« Je te rends service en ne te donnant pas le tiers-temps car de toute façon, ceux à qui je le donne ne réussiront pas le concours »; « il n’y avait qu’un seul référent handicap pour 700 étudiants ».
Ces situations, vécues par des Étudiants en situation de handicap (ESH) ayant répondu à l’enquête des neuf fédérations étudiantes, sont révélatrices des difficultés rencontrées par nombre d’entre eux dans le cadre de leurs études. « Nous avons souhaité mener cette enquête en commun car nous avons constaté que les ESH sont très mal informés, au sein de nos filières, de leurs droits », explique Pauline Bourdin, présidente de la Fnesi.
48.2 % des ESH victimes d’actes discriminatoires
Réalisée entre novembre 2023 et février 2024, l’enquête a permis de recueillir 838 réponses d’ESH, dont 582 ont accepté l’exploitation de leurs données.
48,2 % d’entre eux déclarent avoir subi des actes et/ou des comportements discriminatoires liés à leur situation de handicap lors de leurs études dans l’enseignement supérieur.
Ils sont 78,6 % à ne pas avoir signalé les actes discriminants dont ils ont été victimes. Et pour ceux qui l’ont fait, 85,6 % n’ont pas vu de réels changements.
Par ailleurs, 63,2 % des ESH craignaient que leur handicap entrave leur réussite scolaire et 30,6 % ne pensaient pas possible de bénéficier d’adaptations dans le cadre de leurs études.
44,5 % des ESH estiment que les référents handicap ne sont pas clairement identifiés et 37.6 % qu’ils sont inaccessibles. « Ce n’est pas parce que nous étudions dans des filières de santé que la discrimination est moindre », pointe Pauline Bourdin. Face à ces données alarmantes, les neuf fédérations ont élaboré une série de recommandations communes et des contributions propres à chacune, afin d’agir pour offrir aux ESH les moyens de réussir leurs études.
Un suivi des recommandations médicales
Les représentants des étudiants plaident notamment pour la mise en avant des contacts des Services de santé étudiante (SSE) et des Services handicap (SH) sur Parcoursup, Mon Master ou encore l’ONISEP.
Ils souhaitent également la mise à disposition d’informations sur l’accessibilité des terrains de stage, la mise en place d’un accès au suivi de la procédure de demande d’aménagements pour plus de transparence et le renouvellement automatique des aménagements sans nécessité de rendez-vous préalable avec le médecin du SSE actuellement obligatoire.
« De nombreux Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) sont délocalisés, et certains ESH doivent parfois effectuer plusieurs heures de route pour se rendre sur le campus pour voir le médecin, rapporte Pauline Bourdin. Sans compter que parfois, les recommandations du médecin ne sont pas écoutées par la commission pédagogique. »
Face à ces constats, la Fnesi souhaiterait un meilleur accompagnement des ESH par les référents handicaps, un suivi des recommandations médicales et la mise en place des services de santé universitaires ambulants allant à la rencontre de ces étudiants, dans les Ifsi notamment.
Lutter contre les discriminations
Par ailleurs, en réponse aux discriminations dont les ESH peuvent être victimes, les fédérations réclament la mise en place, par les établissements de formation, les facultés et universités, d’une politique de “tolérance zéro” envers le personnel des SSE et des SH ayant des attitudes discriminatoires vis-à-vis les ESH.
Elles souhaitent également que l’étudiant ait la possibilité de suivre son signalement et les avancées de la procédure. Et pour éviter la reproduction de conduites discriminantes, elles réclament la fermeture des terrains de stage et la mise en retrait des professionnels concernés, en cas de discrimination avérée.
Adapter les bâtiments
La Fnesi demande également que des moyens soient alloués pour la mise aux normes des établissements de formation. Depuis le 1er janvier 2015, tous les Établissements recevant du public (ERP) doivent être accessibles aux personnes en situation de handicap et à mobilité réduite. « Mais ce n’est pas encore le cas de tous les Ifsi par manque de financement ou mauvaise utilisation des fonds », regrette Pauline Bourdin.
Enfin, la Fédération plaide pour une meilleure acculturation des étudiants en soins infirmiers au handicap. « Aujourd’hui, nous n’avons qu’une seule unité d’enseignement (UE) qui y est dédiée, fait savoir Pauline Bourdin. Nous voudrions que l’enseignement soit transversal à toutes les UE afin de comprendre la prise en charge globale à offrir aux personnes en situation de handicap. » Un sujet abordé dans le cadre de la refonte en cours des études en sciences infirmières.
Laure Martin
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