La profession infirmière n’est plus épargnée par le chômage

La profession infirmière n’est plus épargnée par le chômage

A l'opposé du plein emploi tant vanté, certaines infirmières notamment des diplômées de 2012 peinent à trouver un poste, traversent des périodes de chômage et galèrent même pour travailler en intérim. La faute à une année  particulière mais pas seulement.

La profession infirmière n'est plus épargnée par le chômage« Si j’avais su… », c’est en substance ce que se disent des infirmiers nouvellement diplômés quelques mois après leur sortie d’IFSI en 2012. Miguel (34 ans, diplômé début 2012) a travaillé en intérim au CHU de Nantes à sa sortie de l’école.

Puis les missions se sont espacées : de septembre à décembre, il a travaillé quatre jours par mois… Sans aucun droit aux allocations chômage. « J’avais pourtant postulé à plein d’endroits », remarque-t-il, dans toute la Loire-Atlantique.

A la clé, beaucoup de réponses négatives, quelques entretiens sans issue. Finalement, il a décroché en février un CDI dans une EHPAD où il se sent très bien… Mais loin de chez lui : il engloutit 350€ par mois dans les transports !

Chômage et RSA

Meriem, diplômé en juillet 2012, a aussi traversé aussi un automne difficile. Après l’été dans des maisons de retraite, pas un jour de travail d’octobre à décembre. Mais elle recherche elle aussi dans le secteur de Nantes, qui paraît assez saturé mais qu’elle ne souhaite pas quitter. En ce mois de mars, elle décroche quelques missions d’intérim « par ci-par là » mais elle vit aussi du RSA. Elle n’a pas pu se résoudre, comme une de ses amies, à accepter un poste d’aide-soignante.

A 23 ans et avec un diplôme dernier cri, Elodie n’a droit ni au chômage (elle n’a pas assez cotisé) ni au RSA (elle a moins de 25 ans). Heureusement, après quatre mois sans travailler malgré ses recherche de poste (de jour exclusivement), elle a fini par trouver un CDI dans une clinique MCO du secteur toulousain. « Si j’avais su, déclare-t-elle aujourd’hui, je n’aurais pas quitté mon poste au Mans si vite pour suivre mon conjoint ici. » Comme les autres, elle a été surprise. Et réalise aussi « qu’on ne nous a pas appris à chercher du travail, à “se vendre” ».

Disparités régionales

Habitués à l’idée de pouvoir choisir leurs postes, les étudiants sortis des IFSI en 2012, deux fois plus nombreux que les autres années du fait de la réforme des études, sont arrivés sur le marché du travail à un moment difficile, comme l’a souligné la FNESI dans une étude récente.

Certes, « il existe encore des régions et des secteurs où on manque d’infirmières », indique Marie Houssel, adjointe au responsable des ressources humaines à la FHF.  En Ile-de-France, toujours en pénurie, et dans des régions comme l’est de la France, les jeunes diplômés ont trouvé des postes sans trop de difficulté.

« La gériatrie, le secteur médico-social ou le long séjour recrutent encore », souligne aussi Rémi Griffet, responsable commercial du site d’offres d’emploi Staffsanté. Mais le sud-est, l’ouest et le sud-ouest connaissent une forte baisse des opportunités professionnelles, observe Jerick Develle, directeur général de la société d’intérim Adecco médical.

Et surtout en MCO. « Les structures ont beaucoup moins de difficultés à recruter », ajoute le responsable commercial de Staffsanté, qui a enregistré une baisse des annonces à destination des soignants. Un cadre de psychiatrie a ainsi confié à Miguel qu’après avoir eu bien du mal à trouver des infirmières, il dispose à présent d’une trentaine de CV… Et des infirmières plus expérimentées sont aussi concernées.

Effet crise

La sortie de deux promotions s’est ajoutée à une conjoncture très particulière liée à la crise économique. Rémi Griffet et Jerick Develle estiment ainsi que les établissements font preuve d’un certain attentisme en matière de ressources humaines. Ils « rationalisent » leur organisation, estime plutôt Marie Houssel. La crise réduit en tout cas également la mobilité des salariés… et donc de leurs conjoints infirmiers, ajoute Rémi Griffet. Les soignants font le gros dos en attendant une hypothétique sortie de crise et le turn-over diminue.

De leur côté, les patients repoussent ici une intervention qui peut attendre, là l’entrée en institution d’une personne âgée, ajoute Jerick Develle. Au final, les opportunités s’en trouvent affectées, même si la baisse des missions d’intérim, « pour la première fois depuis longtemps », observe-t-il, a été quelque peu compensée par les recrutements en CDI chez Adecco.

Et la situation aurait été pire si le nombre de départs à la retraite avait diminué, souligne le directeur d’Adecco médical… Selon lui, 2012 aura été « une année de transition vers une période d’accentuation forte de la pénurie et de croissance » de l’emploi soignant en 2013 et 2014. Et Jerick Develle d’affirmer que « tous les chiffres montrent que les métiers de la santé seront les plus créateurs d’emploi dans les dix prochaines années ». Les jeunes diplômés ne demandent qu’à le croire !

Olivia Dujardin

Pour aller plus loin :

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