Les infirmières exerçant au bloc depuis plus de 2 ans devraient bien pouvoir continuer à pratiquer certains actes exclusifs des IBODE, sous conditions

Les infirmières exerçant au bloc depuis plus de 2 ans devraient bien pouvoir continuer à pratiquer certains actes exclusifs des IBODE, sous conditions

Un projet de décret prévoit de permettre aux IDE non IBODE de continuer à pratiquer l’aspiration, l’hémostase et l’exposition après le 1erjanvier 2020, nouvelle date de mise en vigueur de ces trois actes exclusifs pour les IBODE. Sous conditions.

Les infirmières exerçant au bloc depuis plus de 2 ans devraient bien pouvoir continuer à pratiquer certains actes exclusifs des IBODE, sous conditions

Le nouveau projet de décret dispose que, par dérogation, un infirmier non IBODE, pourra pratiquer ces trois actes et pose un cadre. « Les infirmiers qui ont au moins deux ans d’expérience au bloc, avec pratique régulière de ces actes, auront jusqu’au 31 Octobre 2019 pour déposer un dossier aux ARS ou aux DRJSCS. Ils devront passer devant un jury composé d’un représentant de l’Etat, d’un chirurgien et d’un IBODE collaborant avec les écoles d’IBODE. A l’issu de l’analyse du dossier et de l’entretien, il y aura trois possibilités : soit ils obtiendront une autorisation d’exercice de ces actes, soit ils devront suivre et valider une formation de 21 heures pour continuer à les pratiquer, soit il n’y aura pas d’autorisation du tout. La décision sera définitive et le droit de pratiquer ou non ces actes sans être titulaire du diplôme d’Etat d’Infirmier de bloc opératoire aussi», explique Brigitte Ludwig, présidente sortante de l’UNAIBODE.

« Toutes les personnes qui n’auront pas déposé leur dossier pendant cette période de 6 mois ou qui ne répondent pas aux critères exigés, n’obtiendront pas l’autorisation. Il n’y aura pas de dérogations délivrées ultérieurement », prévient-elle. 

Les autres actes dits « exclusifs » aux IBODE ( installations en positions chirurgicales, pose de redons, gestes d’assistance chirurgicale…), mis en place en 2015 demeurent « exclusifs », sans dérogation possible pour les IDE. Pas de changement ni de surprise de ce côté-là donc.

Finalisation des actes exclusifs

Alors que le texte doit passer devant le Conseil d’Etat avant Juillet, Brigitte Ludwig a bon espoir. Car, s’il permet la dérogation sous conditions de ces trois actes à des IDE expérimentées non IBODE, il permet surtout de réserver ces soins à ces seules IDE autorisées et aux IBODE, dès janvier 2020. « Cela va permettre de sécuriser l’ensemble des actes exclusifs. Cela va permettre de garantir la qualité et la sécurité au sein des blocs surtout », se réjouit-elle.

Et si celle qui a assuré la présidence de l’UNAIBODE de 2012 à 2019 est convaincue par l’utilité de ces mesures, elle regrette néanmoins la forme des mesures transitoires. « Il fallait en trouver, c’était indéniable car si aucune solution n’avait été trouvée, au 1erjuillet 2019, on aurait manqué plus de 6.000 IBODE dans les blocs pour assurer la totalité des missions qui leur sont dédiées. Mais nous aurions préféré favoriser l’attractivité pour les écoles d’IBODE ainsi que les ‘’vraies‘‘ VAE (Validation des acquis de l’expérience) pour permettre aux IDE de devenir IBODE, plutôt que d’obtenir des autorisations partielles d’actes exclusifs pour certaines IDE ».

Car selon Brigitte Ludwig, la gestion des blocs risque d’être à présent compliquée. « Il va y avoir trois niveaux de personnes qui vont faire des choses différentes : les IDE, les IDE qui auront reçu l’autorisation pour les 3 actes, et les IBODE qui pourront pratiquer l’ensemble de leurs actes exclusifs. Nous aurions évidemment préféré des blocs ‘’tout IBODE’’», assure-t-elle.

Accès et attractivité

Et pour favoriser des blocs « tout IBODE », il faudrait valoriser ce métier, ajoute Brigitte Ludwig. Déjà, en facilitant l’accès à la VAE. Ce dispositif, qui permet de faire valider ses acquis pour obtenir un diplôme d’un niveau supérieur n’a permis, depuis son déploiement, d’attribuer le diplôme d’IBODE qu’à 115 infirmiers. « C’est nettement insuffisant », affirme Brigitte Ludwig. « Il faudrait proposer davantage d’accompagnement aux personnes s’inscrivant dans une démarche de VAE. Il faudrait que le dispositif soit plus pratique, plus proche du terrain », ajoute-t-elle.

Brigitte Ludwig pointe aussi le manque de cohérence entre le dispositif VAE et la formation des IBODE. Car dans certains cas, le dossier de VAE ne peut être validé que si l’infirmier accepte de suivre une formation complémentaire en école pour acquérir des « compétences » manquantes. Et le contenu des formations en école n’est pas adapté à ces demandes de « compétences ». « On a 450 personnes qui sont en cours de VAE et qui attendent seulement de suivre ce complément de formation », explique Brigitte Ludwig. En cause ? Une formation, restée sur un modèle « ancien »,  non modulaire. « Depuis le temps qu’on attend une réingénierie… », soupire-t-elle.

En cause également, une disparité en termes de volonté, dans les régions. « Pour certaines, la dynamique est forte. Pour d’autres, les jurys VAE sont beaucoup trop occasionnels et les infirmiers doivent attendre très longtemps entre deux passages ».

Il faudrait, aussi, selon Brigitte Ludwig, augmenter la capacité d’accueil dans les écoles, valoriser la profession et augmenter les salaires. Le tout pour une meilleure attractivité. « Cela permettrait, à terme, d’avoir nos 6.000 IBODE manquantes dans les blocs, plutôt que d’accepter des compromis».

Forte d’un « bilan positif » sur les sept dernières années, Brigitte Ludwig passe à présent la main. Magali Delhoste, IBODE, a été élue mardi, nouvelle présidente de l’association. « Je vais être dans la continuité des actions menées par Madame Ludwig », assure Magali Delhoste. Les chantiers pour cette IBODE « de terrain » : s’assurer que les actes exclusifs soient acquis « définitivement » en réglant une fois pour toute la question des mesures transitoires,  restructurer la VAE « pour qu’un maximum de personnes puissent y avoir accès sans les problèmes administratifs », travailler sur les référenciels de formation « pour un nombre d’IBODE en constante augmentation », et surtout « favoriser le métier, le faire reconnaître, le rendre attractif auprès des jeunes et des personnels sur le terrain. Leur donner envie de passer le cap du diplôme, que ce soit par le biais d’une VAE ou de l’école ».

Malika Surbled

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