Assises de la pédiatrie : les attentes des infirmiers puériculteurs

Réingénierie de la formation, compétences en pratique avancée, cotation des actes… Les attentes des infirmiers puériculteurs sont nombreuses dans le cadre des travaux préparatoires aux Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant.

Assises de la pédiatrie : les attentes des infirmiers puériculteurs

© Jose Luis Carrascosa / ShutterStock

C’était le 7 décembre dernier… À cette date, les travaux préparatoires aux Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant ont commencé.

Six grands axes ont été définis, dont le premier, intitulé "Garantir à tous les enfants un parcours de santé de qualité et sans rupture", est co-présidé par Charles Eury, président du Collège des infirmièr.e.s puériculteurs.rices (CIP).

L'objectif est d'apporter des réponses à moyen et à long terme pour restructurer le système de prise en charge de la santé de l’enfant, mais pas de répondre à l'urgence actuelle des hôpitaux, explique-t-il. L'idée est de revoir les choses dans leur globalité, avec tous les secteurs, pour améliorer l'organisation du parcours de soins des plus jeunes”.

À cette fin, les six groupes de travail vont se réunir toutes les six semaines pour faire des points d’étapes. Un comité d’orientation des travaux devra ensuite remettre toutes leurs propositions afin d’élaborer une feuille de route pluriannuelle qui sera présentée lors des Assises de la pédiatrie, au printemps 2023.

Les soins pédiatriques en crise

Épidémie de la Covid-19, celle de la bronchiolite… Ces travaux préparatoires s’ouvrent dans un contexte tendu pour les soins pédiatriques.

D’ailleurs, en octobre et en novembre derniers, deux lettres ont été adressées au président de la République pour alerter sur la dégradation des soins dans ce secteur.

La dernière a récolté 10.000 signatures de soignants en pédiatrie. "Jamais la situation n'a été si dégradée, peut-on lire dans cette tribune. Les soignants sont en souffrance devant les situations inédites de choix et de priorisation insupportables auxquelles ils doivent faire face. (...) Des mesures structurelles et pérennes doivent être annoncées en urgence”.

Les Assises qui auront lieu au printemps 2023 sont donc très attendues par les IPDE, un maillon essentiel du système de prise en charge de la santé de l’enfant à l’hôpital et en ville.

Masterisation

C’est une revendication ancienne et qui sera au cœur des discussions de ces travaux préparatoires : la réingénierie du diplôme d'État des infirmiers puériculteurs.

Le Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (CEEPAME) plaide pour que la formation des IPDE passe de 12 mois à deux ans et qu'elle soit reconnue au grade Master.

Les représentants du CEEPAME dénoncent également l’inadéquation du programme - mis au point en 1983 - avec l’exercice actuel de la profession et les nouvelles missions demandées aux IPDE. “Le référent Santé et Accueil inclusif, en vigueur depuis septembre 2021, n’est pas enseigné dans nos programmes alors que c’est l’une de nos nouvelles missions, indique Anne Dannenmuller, Présidente CEEPAME et Directrice adjointe de l’Institut de Formation d'auxiliaires de puériculture et de puéricultrices (IFP). Par exemple, l’examen prénuptial, qui a été abrogé en 2008, est encore dans le programme alors que les nouvelles formes de parentalités ne sont pas prises en compte. Bien sûr, les écoles adaptent et actualisent le contenu de la formation mais il faut un cadre national pour garantir le même enseignement dans tous les établissements”.

Tous ces changements devraient être discutés au sein du groupe de travail "Renforcer la formation des professionnels et faire évoluer les métiers de la santé de l'enfant" et pourraient permettre, s’ils aboutissent, d’améliorer la qualité des soins pédiatriques.

Pratique avancée et cotation des actes

Autre attente de la profession autour des Assises de la pédiatrie : la reconnaissance de certaines compétences en pratique avancée, qui permettrait de confier des actes spécifiques aux puériculteurs, experts des soins à l’enfant et ainsi faciliter la création d’une nomenclature d’actes spécifiques.

Tout ce qui relève du conseil en puériculture, de l’accompagnement à la parentalité - conseils autour de l'alimentation, du sommeil de l'enfant, etc. -, aujourd'hui, ce n'est pas remboursé, développe Charles Eury. Les parents qui souhaitent avoir ce type de prestations doivent payer cher et, autre problème, comme il ne faut pas de formation spécifique, ceux qui les proposent ne sont pas toujours des professionnels… Alors que les IPDE pourraient très bien le faire si c’était reconnu”.

D’où la nécessité de réformer afin de garantir des services de santé de qualité pour tous. D’autre part, une meilleure nomenclature  permettrait aussi de lutter contre les déserts médicaux car les IPDE pourraient prendre le relais dans certaines structures comme les Protection maternelle et infantile (PMI), où les médecins se font de plus en plus rares.

Un argument de plus en faveur de la reconnaissance des compétences en pratique avancée. “Il faut que ce soit traduit dans les textes législatifs et réglementaires, sinon c’est un exercice illégal, insiste Anne Dannenmuller. On espère que cela changera avec les Assises de la pédiatrie, notamment pour la prescription des dispositifs d’allaitement maternel”.

Sur ce dernier point, il ne manque que le décret d’application de la loi Taquet du 7 février dernier.

Des attentes pour l’exercice libéral

Du côté des infirmiers puériculteurs qui ont fait le choix du libéral, les attentes sont également fortes, notamment pour la mise en place d’une nomenclature spécifique.

“​​Pour l’instant, les très faibles majorations ne sont pas liées à la compétence car elles sont les mêmes pour tous les infirmiers qui s’occupent d’enfants de moins de 7 ans, qu’ils soient spécialisés (IPDE, ndlr) ou non, fustige Estelle Ledon, infirmière puéricultrice libérale, administratrice de l’ANPDE et vice-présidente du Collectif Je Suis Infirmière Puéricultrice. Par ailleurs, il existe peu d’infirmiers libéraux compétents en pédiatrie pouvant se rendre à domicile, et les parents finissent par aller aux urgences pour des soins qui pourraient être réalisés à la maison, comme des soins itératifs (pose de sonde naso-gastrique, perfusion…) ou le suivi de certains cas de bronchiolite ne nécessitant pas d’assistance respiratoire (expérimentation Bronchiolib)”.

Tout ceci est lié à une autre revendication : la révision des quotas qui limitent l’installation dans les zones sur-dotées en infirmiers libéraux. “On ne s’inscrit pas dans la même offre de soins, précise Estelle Ledon. Avec cette mesure, on a des territoires sur-dotés en infirmiers mais qui ne savent pas s’occuper d’enfants, et des zones moins dotées où des infirmières puéricultrices exercent (soins pédiatriques et consultations de puéricultrice) sans proposer de soins aux adultes. Il faut différencier les quotas”.

Et d’ajouter, en guise de conclusion : “J'espère que les Assises de la pédiatrie vont permettre de finaliser toutes les demandes de la profession, en cours depuis de trop nombreuses années”.

Diane Cacciarella

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