« Nous sommes déçus, scandalisés même. Il faut arrêter de se moquer de nous », s’indigne Julie Devictor, membre du bureau de l’UNIPA (Union nationale des infirmiers en pratique avancée).
L’infirmière, qui fait partie des 62 premiers IPA diplômés en pratique avancée en France, est décontenancée. « Avec la grille indiciaire proposée dans le projet de décret, je ne devrais gagner que 40 euros de plus que lorsque j’étais infirmière. Et il faut dire que je me situe parmi les plus chanceux : mes collègues qui appartenaient déjà à la catégorie A, eux, ne percevront que quelques euros supplémentaires », indique-t-elle.
La rémunération indiciaire des IPA dans la fonction publique hospitalière (hors primes et indemnités donc), devrait s’échelonner entre 2057 euros brut et 3383 euros brut, selon des calculs reposant sur deux projets de décrets en cours.
Un premier échelon « trop bas »
Julie Devictor y voit plusieurs incohérences. D’une part, le premier échelon commence « trop bas », explique-t-elle.
« La formation menant au DE IPA Infirmier en Pratique Avancée est lourde. Elle demande beaucoup de sacrifices financiers et personnels. Une fois diplômés, nous sommes titulaires d’un bac+5. Nous travaillons en totale autonomie et sommes entièrement responsables du suivi de nos patients », rappelle-t-elle, s’autorisant deux comparaisons.
« Dans les autres pays, les infirmières obtiennent une revalorisation salariale située entre 20 à 30% lorsqu’ils deviennent IPA. Ici, on va obtenir quelques euros ou dizaines d’euros seulement. Par ailleurs, en France, le salaire médian d’un bac + 5 à la sortie d’un master 2, se situe autour de 30 000 euros brut annuel. Nous serons à 24 500 euros environ. Cherchez l’erreur… »
Une rémunération prenant peu en compte l’expérience antérieure
D’autre part, les IPA devraient être classés en catégorie A, autour de deux grades : la classe normale et la classe supérieure. Le hic ? Les IPA tout juste diplômés commenceraient tous à l’échelon de la classe normale comportant un indice brut égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui dont ils bénéficiaient en qualité d’Infirmier.
Un des premiers échelons pour ce nouveau corps de métier donc. « Nous avons tous une solide expérience en qualité d’Infirmière et donc déjà un certain âge. Certains n’accéderont donc jamais à la classe supérieure – et donc à une meilleure rémunération, ndlr – car il faut 8 ans pour passer d’une classe à l’autre. On ne peut pas construire nos grilles de la même façon que celles des autres professions de santé accessibles en formation initiale. Il faut prendre en compte notre passé d’infirmière », estime Julie Devictor.
Une évolution salariale lente et “insuffisante”
Enfin, l’évolution entre deux échelons serait « trop lente et insuffisante », précise Julie Devictor, en comparaison notamment avec celle des autres professions de santé. « Il faudrait se reposer, à minima, sur la grille des sages-femmes », ajoute l’IPA.
Rien n’est joué
Tout comme le projet de rémunération des futurs IPA exerçant en libéral tel que prévu dans l’avenant 7 de la convention infirmière, le projet de rémunération des futurs IPA Infirmiers en Pratique Avancée dans la FPH déçoit les membres de l’UNIPA.
Pour l’instant, les propositions n’en sont au stade que de « projets ». Une première réunion de travail entre le ministère et les centrales syndicales est prévue le 15 Octobre prochain.
L’UNIPA – syndicat non représentatif, voir explications ici – n’y a pour l’instant pas été convié. « Nous avons été contactés par la CFDT qui voulait entendre notre point de vue. Nous n’avons aucune information sur la suite. On espère qu’on sera consultés, entendus. On espère que les lignes vont bouger », ajoute Julie Devictor.
En attendant, les IPA et étudiants IPA se mobilisent dans les universités. Ils préparent aussi une lettre à l’attention d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé.
« La reconnaissance ne passe pas uniquement par la valorisation des compétences. Elle passe aussi par la valorisation salariale. Si ces propositions n’évoluent pas, les infirmiers ne seront plus intéressés par la filière pratique avancée. Certains vont renoncer ». Avec comme risque majeur, la mise péril de la politique de santé actuelle visant à favoriser la pratique avancée, et son objectif de former 5000 IPA dans les prochaines années…
M.S
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