L’infirmier libéral, un acteur clef de la coordination

L’infirmier libéral, un acteur clef de la coordination

Pour sa première Matinale de l’année organisée le 16 janvier, l’Ordre national des infirmiers a mis l’accent sur la place des infirmiers dans la coordination des soins de proximité, une place confirmée par l’ensemble des acteurs.

L’infirmier, un acteur clef de la coordination

« La coordination des soins est un sujet prégnant, gage de qualité concernant la prise en charge des patients au bon moment, par les bonnes personnes », a rappelé Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers (Oni). L’organisation de cette coordination prend actuellement différentes formes, au premier rang desquelles, les Equipes de soins primaires (ESP) et les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

« Avec les CPTS, nous ne sommes pas sur un marché concurrentiel, a souligné le président de l’Oni. L’objectif est de permettre une bonne prise en charge des patients. Nous voulons donc fédérer la profession car les infirmières ne sont peut être pas assez téméraires sur ce sujet. Elles doivent s’en emparer. »

220 projets de CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé)

Cette coordination des soins de proximité est fondamentale à l’heure d’une transition épidémiologique vers les maladies chroniques et de l’augmentation du nombre de personnes âgées dans la demande de soins. « Ce nouveau besoin modifie les pratiques et l’organisation des soins autour de trois dimensions », a expliqué Michel Varroud-Vial, conseiller Soins primaires à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).

Tout d’abord concernant les savoirs et connaissances à appliquer par chaque profession puisque les techniques changent et cette modification de l’activité est importante. Par ailleurs, le système de soins est aujourd’hui davantage coordonné autour des ESP, des maisons de santé pluriprofessionnelles et des centres de santé. « Les CPTS sont à un deuxième niveau, il s’agit d’une opportunité et non d’une obligation, a-t-il rappelé. Les professionnels s’en sont saisis et cette année, environ 220 projets de CPTS sont en cours, soit une centaine de plus que l’année dernière. » Cette coordination de l’offre de soins doit donc être maillée. La troisième dimension repose sur l’organisation des parcours autour des nouveaux savoir-faire avec un nouveau partage des tâches entre le médecin et les auxiliaires médicaux dont les infirmiers.

L’accord cadre interprofessionnel (Acip), qui définit les grands principes d’organisation du système de santé avec les professionnels de santé, vise à ce que d’ici quelques années, plus aucun professionnels de santé n’exerce seul. « Cela ne veut pas dire que tous doivent être regroupés dans une MSP mais que des constellations de professionnels de santé se connaissant et échangeant ensemble, soient créées pour que tous exercent de manière coordonnée », a expliqué Delphine Champetier, directrice de l’offre de soins de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam). L’objectif est la recherche de la qualité, de la performance, et l’amélioration des conditions de travail.

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Objectifs territoriaux

Les Agences régionales de santé (ARS) sont sensibles aux enjeux de la coordination des soins. « Notre priorité est de donner du contenu et du sens, en évitant d’être prescriptif, a rappelé Yannick Le Guenn, directeur de la stratégie à l’ARS Ile-de-France. Ce sont les acteurs du soin eux-mêmes, qui doivent définir les populations sur lesquelles ils veulent travailler à titre prioritaire. Il faut réfléchir aux enjeux de territoire pour les améliorer. » En Ile-de-France, deux priorités émergent en santé publique : les maladies cardio-métaboliques et la coordination ville-hôpital. L’ARS est quant à elle présente pour donner des marges de manœuvre aux acteurs et les financer en fonction de l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI).

Le financement des CPTS est d’ailleurs actuellement en cours de négociation. « A ce stade, nous sommes dans l’idée qu’il y aura des objectifs et des indicateurs à respecter, a fait savoir Delphine Champetier. C’est nécessaire afin de définir des orientations collectives et tenir les promesses pour lesquelles les acteurs s’engagent. »

L’implication des infirmiers libéraux

Deux infirmiers libéraux sont intervenus pour parler de leur investissement dans les structures permettant une action coordonnée entre les acteurs de santé. Thierry Péchey, infirmier libéral et président de l’ESP Dommartemont (Meurthe et Moselle) a expliqué que les professionnels de santé du territoire se sont fédérés en raison de l’augmentation du nombre de personnes âgées.

« Avec les Hospitalisations à domicile (HAD), les Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), les centres de santé, il était important pour nous, libéraux, d’être actifs, de montrer ce que nous faisons dans l’ombre, que nous pouvons travailler en interprofessionnalité », a-t-il soutenu. Aujourd’hui, l’ESP regroupe une trentaine de membres actifs. Quatre autres EPS ont vu le jour dans le secteur et ensemble, ils sont en train de monter une CPTS.

En Gironde, les professionnels de santé de Bergerac se sont regroupés en pôle de santé dès 2012 pour répondre à un problème de démographie médicale. « Dès le départ, nous étions quarante, et aujourd’hui, nous sommes 110 médecins, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, dentistes, pharmaciens, et médecins spécialisés, a rapporté Laetitia Carlier, infirmière libérale et présidente de la CPTS de Bergerac. Chacun garde sa localisation géographique, il s’agit juste d’une mise en réseau. » Le pôle est devenu CPTS avec la loi de 2016. Le premier intérêt de ce regroupement ? « Avoir appris à parler ensemble ! », a souligné l’infirmière.

Laure Martin

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