A peine nommée à la tête du vaste ministère des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine est attendue de pied ferme par les syndicats infirmiers. Revue de détail des principales demandes et revendications de quatre syndicats infirmiers :

Poursuite de l’universitarisation des études infirmières tout d’abord, avec “La mise en place de masters de pratique avancées, notamment pour le suivi de pathologies chroniques”, qui, selon Thierry Amouroux le secrétaire général du SNPI, participerait à “l’attractivité de la profession”.
Deuxième dossier: développer les deuxièmes parties de carrière, avec notamment la mise en place d’un système pour les “anciennes” IDE, leur permettant d’assurer un mi-temps en service tout en se consacrant l’autre partie de leur exercice au tutorat des étudiants ou des jeunes diplômés.
Dernier point évoqué par le SNPI : résoudre les “aberrations” de la prescription infirmière telle qu’elle existe actuellement pour les libéraux, leur empêchant notamment une prise en charge complète des pansements.
Une consultation infirmière dans les déserts médicaux
Pour Béatrice Galvan de l’Organisation Nationale des Syndicats d’Infirmiers libéraux (ONSIL), l’un des chantiers prioritaires de la nouvelle ministre devrait être la création d’une consultation infirmière au sein des “déserts médicaux” : “Nous sommes une profession prescrite, donc nous ne pouvons rien faire s’il n’y a pas de médecins dans les zones sous-dotées :” assène la responsable syndicale. “Soyons déjà utiles sur notre rôle propre ! Créer des expérimentations dans ces zones, ce serait un projet intelligent qui ne coûterait pas grand chose à l’Assurance Maladie, puisque nous sommes déjà là”.
Résoudre une fois pour toute la question ordinale
“Beaucoup d’attentes” pour la fédération nationale des infirmiers (FNI). Sur la question de l’Ordre de prime abord : “on attend une position politique claire sur ce sujet, les libéraux ne peuvent pas continuer à être les vaches à lait d’une institution dans laquelle ils sont ultra minoritaire et qui n’a pas les moyens de fonctionner.” précise Philippe Tisserand, son président.
Première étape pour la FNI : revenir à une “cotisation unique”. Si cette revendication n’aboutit pas, “il faudra se demander ce qu’on fait de cet ordre, qui ne doit pas devenir un handicap pour les IDEL” conclut-il.
Autres motifs d’inquiétude pour l’organisation syndicale : Le projet de porter la retraite des libéraux à 67 ans. “Inenvisageable” pour Philippe Tisserand, qui demande également un “arrêt des initiatives parlementaires qui viennent écraser les mesures conventionnelles”.
La Fédération Nationale des Infirmiers éditera dans les prochains mois une publication : “Horizon 2030 : vision des soins infirmiers ambulatoires”, qui proposera une “vision sur l’évolution des besoins, la façon dont le système de santé devra faire face aux enjeux de santé publique”, avec des “mesures concrètes à prendre dès aujourd’hui”.
Vers une réelle revalorisation salariale
Nathalie Depoire, elle, résume les attentes de la coordination nationale infirmière en une phrase : “Amélioration des conditions de travail et d’exercice, avec une filière de formation complète dédiée aux infirmière”.
Et la présidente de la CNI de conclure sur sa volonté de voir enfin une “vraie reconnaissance salariale qui correspond à nos compétences et responsabilités.”
Retour à une formation initiale centrée sur “l’âme infirmière” et abandon du numerus clausus
Pour Hugues Dechilly, secrétaire général du syndicat Résilience, la question ordinale n’est pas sujette à discussion : “nous continuerons d’exiger l’abrogation immédiate de cet Ordre”, confirme-t-il.
Autre grande priorité pour l’organisation syndicale : revenir à une formation infirmière plus pragmatique, “centrée sur l’âme de notre métier”. Pour Hugues Dechilly, la formation actuelle est en effet “coupée des réalités de terrain, ce que même les étudiants actuellement en formation reconnaissent.”
Le secrétaire générale se positionne également en faveur d’un abandon du numerus clausus et de l’ouverture à la formation bien plus large, pour résoudre définitivement la pénurie en IDE.
Parmi les thèmes chers à Résilience, on retrouve également la question de la pénibilité, et la fin de la différence faite entre catégorie A et B dans la fonction publique, alors que “la pénibilité de notre travail reste exactement la même.”
Pour les étudiants infirmiers, un objectif : l’égalité
Les étudiants en soins infirmiers n’ont pas attendu l’annonce de la formation du gouvernement. Dès le résultat du deuxième tour connu, la Fédération Nationale des Etudiants Infirmiers a adressé une lettre ouverte à François Hollande.
Pour Jonathan Catinaud son vice-président en charge de la Communication, l’urgence est avant tout d’assurer “l’égalité totale des droits des étudiants en soins infirmiers avec leurs collègues de l’enseignement supérieur”, notamment en matière de bourses d’études ou d’accès aux infrastructures universitaires. Ce dossier sera géré conjointement avec Geneviève Fioraso, nouvelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Thomas Duvernoy
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