Infirmier en unités mobiles hospitalières paramédicalisées : quelle formation pour quelle mission ?

La formation de 5 jours, destinée aux infirmiers et ambulanciers des unités mobiles hospitalières paramédicalisées, sera dispensée en 2024 dans les 103 Centres d’enseignement de soins d’urgence (CESU).

Infirmier en unités mobiles hospitalières paramédicalisées : quelle formation pour quelle mission ?

Photo d'illustration © loreanto / ShutterStock

Présentée au ministère de la Santé au printemps 2023, la proposition d’unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P) aura mis à peine quelques mois à devenir réalité. L’objectif ? Graduer les moyens de prise en charge des patients pour les urgences préhospitalières.

Les médecins régulateurs de centre 15 auront désormais la possibilité de faire intervenir un équipage mixte composé d’un ambulancier et d’un infirmier pour toute situation médicale qui ne nécessite pas la présence physique d’un médecin (ou dans l’attente de son intervention). « En aucun cas, cela enterre l’intérêt de la présence du médecin en préhospitalier puisque cette présence est indispensable et obligatoire pour de nombreuses pathologies », précise le Dr Gaël Gheno, président de l'Association Nationale des Centres d’Enseignement des Soins d’Urgence (ANCESU) et chef de service SMUR terrestre et héliporté au CESU 74.

La formation, règlementée par un arrêté, s’adresse aux ambulanciers en SMUR et aux infirmiers qui exercent dans une structure d’urgence depuis au moins deux ans, avec une expérience dans la pratique de l’activité spécifique de SMUR depuis au moins un an. Autres conditions pour y accéder : être titulaire de l’AFGSU 2 (gestes et soins d’urgence de niveau 2) et avoir validé un parcours pédagogique en ligne d’une journée qui porte notamment sur les grands principes des UMH-P (aspects organisationnels, législatifs, champs de compétences…).

Simulation et études de cas

Après cette formation à distance, place à la pratique et à la simulation pleine échelle pendant 28 h en présentiel.

Les thèmes des prises en soins ont été définis : douleur médicale ou traumatique ; hypoglycémie avec trouble du comportement, agitation et difficulté de re sucrage par voie oral ; douleur thoracique non traumatique à faible risque de SCA ; tableau évocateur d’une crise convulsive généralisée, patient aux antécédents de convulsion ; dyspnée sans signe de détresse respiratoire chez un asthmatique connu ou un patient BPCO connu, ne cédant pas au traitement habituel ; hémorragie extériorisée ; lipothymie et/ou dyspnée survenant dans un contexte évocateur d’allergie, brûlure localisée du 2° ou 3° degré avec hyperalgie.

Pour les personnes qui auront été jugées suffisamment expérimentées, une formation plus légère de 7 heures est prévue, via une grille de validation des acquis de l’expérience. « Nous imaginons deux formations complètes par an avec une douzaine de participants par formation, soit 2 500 personnes formées par année dont la moitié d’infirmiers, indique le Dr Gaël Gheno. S’il y a beaucoup de demandes dans certains départements, on espère pouvoir rajouter des sessions ».

Les premières unités mobiles sont déjà opérationnelles alors que des formations UMH-P ont été organisées dans certains départements précurseurs. C’est le cas par exemple du CESU de la Côte d’Or pour les IDE et IADE des Hospices civils de Beaune et du CHU Dijon Bourgogne.

Gaëlle Desgrées du Loû

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Bientôt des infirmiers correspondants de SAMU

Faire en sorte que chaque patient qui se situe en zone isolée ou à distance d’un SMUR puisse bénéficier d’une première réponse rapide et efficace, avec un intervenant formé : c’est tout l’enjeu de la création des infirmiers correspondants de SAMU.

Le statut de correspondant de SAMU est officiellement élargi aux infirmiers libéraux depuis l’arrêté du 29 décembre 2023. Moins abouti que celui des UMP-H, le projet reste pour l’instant au stade de l’expérimentation. « Nous avons écrit un référentiel national qui est entre les mains de la DGOS et devrait être rapidement diffusé via les ARS à tous les acteurs des formations infirmiers correspondants de SAMU »,explique Gaël Gheno, président de l'ANCESU , qui a travaillé aux côtés de la Société française de médecine d’urgence, de SAMU-Urgences de France, de l’association des Médecins correspondants de SAMU et de plusieurs représentants des infirmiers libéraux.

Le principe est calqué sur celui des médecins correspondants de SAMU : l’infirmier libéral en secteur rural, volontaire et formé à l’urgence, intervient sous la supervision du médecin régulateur lorsqu’un patient en urgence vitale ou potentiellement vitale est situé à plus de 30 minutes d’un SMUR ou d’une UMP-H. Titulaire de l’AFGSU 2, l’infirmier devient effecteur de l’Aide médicale urgente (AMU) après une formation destinée à lui apprendre à travailler, soit en autonomie en l’absence de médecin SMUR, soit en équipe pluri-professionnelle, dans des situations clairement établies (1).

 Assurée par une équipe composée de professionnels ayant une double compétence de pratique médicale extrahospitalière (médecin, IPA, IADE, IDE) et de pédagogie, la formation initiale de 4 jours, dispensée dans les CESU, sera complétée par un stage ou une période d’immersion d’une durée minimale de 35h dans des structures d’urgence, de SAMU-SMUR ou au siège de son SAMU. Une formation continue de 2 jours est également prévue chaque année. « Cette activité qui va dans le sens de la réingénierie de la profession d’infirmier permet de contribuer au désengorgement des services d’urgences, de mieux orienter les patients, d’éviter les hospitalisations inutiles ou d’accélérer celles qui sont nécessaires », souligne Gilles Chollet, président de la FNI Seine-et-Marne et membre du groupe de travail national sur les ICS. « Avec cette intervention en nid d’abeille, l’idée est vraiment de faire un essaim de professionnels complémentaires autour du patient pour le prendre en charge le plus vite possible, de manière ciblée », ajoute-t-il.

(1) arrêt cardiaque de l’adulte et de l’enfant ; douleur médicale ou traumatique de l’adulte et de l’enfant ; Hypoglycémie avec trouble de conscience et/ou du comportement de l’adulte et de l’enfant ; Douleur thoracique non traumatique ; Tableau évocateur d’une crise convulsive généralisée ; Trouble de la conscience dans le cadre d’une intoxication ; Dyspnée aigue ; Hémorragie sévère de l’adulte et de l’enfant ; Anaphylaxie ; Brûlures graves ; Accouchement inopiné

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