Ibode : le taux de remplissage des écoles baisse sur fond de réforme incomplète

Ibode : le taux de remplissage des écoles baisse sur fond de réforme incomplète

Les écoles d’Ibode ne font toujours pas le plein en cette rentrée 2025. Leur taux de remplissage diminue alors même que leurs capacités d’accueil augmente. 

© Wavebreakmedia / ShutterStock

Le Collectif inter-blocs (CIB) a tiré la sonnette d’alarme sur la « chute inquiétante des effectifs dans les écoles d’Ibode à la rentrée 2025 », au regard des chiffres provenant de ses adhérents dans un certain nombre d’établissements de formation.

Pour Grégory Chakir, porte-parole du collectif, « ce n’est pas une surprise ».  Selon lui,  le fait que les Ide travaillant au bloc puissent désormais réaliser la totalité des actes exclusifs aux Ibode, dans le cadre de mesures transitoires et après une formation de 21 heures, ne pouvait qu’entraîner cette baisse. « C’est plus simple, explique-t-il, de délivrer des autorisations (aux IDE travaillant dans les blocs, NDLR) que de les envoyer en formation », en particulier pour les établissements privés, précise-t-il, tout en rappelant l’opposition du collectif à cette délégation des actes exclusifs des Ibode.

Places de formation en hausse

Entre temps, l’Association des enseignants d’écoles d’infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO) a obtenu les chiffres officiels émanant de ses écoles. Ils confirment la tendance crainte par le CIB : le taux de remplissage des écoles est passé de 76 % à la rentrée 2024 à 65 % à la rentrée 2025.

Une baisse inquiétante pour les écoles mais ce taux reste plus élevé qu’avant la mise en place des actes exclusifs, en 2015, souligne Evelyne Cames, présidente de l’AEEIBO.

Selon elle, ces chiffres ne sont pas à considérer de manière brute en analysant juste la rentrée 2025 car la capacité d’accueil des écoles d’Ibode a augmenté de moitié durant les dix dernières années, passant de 539 places en 2016 à 852 aujourd’hui.

Entre 2024 et 2025, onze places supplémentaires ont ainsi été ouvertes. Mais le nombre d’étudiants en formation, en valeur absolue, est passé de 639 à la rentrée 2024 à 553 à la rentrée 2025.

Ces chiffres nationaux cachent des différences entre écoles. Dans celles de Rennes, Orléans, Nîmes, Nice ou Bordeaux, le nombre d’étudiants a légèrement augmenté en cette rentrée. Dans celles de Brest, Caen, Montpellier, Reims ou Nancy, il se maintient, malgré une augmentation des capacités d’accueil. Ailleurs, ce nombre baisse.

Les disparités territoriales en termes de taux de remplissage ne reposent pas toutes sur les mêmes raisons, souligne Evelyne Cames : elles sont soit liées à l’augmentation de la capacité de formation des écoles, soit au fait que dans certains territoires le financement des formations repose davantage sur le secteur privé, dont les établissements et les organismes de gestion de la formation professionnelle financent moins les formations Ibode que le ceux du secteur public, ou encore aux difficultés de libérer les professionnels en raison du manque d’IBODE dans certains blocs opératoires.

Au final, « des professionnels ne viennent pas en formation faute de financement », regrette la présidente de l’AEEIBO. D’autres aussi car les perspectives salariales après deux ans d‘études supplémentaires ne sont pas assez attractives. Elles le sont moins, par exemple, que pour les infirmiers anesthésistes, fait-elle remarquer.

Contrat d’engagement à l’horizon

Pour elle aussi, la baisse était prévisible car la réforme des mesures transitoires est incomplète : il manque encore un arrêté qui doit préciser les contours du contrat d’engagement qui doit conduire les établissements employeurs, le ministère de la Santé et les écoles d’Ibode à promouvoir la formation et à accompagner les infirmiers « mesures transitoires » (c’est-à-dire habilités à réaliser les actes exclusifs des Ibode) vers la formation diplômante. Il devrait permettre d’identifier les établissements qui ne « joueraient pas le jeu » et de les pénaliser. Une réunion est prévue au ministère ce mois-ci pour évoquer le contenu de la dernière mouture de l’arrêté.

Une fois ce texte réglementaire publié, les inscriptions devraient suivre de nouveau une tendance à la hausse, même si « tout ne pourra pas se jouer d’un coup de baguette magique, du jour au lendemain », remarque Evelynes Cames, car outre le fait, pour les employeurs d’envoyer davantage d’IDE en formation, « c’est l’affaire de tous les professionnels de terrain de montrer l’importance d’être formé, de donner envie aux jeunes de se former, aux écoles d’innover sur le plan pédagogique et d’aller rencontrer les jeunes IDE », poursuit-elle.

D’ailleurs, un autre vivier de futurs Ibode se situe, selon elle, chez les IDE nouvellement diplômés. « À l’école de Toulouse (où elle est responsable pédagogique, NDLR), nous avions généralement six ou sept étudiants dans cette situation dans chaque promotion, note-t-elle, et aujourd’hui il y en a treize. » Dans certaines écoles, ce sont ces étudiants qui permettent, d’ailleurs, de limiter la baisse des effectifs.

Géraldine Langlois

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