Équipes paramédicales de médecine d’urgence : l’avis plutôt favorable de l’IGAS

Équipes paramédicales de médecine d’urgence : l’avis plutôt favorable de l’IGAS

Dans un rapport d’évaluation des mesures dérogatoires portant sur les soins urgents non programmés (mesures issues de la « mission flash » sur les urgences), l’IGAS considère que les équipes paramédicales de médecine d’urgence (EPMU) « doivent pouvoir faire partie du panel des solutions proposées ». L’administration recommande qu’une analyse détaillée et chiffrée soit conduite au plus tard à la fin  du 2e trimestre 2023.
Équipes paramédicales de médecine d’urgence : l’avis plutôt favorable de l’IGAS
© tadamichi / ShutterStock

Donner la possibilité au médecin régulateur du SAMU d’autoriser l’envoi d’une équipe d’intervention des SMUR, composée d’un conducteur et d’un infirmier formé aux soins d’urgence ? L’évaluation de cette mesure temporaire, mise en application cet été – parmi d’autres – pour faire face à la crise des urgences , était particulièrement attendue.

L’objectif de cette mesure « est de pouvoir apporter une réponse précoce adaptée à certaines situations d’urgence, le cas échéant dans l’attente d’un SMUR », rappelle l’IGAS.

L’instruction prévoit que les professionnels composant ce vecteur soient formés aux soins d’urgence et justifient d’une expérience professionnelle en SMUR, dont la qualité est « appréciée par le chef de service ».

Nombre de déclenchements chiffré

L’IGAS a donc évalué et chiffré la mesure, en prenant en compte les remontées de terrain, même si  « les données disponibles ne sont pas suffisamment complètes à cette date. »

L’administration note ainsi, parmi les répondants, la mise en place d’EPMU dans sept régions : Une dans trois régions (Occitanie, Hauts de France, PACA), deux dans deux régions (Grand-Est, Normandie), trois dans une région (Nouvelle-Aquitaine) et 9 dans une région (Pays de Loire).

Le nombre de déclenchements le plus important est en Pays de Loire (91 en juillet, 122 en août), Hauts de France (26 en juillet, 22 en août) et Nouvelle Aquitaine (13 en juillet et 3 en août).

Dans la quasi-intégralité des cas (entre 88% et 100%), la prise en charge des patients a nécessité un transport au SAU. De même, dans la presque totalité des situations, un renfort SMUR a été nécessaire, « ce qui signifie que les sorties ont bien été déclenchées sur des urgences graves, et en amont d’une intervention SMUR. »

Avis positifs

L’avis sur l’efficacité de la mesure, selon les ARS (Agence régionale de santé) est très positif dans les endroits où elle a été mise en place. Il est « faible » lorsqu’il n’a pas été possible d’apprécier le dispositif.

L’IGAS note ainsi que la mesure a contribué à un gain de temps en intervention par rapport à l’arrivée du SMUR, « au bénéfice du patient ». Par ailleurs, elle est « appréciée en tant que relai dans les zones rurales » et elle « apporte une valeur ajoutée en particulier lorsque les lignes de SMUR ont du mal à être préservées ».

La mesure est plébiscitée par les directeurs des centres hospitaliers généraux, qui souhaiteraient que les EPMU soient activées toute l’année, indique aussi l’IGAS.

Elle contribue également à l’enjeu de l’attractivité pour les IDE.

Points d’attention

Toutefois, note l’IGAS, la mise en place de la mesure suppose que « les établissements puissent s’appuyer sur des ressources humaines paramédicales en nombre suffisant, soit par redéploiement des services d’urgences fermés la nuit, soit par la création de temps supplémentaires ou renforts d’infirmiers libéraux (autre mesure de la mission flash, ndlr) ».

Aussi, les protocoles de déclenchement et de prise en charge « doivent être très bien définis » en amont « pour que les actes réalisés soient faits en sécurité pour le patient et pour les personnels IDE ».

Par ailleurs, la mise en place – et la pérennisation potentielle donc – de cette solution « nécessite du temps de formation et de mise en œuvre opérationnelle », pour qu’elle puisse être évaluée de façon précise. L’articulation avec les autres modes d’interventions paramédicales doit aussi être précisée, fait savoir l’IGAS.

Rédaction ActuSoins

L’expérience de la Sarthe

Dans son rapport, l’IGAS fait un focus sur l’expérience de la Sarthe. Une EPMU y a été déployée dans un cadre expérimental dès mai 2022 à Château-du-Loir, avec une équipe IDE et un conducteur ambulancier, régulés par le SAMU selon le protocole PISU (Protocole infirmier de soins d’urgences).

Des critères de déclenchement ont été établis : Catégorie 1 : PISU en attente de l’arrivée d’un SMUR, notamment pour les problèmes cardiaques, les convulsions, les chocs anaphylactiques (56% des interventions) ; Catégorie 2 : PISU sans envoi de SMUR, notamment pour douleurs aigues, traumatismes, coma hypoglycémiques (40% des interventions) ; Catégorie 3 : polytraumatisés, notamment accidentés de la route (rare) ; Catégorie 4 : urgence intra-hospitalière (très rare).

Le gain de temps moyen a été évalué à 21 minutes sur l’arrivée du SMUR. La mesure a aussi permis de libérer du temps de SMUR et a été accueillie avec « grande satisfaction » par les personnels IDE, rapporte l’IGAS.

Le succès de cette expérimentation a d’ailleurs conduit au déploiement de plusieurs autres EPMU, en Mayenne et en Vendée.

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