Un label pour valoriser le « bien-vivre » en établissement senior

Le Label Vivre est le premier label indépendant d’établissement senior qui s’appuie sur l’expérience des résidents, des proches et des professionnels, dont les infirmiers. L’objectif de cet outil de communication  : rénover le lien de confiance et témoigner de l’engagement des équipes.

Un label pour valoriser le bien-vivre en établissement senior

© Jacob Lund / ShutterStock

« Ce ne sont pas des avis en ligne, c’est tout sauf le Tripadvisor des Ehpad. On ne regarde pas un Ehpad comme on choisit une pizzéria, on parle d’une communauté de vie », prévient Stéphane Dardelet, cofondateur du Label Vivre, une démarche de mesure et de labellisation en établissement senior. 

Qu’il s’agisse d’Ehpad, de résidences autonomie, de résidences services, d’habitats partagés et inclusifs, le label s’adresse à des établissements de toute taille, désireux de faire valoir la reconnaissance exprimée par les résidents mais aussi la qualité de vie au travail de leurs salariés.

Trois questionnaires différents sont destinés aux résidents, aux proches et aux salariés, interrogés de façon anonyme. « Ce label permet à l’établissement d’être plus attractif auprès des différents publics, notamment les professionnels, dans le contexte actuel de difficulté de recrutement et de turn-over important », précise Stéphane Dardelet.

Avec Mayeul l’Huillier, cofondateur, ils souhaitent « contribuer à rénover un lien de confiance indispensable entre les établissements de prise en charge des seniors et leurs publics », quelques mois après les révélations du livre Les Fossoyeurs, de Victor Castanet. « Tout ce qu’on entend quotidiennement de négatif est un arbre qui cache une forêt de salariés ultra engagés au service de nos aînés. Il y a aujourd’hui 700 000 places en Ehpad. On ne saura pas faire sans demain, quand on regarde le vieillissement de la population », souligne l’entrepreneur bordelais, membre du Gérontopôle Aquitaine.

Un fort niveau d’engagement des personnels

Lors de la phase d’expérimentation, 400 résidents, 300 proches et 300 salariés ont été questionnés sur les différents aspects de leur vie en établissement : les relations avec le personnel, l’alimentation, la vie sociale, la bientraitance, les services… Une méthodologie a été spécifiquement pensée pour recueillir la parole des personnes âgées, en prenant en compte les difficultés de vision, d’audition et de communication. « Faire appel à un tiers permet de ne pas solliciter les équipes et favorise la confiance et la liberté de parole des résidents », souligne Stéphane Dardelet, qui tient à faire passer un bon moment au résident « avec un cocktail subtil alliant du savoir-vivre, de la politesse, un accord, de la bienveillance, des sourires et des rires ».

Alors que le Label Vivre a été officiellement lancé fin janvier, une quarantaine d’établissements devraient être labellisés en 2024, dont 50 % d’Ehpad. Du côté des professionnels, la démarche est accueillie chaleureusement. « J’ai toujours eu ce souci de mesurer la qualité. Ce qui m’a intéressé avec Label Vivre, c’est que c’est très adapté à nos usagers et que je ne suis donc pas juge et partie. Les résultats nous ont été présentés en comité de direction et en conseil de la vie sociale, dans un souci de transparence totale », témoigne Mickael Chaleuil, directeur de l’Ehpad Saint-Dominique à Arcachon (Gironde), qui accueille 99 résidents.

Membre actif du Gérontopôle, c’est l’un des premiers établissements à être entré dans l’expérimentation. « La difficulté est d’avoir le temps et les moyens pour mettre en œuvre les axes d’amélioration qui sont apparus, en l’occurrence la communication interne et externe. Nous devons nous adapter aux différentes générations qui n’utilisent pas les mêmes canaux. Cela dans un contexte où les prises en charge sont de plus en plus tardives ( âge moyen d’entrée de 92 ans) et de plus en plus lourdes ». Cette labellisation, pense-t-il, contribue à « se démarquer » et « redonner du sens ». « Même s’il faut avant tout engager un incontournable et complexe travail de fond général : modernisation des pratiques, formation, gestion des carrières… ».

Directrice de l’hôpital de proximité de Belvès (Dordogne), qui comprend un Ehpad et une résidence autonomie, Patricia Champion apprécie le procédé qui a mis en avant la forte satisfaction des résidents et de leurs proches. « Cela a rassuré les salariés et permis de booster les équipes qui avaient tendance à se dévaloriser, dans un contexte de forte pression psychologique, avec les effets du scandale Orpéa. »

 Si le manque d’attractivité du travail en Ehpad reste prégnant, cette labellisation sera aussi utile pour la procédure de certification en cours. L’établissement vient de postuler aux Trophées de l’expérience patient 2024, en mettant en avant ce projet orienté vers l’amélioration des relations entre usagers et professionnels de santé. 

Gaëlle Desgrées du Loû

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