« Le projet d’exercice des infirmiers doit s’ancrer à partir de compétences qu’ils acquièrent par leur expérience et du sens qu’ils mettent dans leurs missions soignantes, a soutenu Pierrette Meury-Abraham, infirmière en pratique avancée sur les pathologies chroniques stabilisées en Guadeloupe, lors du Salon infirmier qui s’est déroulé en ligne du 9 au 11 mars (replay disponible ici).
Il doit ensuite s’adapter aux attentes et aux besoins exprimés par les patients en fonction des territoires. » Car certes, les projets régionaux de santé mis en place par les Agences régionales de santé (ARS) tracent les grandes lignes de ces problématiques de santé mais les équipes interprofessionnelles peuvent prendre en charge des groupes de patients confrontés à des problèmes sans réponses. « Il est de notre responsabilité de les repérer, de les faire remonter et de trouver une réponse », a-t-elle ajouté. Une démarche qui passe par de l’écoute active, l’éducation thérapeutique ainsi que la recherche.
La recherche appliquée au terrain
La recherche doit se traduire par la transférabilité des connaissances, des savoirs et des compétences dans la pratique clinique. Une approche souvent délicate pour un jeune professionnel qui a encore peu d’expérience mais « qui va être en évolution tout au long de son parcours soignant », a rapporté Guillaume Decormeille, infirmier, doctorant en psychologie cognitive chez Simforhealth et formateur en simulation en santé.
« L’étudiant en soins infirmiers (ESI) acquiert, au cours de sa formation initiale des savoirs de base et se forme avec une initiation à la pratique, a complété Pierrette Meury-Abraham. Il est donc apte à exercer des compétences de base, mais il rentre dans un long processus qu’il va affiner. »
Ses compétences vont se développer en situation de travail et s’enrichir au sein de l’équipe interprofessionnelle. L’exercice du métier va façonner son approche, à condition de s’adapter sans cesse au contexte, à l’actualité et à la rencontre avec les patients.
Le professionnel pourra ainsi se démarquer avec son positionnement, son leadership et son autonomie. « La mise en place de données probantes est incontournable, estime Guillaume Decormeille. Tout soignant, en fonction de sa posture professionnelle et de sa formation les utilisent. Néanmoins, leur exploitation demande du temps, du recul sur sa propre pratique professionnelle pour que cela soit ancré dans une pratique clinique quotidienne. »
Et c’est par cette prise de recul qu’il va pouvoir construire sa propre identité professionnelle. Les infirmiers se doivent donc d’évaluer et d’écouter les besoins des patients, d’être proactifs dans l’offre de soins, afin de développer un raisonnement clinique qui doit mobiliser des savoirs théoriques basés sur des données probantes.
La formation, un axe de professionnalisation
La formation doit tenir compte de cette approche et préparer les étudiants en soins infirmiers (ESI) à ce nouvel exercice tout en insistant sur la prise en charge holistique des patients, les données probantes permettant de comprendre l’étendue de l’exercice professionnel.
« En termes de transformation et d’innovation, il faut accélérer le processus existentiel pour mettre en jeu la réflexivité des étudiants », encourage Guillaume Decormeille.
Les formations initiales comme continues participent à ce processus de professionnalisation. Pour Florence Girard, présidente de l’Association nationale des directeurs d’école paramédicale (ANDEP), le maillage entre le terrain et les instituts de formation est indispensable. « Cela existe depuis longtemps mais l’approche par compétences et situations de soins emblématiques est essentielle, a-t-elle soutenu. Ensuite, peu importe le support choisi, présentiel, numérique ou encore simulation. »
Néanmoins, la professionnalisation des futurs infirmiers ne va pas sans celle des formateurs. Et l’usage des outils demande la mise en place d’une stratégie pédagogique différente. « Nous l’avons observé avec la crise sanitaire, a rappelé Florence Girard. Avec la formation à distance, nous nous sommes vite rendu compte qu’il n’était pas possible de “copier-coller” les formations en présentiel. Il faut donc professionnaliser les formateurs en fonction de tous les outils pédagogiques. »
Laure Martin
Note de la rédaction : les différentes conférences du salon infirmier “live” sont disponibles en replay sur Santeexpo.live (inscription nécessaire)
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