Qu’elles soient dues à l’absentéisme ou à des effectifs insuffisants, les surcharges de travail sont le lot quotidien de beaucoup de services hospitaliers.
Pour y pallier, les établissements de santé déploient des pools de remplacement dont la mobilisation manque parfois de réactivité.
Le GHLR utilise une méthode statistique validée pour objectiver ses besoins et répartir ces ressources de façon équitable dans ses 25 services de médecine et de chirurgie : les SIIPS, Soins Infirmiers Individualisés à la Personne Soignée.
Isabelle Briatte, cadre de santé en charge du pool de remplacement (50 soignants) explique : « cette méthode statistique est un indicateur de l’activité en soins infirmiers à travers lequel on peut établir pour chaque malade les besoins requis en soins de base, soins techniques et soins relationnels et éducatifs ».
La cotation qui a initialement été développée pour évaluer statistiquement et de façon rétroactive la répartition des tâches infirmières dans un autre hôpital (CH Val d’Ariège), a été utilisé ici de manière prospective : « chaque midi, les soignants des services cotent les SIIPS des 600 patients. L’après-midi, nous comparons les scores de tous et décidons pour le lendemain l’attribution des compétences du pool de remplacement dans les services qui apparaissent comme les plus lourds ». Un contact direct avec le service permet de s’assurer que les besoins restent d’actualité le jour de l’attribution.
Une démarche sécurisante
« C’est une méthode vraiment très importante car elle nous permet d’objectiver les demandes de renfort, explique Mercedes Michel, cadre supérieur de santé en charge de l’organisation. Comme nous l’avions constaté lors d’une étude préalable de faisabilité, ce ne sont pas toujours ceux qui réclament le plus qui en ont le plus besoin. Avec cet outil nous pouvons répartir les équipes de renforts de manière juste, équitable et lisible par tous».
Au final, c’est une petite révolution qu’ont vécue les services hospitaliers, comme l’explique Caroline Coirier, infirmière du pool de remplacement : « nous n’intervenons plus seulement pour répondre à l’absentéisme, mais aussi pour renforcer les services débordés. On ressent vraiment la surcharge en travail lorsqu’on arrive dans le service, et les équipes se montrent très reconnaissantes de notre présence et de notre intervention ».
Marie Le Chevert, infirmière en pneumologie, confirme : « apporter du renfort lorsque nous vivons une surcharge de travail est très sécurisant, notamment lorsqu’on travaille de nuit. Cette démarche nous a donné le sentiment que la direction reconnaissait notre travail et notre rôle ».
Le travail soignant reconnu
Sur le papier, l’initiative est concluante : la variation actuelle de la charge en soins entre les différents services n’excède plus 25 %. Mais ce succès aura demandé un travail de fond en amont pour vaincre les réticences.
Caroline Coirier raconte : « les équipes craignaient que l’utilisation de l’outil ne soit chronophage. Mais une fois habitué, il faut moins de 10 minutes pour le remplir».
Autre inquiétude exprimée : celle de se voir inopinément retirer du personnel. Une crainte infondée.
« Nous utilisons même cet outil pour projeter les ressources soignantes nécessaires lorsqu’on augmente ou que l’on diminue le nombre de lits dans un service » précise la cadre supérieure de santé.
Une fois toutes les équipes formées et sensibilisées à l’outil, aucune difficulté n’a été relevée. « A travers les audits annuels que nous conduisons, nous n’avons jamais vu de surcotation ‘gratuite’ des SIIPS, renchérit Isabelle Briatte. Cela est toujours révélateur d’une difficulté, et nous en discutons alors avec les soignants ».
Parallèlement, l’établissement a mesuré les Activités Afférentes aux Soins (AAS) pour quantifier le temps infirmiers non dédié aux soins dans chaque service. Ce travail a débouché sur de nouvelles organisations et de nouveaux métiers (coursiers, rangeurs…), permettant aux infirmières de se recentrer sur leur cœur de métier.
Au final, résume Marie Le Chevert, une vraie démarche en faveur de « la valorisation du travail des soignants ».
Caroline Guignot
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Les SIIPS (http://www.siips.org/) ou les PRN ( http://papidoc.chic-cm.fr/36pmsiprn.html) sont des méthodes éprouvées qui ont permis de mettre en place le calcul de la charge en soins infirmiers. Ces outils permettent d’adapter les effectifs dans les services de soins. Ils sont utiles tant qu’ils ne démontrent pas que les effectifs ne sont plus suffisants pour l’assurer. Ce fut le cas au CHU de Besançon par exemple ou la direction des soins l’a abandonné quand tous les services sont passés au rouge. Ce n’est pas un thermomètre qui peut faire baisser la température.