Cet article vient en complément de notre “Une” consacrée aux Infirmiers de pratique avancée, parue dans le numéro 31 d’ActuSoins.
« L’infirmier est autorisé à exercer en pratique avancée s’il peut […] justifier de trois années minimum d’exercice en équivalent temps plein de la profession d’infirmier », indique l’article D 4301-8 du décret du 18 juillet 2018 relatif au diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée. Mais qui dit expérience professionnelle pour exercer ne veut pas forcément dire expérience professionnelle pour se former. En clair : rien n’empêche un infirmier tout juste diplômé de candidater à la formation. D’ailleurs, « le diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée est ouvert en formation initiale – pour les étudiants n’ayant pas ou peu interrompu leur parcours d’études, donc les jeunes diplômés, ndlr – et en formation professionnelle continue », confirme l’article D.636-78 du même décret.
Une durée controversée
Les universités accréditées ou co-accréditées pour délivrer l’enseignement peuvent néanmoins définir leurs propres modalités d’admission. Et en général, elles misent sur l’expérience. « Il y a plus de candidatures que de places. Pour la sélection, nous prenons donc en compte l’ancienneté et l’expérience dans la profession infirmière. On regarde aussi si les candidats ont suivi des Diplômes universitaires, mené des projets professionnels », explique Elodie Montaigne, référente filière master IPA au CHU de Rennes.
« Cela semble logique. On ne peut pas exercer en qualité d’IPA avec de telles responsabilités si on n’a pas un solide parcours infirmier. Y-aura-t-il vraiment beaucoup d’étudiants qui se lanceront directement tout en ayant l’obligation d’exercer trois ans en qualité d’IDE à la sortie de leur formation d’IPA avant de pouvoir faire valoir leur DEIPA ?», interroge Florence Ambrosino, co-pilote du Gic Repasi, le réseau de la pratique avancée infirmière.
Pour cette représentante de la pratique avancée de la première heure, il aurait été plus simple de faire figurer la durée d’expérience dans les conditions d’accès à la formation, comme c’est le cas par exemple pour l’entrée en école d’IADE ou d’IBODE et non dans les conditions d’exercice.
Du côté de la Fnesi (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers), le son de cloche est tout à fait différent. Non seulement la fédération ne cautionne pas de durée d’exercice minimale pour intégrer la formation, mais elle n’adhère pas non plus à l’obligation d’expérience professionnelle en qualité d’IDE pour exercer en qualité d’IPA, une fois le candidat diplômé. « Encore une fois, la filière des sciences infirmières est mise à part et nous manquons cruellement de reconnaissance », expliquait en juillet dernier Lucie Léon, alors vice-présidente en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche de la Fnesi. Son argument ? « Cette notion de durée d’exercice ne se retrouve que dans la filière infirmière. Chez les médecins et les sages-femmes, elle n’existe pas, alors même que l’on pourrait facilement comparer les missions et responsabilités des IPA à celles des maïeuticiens », ajoute-t-elle.
https://www.actusoins.com/298073/infirmieres-de-pratique-avancee-quelles-attentes-quels-enjeux-quels-freins.html
Une semi-intégration au modèle LMD
Ces obligations en matière d’exercice minimal auraient même, selon plusieurs professionnels chargés de formation interrogés, bloqués l’accès au diplôme national de master pour les IPA car une entrée en master ne peut en aucun cas se faire avec de telles conditions, non conformes aux règles d’accès universitaires.
Le DE IPA n’est donc pas un master universitaire, même s’il en confère le grade. C’est une formation professionnelle délivrant un titre professionnel ainsi que 120 crédits ECTS (European Credit Transfer System). « Il est dommage de ne pas trouver de cohérence du modèle que tout le monde adopte au niveau européen Licence-Master-Doctorat »*, soulève Lucie Léon.
M.S
* Les titulaires du DE IPA pourront malgré tout, avec leurs ECTS validés, poursuivre vers un doctorat, notamment si la filière en sciences infirmières se développe.
Différence de points de vue concernant l’expérience professionnelle nécessaire pour embrasser la fonction d’IPA ? La solution résiderait peut-être dans l’apprentissage. « Nous défendons le principe d’ouvrir le DEIPA aux Étudiants en soins infirmiers sortants qui ont envie de poursuivre directement, tout en leur donnant la possibilité d’être en contrat d’apprentissage pour exercer en même temps. Ensuite, à la charge de la structure hospitalière concernée de décider d’employer ou non cet étudiant », explique Martine Novic, responsable de la formation menant au DE IPA Infirmier de pratique avancée de l’Université Paris-Diderot.
Cet article est en lien avec la Une du numéro 31 d’ActuSoins Magazine (Décembre, Janvier, Février 2019), consacrée aux Infirmiers de pratique avancée.
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