Un binôme infirmier-ambulancier pour réduire les passages aux urgences

Un binôme infirmier-ambulancier pour réduire les passages aux urgences

Pour diminuer les passages inutiles aux urgences, une expérimentation est en cours en Ille-et-Vilaine. Des infirmiers et des ambulanciers peuvent être sollicités par le Samu-Centre 15 pour une intervention en binôme au domicile des patients les weekends et les jours fériés.
Un binôme infirmier-ambulancier pour réduire les passages aux urgences
Photo d’illustration. ©Photoroyalty/ ShutterStock

Prévue pour le moment jusqu’à la fin du mois de juin, l’expérimentation permet au Samu-Centre 15 d’Ille-et-Vilaine de déclencher l’envoi de Véhicules légers ambulancier infirmier-infirmier correspondant Samu (VLAI-ICS), pour répondre à certaines prises en charge déterminées et ainsi éviter un passage aux urgences.

Cette expérimentation constitue l’un des projets labellisés à l’échelon régional dans le cadre du Conseil national de la refondation en santé.

Quatre indications d’intervention

À la suite de l’appel d’un patient au Centre 15, le régulateur peut décider de l’envoi, au domicile, soit de la filière Samu-Pompier, soit des ambulanciers.

Lorsque ces derniers interviennent, ils assurent un retour au Samu, et c’est à ce stade que l’intervention du VLAI-ICS peut être déclenchée.

Posté au sein de l’une des entreprises de transport sanitaire participant à l’expérimentation, le binôme d’astreinte sur une période de onze heures, intervient au domicile avec un véhicule armé pour les soins. « Nous intervenons pour quatre missions, explique Rozenn Cassonnet, infirmière libérale et vacataire dans le cadre de ce dispositif. Pour les premières médications et la mise en œuvre des soins de premier niveau ; pour évaluer la possibilité d’un maintien à domicile ; pour accompagner la gestion des pompes à morphine lors de transferts entre deux établissements ; enfin pour l’évaluation des patients chuteurs à domicile. »

Et d’ajouter : « Nous apportons notre œil de soignant, de technicien du domicile. C’est d’autant plus important que les patients dépendants n’ont pas l’envie d’aller aux urgences et préfèrent rester chez eux s’ils le peuvent. »

« Les chutes par exemple, représentent un motif important de recours aux urgences, alors que le bénéfice n’est pas toujours certains, pointe le Dr Tarik Cherfaoui, chef de service adjoint Urgences SAMU SMUR au CHU Rennes. L’évaluation par le binôme peut ainsi permettre de différer l’hospitalisation dans un service dédié. »

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Réponse à un manque d’effecteurs

L’idée de ce binôme vient des ambulanciers. « Nous nous sommes aperçus, sur le terrain, qu’il manquait un effecteur entre nous et la coordination du Samu », souligne Vincent Tizon, président de l’association des transports sanitaires urgents d’Ille-et-Vilaine, co-porteur du projet.

Et de poursuivre : « Nous voulions nous rapprocher des infirmiers car notre domaine d’intervention est restreint et souvent le médecin régulateur nous demande d’amener des patients aux urgences car il ne veut pas prendre de risque. Nous nous devions de trouver une solution alternative. »

L’Association des transports sanitaires d’urgence (ATSU) du département a donc élaboré un projet avec les représentants du Samu et deux infirmiers formateurs avant de le présenter à l’Agence régionale de santé (ARS). « Elle a adhéré au projet et nous a permis de l’expérimenter pendant un mois l’été dernier », précise le Dr Cherfaoui.

Désormais Le binôme est opérationnel les samedis et dimanches de 9 h à 20 h ainsi que les jours fériés, avec 12 infirmiers salariés et libéraux ainsi que 16 ambulanciers impliqués.

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Formation obligatoire

Pour faire partie du dispositif, les infirmiers doivent détenir une ancienneté de deux ans dans le diplôme et une Attestation de formation aux gestes et soins d’urgence (AFGSU) à jour.

« Nous avons aussi élaboré une formation obligatoire de deux jours, en simulation », précise Vincent Tizon. Elle vise à confirmer, si besoin, les connaissances des infirmiers et ambulanciers dans la gestion des situations d’urgences non vitales rencontrées en préhospitalier et à apprendre à deux univers soignants, à travailler ensemble de manière étroite.

« Nous sommes parvenus à tisser des liens entre nos deux professions, se félicite Vincent Tizon. Nous avons une reconnaissance mutuelle, et pour les ambulanciers, ce nouveau rôle est attractif car il sort de nos activités courantes. »

« C’est rassurant de travailler ensemble d’autant plus que les ambulanciers connaissent très bien leur matériel et nous pouvons nous appuyer les uns sur les autres », ajoute Rozenn Cassonnet. L’équipe utilise des outils spécifiques au Samu, notamment une tablette et des objets connectés.

L’objectif est désormais de parvenir à pérenniser le dispositif, en sachant que l’issue de cette nouvelle période d’expérimentation coïncide avec le début de la période estivale. « Nous aimerions aussi étendre la plage horaire d’intervention au vendredi et au lundi, précise le Dr Cherfaoui. Rien qu’hier, lundi, nous avons dû gérer sept dossiers qui auraient pu l’être par le VLAI-ICS. »

Laure Martin

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