« J’avais envie de partir à l’aventure, loin du cocon familial. Je rêvais d’indépendance et la perspective de me retrouver seul à l’étranger me réjouissait ».
Boris avait 19 ans quand il a décidé de partir de la France pour poursuivre ses études. Loin de son Pays Basque natal, il a opté pour la Belgique. Il avait échoué aux épreuves d’admission françaises et cette solution lui permettait d’intégrer une formation infirmière pour revenir ensuite.
En effet, un diplôme d’infirmier en soins généraux obtenu au sein de l’union européenne, de l’espace économique européen, de la Suisse ou même parfois ailleurs – lorsqu’il a déjà fait l’objet d’une reconnaissance dans un pays de l’Union Européenne – donne lieu à une reconnaissance automatique en France.
Les infirmiers ont simplement des formalités administratives à remplir auprès de la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale pour exercer en France.
Des niveaux pas toujours identiques
Ce qui cause des polémiques parfois. « Les niveaux sont supposés être identiques. Mais en Belgique par exemple, il y a deux types de formation. L’une se fait dans une école professionnelle, après seulement dix années d’études secondaires – soit un niveau seconde en France -, et l’autre est accessible uniquement après le baccalauréat. Dans ce cas seulement l’étudiant entre dans une formation universitaire, comme ici » explique Pascal Rod, président de l’ESNO (European specialists nurses organisation).
« C’est aberrant. Là-bas, ces deux niveaux sont bien distincts et les infirmiers n’ont pas les mêmes responsabilités et les mêmes possibilités d’évolution. Ici on les reconnaît pourtant de la même manière ». Pascal Rod appelle cela des « parcours facilitants ». D’où l’intérêt pour certains d’aller suivre une formation d’infirmier breveté en Belgique, accessible à 16 ans, sans bac, sans concours d’entrée.
En Suisse, à l’inverse, les études sont plus longues : une année de prépa obligatoire et trois ans d’études. Il faut impérativement avoir obtenu une moyenne de 12/20 au baccalauréat français pour intégrer un cursus.
Aucun intérêt stratégique donc, d’aller y suivre des études. Sauf si les échecs aux concours français sont répétés et que le candidat remplit les conditions d’entrée. « Il y a quelques années, nous avions quelques étudiants français. Mais cela se raréfie. D’autant que maintenant il y a une taxe très élevée à payer pour suivre ses études ici » explique Daniel Petitmermet, directeur de la haute école de santé, à Genève.
Partir hors d’Europe ?
En Europe, à moins de maîtriser parfaitement d’autres langues, il est difficile d’aller suivre des études ailleurs, excepté dans des sections francophones au Luxembourg. En Espagne, l’accès se fait uniquement après un bac scientifique et un examen de passage de deux jours. En Grande-Bretagne, il faut le bac et il y a aussi deux niveaux différents.
[dropshadowbox align=”none” effect=”lifted-both” width=”autopx” height=”” background_color=”#ffffff” border_width=”1″ border_color=”#dddddd” ]”En Europe, à moins de maîtriser parfaitement d’autres langues, il est difficile d’aller suivre des études ailleurs, excepté dans des sections francophones au Luxembourg.”[/dropshadowbox]
Dans le reste du monde, la seule équivalence admise serait le diplôme infirmier québécois, puisqu’un avenant à la reconnaissance mutuelle entre la France et le Québec a récemment été signé.
Pas d’équivalence automatique donc si un étudiant part étudier en Australie ou encore aux Etats-Unis. Pourtant les études et le niveau de qualification y sont réputés bien plus élevés. Pour éventuellement être dispensés d’une partie de la scolarité, les infirmiers diplômés en dehors de l’Europe devront donc passer devant un jury départemental. Tout comme les infirmiers spécialisés.
Spécialisations : au cas par cas
Contrairement aux infirmiers de soins généraux, les infirmiers spécialisés ne disposent pas d’équivalence automatique pour leur diplôme au sein de la communauté européenne. Chaque pays a ses propres spécialisations avec des durées d’études et des niveaux différents.
Lorsqu’un soignant français obtient un diplôme d’infirmier spécialisé à l’étranger, il doit passer devant un jury départemental pour faire reconnaître son diplôme en France.
En général, pour la spécialisation d’infirmier anesthésiste, seuls les diplômes délivrés au Luxembourg, en Hollande, au Danemark et en Suède sont considérés par ces jurys comme équivalents en termes de niveau avec le diplôme français.
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Le problème ne se pose pas pour la spécialisation d’infirmier de bloc opératoire car il n’est pas indispensable de la posséder pour exercer. Aucune équivalence ne pourra donc être exigée en France.
Même idée pour les infirmières puéricultrices. Cette spécialisation n’est indispensable que pour la gestion de structures de la petite enfance. Elle n’existe pas toujours dans les autres pays. Ailleurs, comme en Autriche par exemple, elle s’obtient souvent grâce à une formation directe d’infirmière pédiatrique, sans avoir à passer par la case infirmière. Équivalence impossible donc.
L’intérêt de se spécialiser à l’étranger serait plutôt pour un infirmier français de pouvoir suivre des formations inexistantes en France pour se perfectionner, comme celle d’infirmier spécialisé en oncologie en Irlande ou encore infirmier spécialisé en santé mentale et en psychiatrie en Belgique. Il est à noter qu’aucun titre ne pourra être délivré par la suite en France.
Récemment, un amendement à la directive 2005/36/CE, relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, a pris en compte pour la première fois le terme « infirmier spécialisé » dans son texte. Ce qui rendrait possible, si au moins dix pays de la communauté européenne s’accordent sur un niveau commun de formation, à attribuer des reconnaissances d’un pays à l’autre, sans passer devant une commission. Comme pour les infirmiers en soins généraux. Affaire à suivre.
Malika Surbled
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