« Les résidents nous parlent et nous sommes déjà dans l’autre chambre : c’est cela qui m’a fait partir ».
Ces mots, tout simples, résonnent comme un crève-cœur. Amélie* était infirmière en Ehpad en Occitanie depuis 2013. Etait… car elle est partie après un burn-out. « Partir a été ma délivrance. Je me sentais submergée, avec cette l’impression de ne jamais y arriver. Je travaillais de manière contraire à mes valeurs de soignant. Je me revois encore dans ma voiture en train d’appeler ma mère et de lui dire ‘’je ne vais pas y arriver’’. »
Avant de réaliser qu’elle craquait, Amélie en a donné de l’énergie, à son établissement, comme aux résidents. « Sur le terrain, c’était un énorme investissement. Je terminais rarement avant 15 ou 16 h, alors que finissais officiellement à 14 h 30. Je travaillais un week-end sur deux. Dans ces conditions, on loupe énormément de choses dans sa vie ».
L’humain, c’est ce qu’elle aimait le plus. Seulement… « Dans notre plan de soins, donner les médicaments, faire les prises de sang, c’est noté. Mais où est-ce noté qu’on peut prendre cinq minutes pour s’asseoir avec les résidents ? »
Face à elle, des personnes âgées auxquelles elle était attachée, parfois atteintes d’Alzheimer, une maladie qui nécessite encore plus de prendre le temps des bons mots ou d’approcher les résidents de façon adaptée.
Florence*, 33 ans, ancienne prof, a opéré une reconversion professionnelle, attirée par le relationnel et l’humain.
Diplômée depuis trois ans, l’infirmière a choisi de travailler en gériatrie. « A l’hôpital, les gens viennent, ils sont des numéros et on ne peut pas s’investir avec le patient. Dans mon établissement d’Indre-et-Loire, je suis chanceuse : si je veux passer 20 minutes avec un résident, je le fais. Ces personnes âgées, je les connais du bout des doigt, je connais leur famille ».
Quand elle a attrapé le Covid début novembre, elle s’est arrêtée sept jours.
C’était court mais elle culpabilisait de laisser ses consœurs, en sous-nombre, avec une charge de travail énorme. Le jour de son retour, une résidente à laquelle elle était particulièrement attachée, est partie.
Elle en a été sincèrement affectée. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Exercer comme infirmière en Ehpad, c’est accompagner des personnes âgées au soir de leur vie. Dans le respect, la dignité… Pourtant, le sens que la plupart des agents et soignants y mettent ne fait parfois pas le poids face aux difficultés multiples du quotidien.
Manque de personnel : l’attractivité en berne
« Pour que le métier soit attractif, il faut arrêter de dire qu’on est juste là pour leur torcher les fesses. Nous accompagnons les personnes âgées, participons à leur ré-autonomisation. Nous sommes les yeux de l’infirmière », lâche Catherine Palfini, aide-soignante à l’Ehpad d’Agen-Nérac et représentante syndicale à FO santé.
Elle constate que « de façon générale, il y a un problème d’attractivité. Les gens partent dans le privé pour gagner mieux leur vie, tandis que ceux qu’on embauche ne sont pas formés ».
Pourtant la gériatrie nécessite des connaissances précises pour bien discerner le syndrome de glissement et les pluri-pathologies dont souffrent les résidents… Catherine Palfini se rappelle la directrice d’un établissement qui lui avait confié : « quand je recrute, deux jours après, je n’ai déjà plus personne ».
« Actuellement, le premier métier en Ehpad, ce sont les aides-soignantes, car nous n’avons pas de médecin traitant sur place. Les infirmières sont les référentes la journée, mais la nuit, il n’y a personne », explique Eve Guillaume, directrice de l’Ehpad public Lumières d’Automne à Saint Ouen.
Amélie confirme : « dans notre Ehpad, nous avions un médecin de garde à partir de 20 h. Les médecins de ville terminent eux à 18 h. Pendant deux ans, on a vécu avec l’angoisse qu’il arrive quelque chose dans l’intervalle et que nous soyons obligées d’engorger le Samu ».
Ainsi ce manque de personnel va avec le manque de présence médicale. Car paradoxalement, les résidents ont très « peu accès aux soins. Pour un médecin travailler en Ehpad, ce n’est pas hyper sexy. Nous avons du mal à trouver des médecins coordinateurs car le suivi quotidien n’est pas attractif », précise encore cette directrice d’Ehpad.
Résultat : « en Ehpad, les traitements antalgiques, en fin de vie, tardent à être prescrits, car le médecin ne peut pas se libérer tout de suite. Cela engendre de la souffrance », assure Amélie.
Et dans cet accompagnement, les infirmières ont un rôle essentiel à jouer : tandis que les médecins ont une vision plus « froide » du résident, « nous ne guérissons pas mais nous accompagnons, nous apportons les soins, l’hygiène et le confort ».
Fermetures de lits
Alors que le nombre de places en Ehpad n’est pas suffisant face à l’augmentation de la durée de vie, on assiste encore à des réductions des places disponibles. Ce fut le cas en octobre dernier à l’Ehpad de l’hôpital René Dubos de Pontoise, qui a perdu 80 places.
Véronique Hélié, déléguée syndicale CGT, estime que ces fermetures auraient pu être évitées si la politique de l’établissement avait pris une autre direction. Selon elle, l’état de délabrement de l’Ehpad public était connu de la direction depuis 2005.
« On nous dit qu’on ne peut plus faire les travaux, car c’est trop cher », narre-t-elle. Le bâtiment, qui n’accueillait plus de nouveaux résidents depuis 2017, se trouve condamné. Parallèlement à ces contraintes financières, elle note aussi le remplacement progressif de fonctionnaires par des CDD.
Pour elle, la fermeture de ces lits est planifiée de longue date, « à l’image de ce qui se passe à l’hôpital public, où l’on demande des moyens et du personnel », tandis que « des établissements Korian (privés) fleurissent de partout ».
A l’heure où le sort des plus âgés se retrouve au cœur de l’actualité, elle défend bec et ongle l’accès aux Ehpad publics « pour ceux qui en ont besoin » et qui ne peuvent payer 3 500 euros ou plus. (voir encadré).
Des plannings surchargés
« Quand je suis sortie de formation, j’étais pleine d’idées, mais on déchante dès qu’on commence à travailler », regrette Catherine Palfini. Sur le terrain « toute l’approche holistique de la prise en charge » disparaît sur l’autel de la rentabilité, de l’efficacité. Le temps manque cruellement. « L’institution ne donne plus les moyens. Quinze toilettes et trois douches en une matinée ? Forcément, on va mal faire », reconnaît cette aide-soignante.
L’augmentation salariale actée par le Ségur ? « On peut bien nous augmenter, mais la fatigue est toujours là, le mal-être aussi. Ce n’est pas en nous donnant de l’argent que l’on fera mieux notre travail », regrette-t-elle.
Elle a aussi été témoin de remarques irrespectueuses de la part de collègues envers les résidents. A un curé, une aide-soignante lance un jour : « Alors Monsieur le curé, vous avez rêvé de baiser la Marie cette nuit » ? Ou encore cette réponse cinglante à un résident perturbé de ne pas être assis à table à sa place habituelle : « Votre place, elle est comme tout le monde, au cimetière ».
Plus grave encore, en septembre dernier, l’Ehpad de la Rossignole, à Onet-le-Château, a donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire pour « violences sur personnes vulnérables » et « non-assistance à personne en danger » : plusieurs membres du personnel échangeaient des photos de résidents dans des positions dégradantes.
Mais Joachim Tavares, ancien directeur d’Ehpad et fondateur de Pappyhappy.fr, site d’avis comparatifs des établissements pour retraités se veut rassurant : ce sont des événements isolés, puisque sur les 4 000 Ehpad visités depuis la création de Pappyhappy en 2016, seuls deux cas de maltraitance ont été constatés par sa structure. Pour lui, l’effet de loupe n’épargne pas les Ehpad.
Comment expliquer ces dérives ? Épuisement ? Manque de temps, perte de patience ? Amélie parle sans ambages de « maltraitance institutionnelle. Par peur du manque de personnel, on accepte des choses qu’on n’accepterait pas dans d’autres services. J’ai vu une infirmière, qui commettait des bourdes monumentales dans les dosages et dans les traitements, ne même pas recevoir un blâme, tellement on avait besoin d’elle ».
Elle parle aussi des tournées qui prennent du retard à cause de plannings surchargés, des Doliprane pas donnés en temps et en heure, du turn-over parmi les infirmières qui a augmenté.
Les résidents, citoyens de seconde zone ?
A ce titre, les Ehpad jouissent d’une mauvaise réputation. Joachim Tavares est bien placé pour le savoir et garde un souvenir précis de ses difficultés à recruter du personnel formé et motivé.
La faute, entre autres, aux médias qui ne comprennent pas toujours les pratiques. « Si l’on prend le cas d’une personne souffrant d’Alzheimer, il est plus raisonnable de la faire dormir sur un matelas à terre que de la faire dormir attachée dans son lit, pour éviter qu’elle tombe », décrypte-t-il, faisant référence à une émission d’investigation d’Elise Lucet.
Eve Guillaume explique que cette mauvaise image n’est pas seulement ressentie par les familles et les citoyens lambda. Elle existe aussi du côté des soins d’urgence. « Quand les infirmières appellent le 15, il n’est pas rare qu’elles entendent ‘’encore un appel d’un Ehpad’’ ! Cela entraîne une vraie perte de chance pour les résidents », qui sont parfois pris en charge avec beaucoup de retard, les mettant en danger de mort. Son constat ? « Une fois que les personnes âgées sont en Ehpad, tout le monde est débarrassé ».
Pour Catherine Palfini, « tout le monde paie le même prix mais pas pour les mêmes soins : certains bénéficient de soins privilégiés car leurs familles viennent, sont présentes… Tandis que celui sous tutelle, tout le monde s’en fout un peu », confirme-t-elle.
« La personne âgée est vue comme un fardeau, car sa prise en charge est multiple. On dit souvent qu’on voit la valeur d’une société à sa façon de traiter ses personnes âgées. Dans certaines sociétés, leur expérience est sacrée. En France, on nie leur humanité et leur expérience », regrette Amélie.
Cette vision, Catherine Subra, directrice de l’Ehpad (associatif) de la Providence, à Mayenne, ne la partage pas du tout. « Accompagner les personnes âgées dans les dernières années de leur vie, c’est d’abord accompagner la vie », insiste-t-elle.
Et après cette crise du Covid, elle constate une « formidable envie de vivre de la part des résidents » Dans son Ehpad, deux-tiers des résidents ont été contaminés et deux-tiers de ces personnes atteintes sont aujourd’hui guéris.
La crise du Covid, révélatrice des défaillances
« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Ehpad sont assez habitués à gérer des imprévus au quotidien. Mais avec le Covid, ils ont perdu leurs repères et ont eu moins de personnel », explique Marie Thomas, responsable des activités de santé mentale liées à au Covid dans les Ehpad pour Médecins sans frontières (MSF, voir encadré).
Cette crise a été d’une nature inédite : soudaine et radicale. « On a perdu huit résidents (article publié en décembre 2020, ndlr), dont deux en 48 h, on n’avait pas d’oxygène, pas de médecin. C’était hyper violent », se rappelle Catherine Palfini. Eve Guillaume se souvient avoir perdu beaucoup de résidents, « touchés dès la première semaine de mars (2020, ndlr), avant l’établissement d’un protocole. Cela a flambé très vite ».
Face à ces nombreuses pertes, elle a tenu à ce que « les agents bénéficient de groupes d’expression car ils ne peuvent pas gérer autant de décès en une période si courte. La situation était tellement anormale, avec des protocoles qui entraînaient de mettre les corps dans des sacs et de ne pas pouvoir les habiller. Les soignants ont eu le sentiment de mettre les gens à la poubelle », raconte-t-elle.
Ce sentiment de désespoir, Florence l’a aussi ressenti lors du second confinement. « 25 résidents sur 140 sont morts en un mois. Cela a été une hécatombe. Nous avons dû faire face à des familles qui souhaitaient leur transfert à l’hôpital où ils seraient morts aux urgences sur un brancard, se rappelle cette infirmière. Tenir une main à travers un gant ce n’est pas pareil qu’une main nue. C’est juste horrible. Il m’est arrivée que quelqu’un me demande une photo de sa maman pour qu’il puisse lui dire au revoir ».
Des équipes essorées
Alors, à qui la faute ? Pour Amélie, les ARS – donc l’Etat- « n’ont pas donné assez de moyens ». Les directions en ont-elles fait assez ? Marie Thomas estime que « les codir ont eu deux fois plus de travail, avec deux fois moins de personnel. S’ils ont été dépassés, ce n’est pas par manque de compétences mais par perte de leurs repères ». Elle a pu constater que des « cadres et des codir ont fait un boulot d’infirmière et d’aide-soignante, en faisant les tournées du dernier verre d’eau à 22 h ».
Les équipes ont été essorées par la maladie : « C’est dur de trouver des collègues pour nous remplacer. Nous avons dû faire des auto-remplacements et être rappelées sur nos jours de repos. Cela a engendré beaucoup de fatigue. En revanche, nous avons le matériel suffisant, et même des extracteurs à oxygène », analyse Florence. Pierre Leblanc, cadre de santé à la Providence, remarque que la cohésion des équipes pluriprofessionnelles, dont l’objectif était « de sauver des gens », a été renforcée par la crise sanitaire. Plus que jamais, les soignants ont pu se sentir utiles.
Eve Guillaume a d’ores et déjà instauré de nouvelles formes d’organisation dans son établissement, afin de renforcer « le soin relationnel et l’animation en chambre, pour que l’animation ne vienne pas seulement d’un animateur. Cela relève du projet politique de l’établissement et cela marche très bien ». Ainsi, deux aides-soignantes se sont vu accorder du temps spécifique à l’animation, avec des passages en chambre, pour permettre des temps dédiés aux jeux de société ou à la lecture avec les personnes âgées. Une joie partagée par les soignantes, qui « s’épanouissent davantage et peuvent proposer des choses nouvelles ».
De son côté, Catherine Subra envisage de nouveaux modes de communication plus dynamiques à l’avenir, avec par exemple, des écrans dans les postes de soins pour mieux et plus rapidement diffuser les informations dans un contexte de crise où la réactivité est essentielle.
L’occasion de revoir les organisations
En 2019, une série de livres, comme « Ehpad, une honte française » (Plon), d’Anne-Marie Pelletier ou encore « Le scandale des Ehpad » (Hugo doc), de la lanceuse d’alerte Hella Kherief, sont sortis, dénonçant les conditions très difficiles, voire la maltraitance, réservées aux résidents. « Tout le monde le sait et personne ne fait rien », déplore Catherine Palfini.
Pourtant, à échelle des établissements, des réflexions émergent. Après tout, les meilleurs outils ne sont-ils pas ces petites touches de bienveillance apportées au quotidien ? D’abord, à destination du personnel. « Quand nous avons fini la matinée, j’applaudis les agents et cela leur fait chaud au cœur, indique cette aide-soignante et déléguée syndicale. Je veux qu’on reparle de qualité de vie au travail car, si le travail est considéré, il y aura plus de considération pour les résidents aussi. Je pense aussi qu’il serait utile de consacrer une pièce spéciale pour que l’agent puisse faire une pause, envisager des séances de relaxation menées avec l’ergothérapeute, afin de donner un peu d’énergie à la personne, recréer une dynamique, c’est très important ».
Côté résidents, Amélie, l’ancienne infirmière d’Ehpad, est aussi « convaincue qu’on peut revoir les organisations »et mieux s’adapter à leurs besoins, à leur rythme, par exemple « en buvant un café avec eux, en ne prenant pas nos repas séparés, mais en les intégrant dans la vie… », tandis que les douches forcées révulsent Catherine Palfini, qui estime qu’il serait plus bienveillant de renoncer exceptionnellement à une toilette plutôt que d’en arriver à tenir à bras le corps une vieille personne réticente.
Dans les sphères décisionnaires, des changements sont également attendus. Eve Guillaume reconnaît compter sur la loi sur le grand âge (initialement prévue fin 2020, reportée à l’été-automne 2021, ndlr) avec impatience, un « rendez-vous à ne pas manquer. Il faut inscrire quelque chose sur le long terme. Sinon, la crise n’aura servi à rien, à part les augmentations de salaire débloquées par le Ségur de la Santé. Réinvestir sur les Ehpad passera forcément par du budgétaire et des moyens humains. Cette crise a été l’occasion d’un coup de projecteur soudain sur nous. Le risque est que cette lumière s’éteigne une fois la crise passée ».
A la Providence, on se réjouit « des transpositions des mesures du Ségur aux Ehpad privés », une façon de récompenser « des métiers très exigeants en termes d’horaires, physiquement, et psychiquement », explique Catherine Subra. Cette loi grand âge va permettre de mener « une réflexion collective – des personnes âgées, des familles, des professionnels mais aussi de toute la société – sur ce qu’on veut faire demain en matière d’accompagnement d’un vieillissement qui nous concerne tous », souligne cette directrice d’Ehpad. Pierre Leblanc complète : il faut repenser les liens avec l’extérieur, « la ville, le domicile, afin que les personnes âgées se retrouvent dans un parcours dont elles sont actrices ».
Mais Florence, elle, est résignée : cette crise ne va pas rebattre les cartes. « Les salaires ont été revalorisés. Mais que va-t-on nous demander en échange ? Car il y aura forcément une contrepartie. Ce qu’il faudrait, ce sont de nouveaux postes. Si notre droit de grève ne dépendait pas des assignations et de la continuité du service, là, cela aurait pu être la révolution ».
Delphine Bauer
* les prénoms ont été changés.
Cet article a été publié dans le n°39 d’ActuSoins Magazine (décembre – janvier – février 2021)
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Le modèle économique des Ehpad
Exorbitant, le tarif des Ehpad ? Anne Penneau et Zeynep Or, économistes à l’IRDES (Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé) nous éclairent sur leur mode de financement. Quel que soit leur statut (publics hospitaliers, publics indépendants ou territoriaux, privés non lucratifs et privés lucratifs), ces établissements sont tous financés de la même façon : « le forfait soins est financé par l’assurance maladie, gérée par les ARS ; le forfait dépendance est financé par les départements et permet de financer le reste du personnel soignants (aides-soignantes, ….) ; enfin le forfait hébergement (hôtellerie, repas, blanchisserie …) est financé par les personnes âgées et leurs proches et représente en moyenne plus de 50 % du coût total des Ehpad ».
Cette dernière partie, le « reste à charge » atteint 1850 euros par mois en moyenne. Et « pour 75 % des personnes âgées, cette somme excède les pensions », précisent-elles.
Zeynep Or explique que certains établissements, notamment privés lucratifs, « misent sur l’apparence, une jolie chambre » pour justifier leurs tarifs. Pour autant, cela ne permet pas nécessairement de « recruter davantage de personnel ». La preuve, selon la DREES, (Raynaud, 2020), « le taux d’encadrement est plus faible dans le privé que dans le public ».
Le rapport Libault (sur la concertation grand âge et autonomie, rendu en mars 2019) a d’ailleurs « souligné le manque de reconnaissance et de financement du personnel soignant en Ehpad (aides-soignantes principalement) qui se traduisent par des difficultés de recrutements par les Ehpad », précise Anne Penneau.
Des groupes de parole pour « diminuer le mal-être ».
D’avril à juin 2020, MSF a apporté son soutien à trente Ehpad d’Ile-de-France qui hébergeaient alors plus de 2 000 résidents, grâce à des dons de matériel et un appui technique. Au cours de cette mission exploratoire, Marie Thomas, ancienne infirmière et psychologue, responsable du pôle santé mentale de MSF, constate des équipes en état de choc. Début mai, elle fait une proposition de soutien des équipes. « C’était la première fois que cela se produisait en Ehpad. La première fois en France et, concernant la santé mentale, c’était assez nouveau », éclaire-t-elle.
Ce côté innovant est venu de l’inédit de la situation. Des groupes de parole et des ateliers sont désormais proposés aux Ehpad franciliens, car rappelle-t-elle, « quand on va mieux, on soigne mieux ». Dans ces groupes, « on entend des éléments à caractère psycho-traumatique. Discuter en groupe permet de repérer une personne particulièrement à risque afin de l’orienter vers le CMP (centre médico-psychologique), le département ou son médecin traitant. Notre espoir est de diminuer les signes de mal-être, comme les insomnies, les troubles alimentaires, les difficultés conjugales ou les reviviscences ».
Marie Thomas explique que les personnels ont été particulièrement marqués par la « rapidité des décès et par les difficultés pour gérer les fins de vie. Ils ont jugé insupportable de ne pas être autorisés à faire des toilettes et à choisir les tenues. C’est ce qui donnait du sens à leur travail. Sans oublier la fatigue accumulée et, quand ils étaient en arrêt, le sentiment de culpabilité de ne pas être sur place. Enfin, les impacts sur la vie personnelle sont énormes : les séparations parmi les personnels soignants ont nettement augmenté cette année ».
La psychologue constate que partager entre soignants qui ont tous vécu des situations difficiles, renforce la dynamique de groupe. « Cela favorise une atmosphère positive de travail », après une période où chacun était coincé dans son étage, où les rapports humains été réduits par le port du masque, et les « espaces de rencontres » absents. En cas d’épidémie, l’approche de groupes « est ce qui fonctionne le mieux pour réduire les risques psychosociaux des personnels en Ehpad ». Les ateliers de formations abordent quant à eux des questions comme le syndrome de glissement ou le deuil.
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Ce n’est pas nouveau la maltraitance dans les Epad ainsi que la sous alimentation des personnes âgées ; Et je sais de quoi je parle
Et oui les infirmières ne sont pas payées en fonction de leurs responsabilités et de la difficulté de la tache , et pourquoi ? pourquoi elles mènent des batailles compliquées mais ce n’est pas leurs batailles ;
un système de paupérisation généralisée Public et Privé c’est identique ; un salaire conçu sous forme de primes , ce n’est même pas la peine de parler de la retraite …
pourquoi les coordinatrices ne participent pas aux soins ainsi que les surveillantes ! pas d’ascenseur social et pourquoi…
Ce n’est pas nouveau, les difficultés du monde des soignants; je suis une Ex infirmière, diplômée en Master de Lyon 2 et Lyon 3, mais qui veut faire un tel métier en étant considéré pour moins que rien…
cela est valable dans le Public et le Privé; pas d’évolution au niveau de ces métiers; notre salaire est composé de primes, alors les primes ne rentrent pas dans le calcul de la retraite ; un système qui paupérise les salaries , ou les personnels de la Fonction Publique. l’évolution doit porter sur le salaire de base et les infirmières ne veulent pas de prime; Il faut en finir avec cela ; et les surveillantes et coordinatrice doivent participer aux soins; c’est quoi ce système qui maltraite ses collaborateurs .
les infirmières mènent des batailles qui ne sont pas les leurs …
Le monde reclu des ehpads est inuhumain…covid oblige, oui et non cela est un pretexte .
Ce qui est sur, cest la relation familiale avec son ainé est mise a mal…nos malades nos “vieux”_
Souffrent de ne point sortir de ne pas nous voir,nous embrasser,cest la misere!!!!a meme titre que nous les accompagnants…je demande a mr Macron une revision de ses positions incoherentes…cest hyper Urgent.nous crevons de manque d amour ,pas du virus