rappelé les résultats obtenus par les nombreux pays qui ont confié aux infirmières un rôle vaccinal, elle demande solennellement à Marisol Touraine « d’inscrire dans ce projet de loi les ajustements règlementaires qui permettraient également aux infirmières libérales de vacciner de manière protocolisée. »

La FNI met également en ligne une pétition pour que les patients qui le souhaitent puissent se faire vacciner par leur infirmière : Avec la vaccination par les infirmières, on protège la population toute entière

 

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54 réactions

  1. et les pharmaciens eux, n’ont rien demandé !!

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  2. Actuellement en retraite(ide secteur libéral) ,j’ai connu une aberration du même acabit .Interdiction aux IDE d’éxécuter des soins qui traversent la peau.IM IV etc….Il avait été dit que certains labos voulaient le monopole des prises de sang les temps ne changent pas tellement pour les conneries et le fric .Salutations

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