Un nouveau nom et des ambitions fortes pour la FNESI

Lors de son congrès national qui s’est déroulé ce week-end à Marseille, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) a annoncé qu’elle changeait le nom de sa structure pour devenir la fédération nationale des étudiants en sciences infirmières. Objectif : faire évoluer le regard porté sur la profession. Entretien avec Mathilde Padilla, sa présidente.

Après son mandat de vice-présidente en charge des affaires internationales et de la culture, Mathilde Padilla a été élue présidente de la Fnesi. Elle succède à Bleuenn Laot qui occupait cette fonction depuis un an  © FNESI

En changeant son nom, la Fnesi affiche une volonté forte de faire évoluer le regard porté sur la filière infirmière. Pourquoi cette priorité ?

L’appellation « Soins infirmiers » est vouée à évoluer avec le système de santé : depuis quelques années, la notion de leadership infirmier et de recherche infirmière émergent en France, à l’image de ce qui se passe depuis plus longtemps dans les pays voisins.

Le rôle des infirmiers va ainsi de plus en plus évoluer et on le remarque notamment avec la démocratisation des infirmiers en pratique avancée. Le système de santé demande cette évolution et les infirmiers et étudiants aussi.

Ainsi, nous pensons que les termes « Soins infirmiers » utilisés dans le langage courant sont à présent trop restrictifs. « Soins », dans l’imaginaire collectif, c’est très technique. Même si la technique fait partie du métier, nous avions envie de valoriser que les soins infirmiers, et donc les sciences infirmières, c’est aussi la réflexion. Cette nouvelle appellation est donc une façon de promouvoir les études et la profession en quelque sorte.

Une façon aussi de valoriser et de faire évoluer l’universitarisation de la filière…

Oui. De plus en plus d’étudiants en sciences infirmières et d’infirmiers manifestent l’envie d’accéder à des masters et à des doctorats.

Or, le référenciel de formation pour les étudiants des IFSI a plus de 10 ans maintenant et n’est pas pleinement adapté aux programmes universitaires. On souhaiterait par exemple que dès le début des études, les IFSI développent des unités d’enseignement déjà existantes (comme le travail de recherche de fin d’études) pour qu’elles ressemblent beaucoup plus à ce qui est fait dans d’autres filières universitaires.

Ça donnerait une plus-value énorme aux IDE. Cela permettrait des prises en charge meilleures avec des étudiants qui font de la recherche et qui pourraient participer à l’extension de la profession infirmière.

Pour résumer, on souhaiterait un vrai travail sur le référenciel de formation qui permettrait d’adapter la formation à des poursuites d’études poussées.

C’est un vaste chantier, qui nécessite une concertation avec d’autres acteurs de la profession. Comment allez-vous procéder de votre côté ?

C’est en effet un vaste chantier et nous n’en sommes qu’aux prémisses. Nous avons conscience qu’il faut travailler sur la base pour pouvoir travailler ensuite sur la promotion des poursuites d’études.

De notre côté, nous allons procéder à un recensement des problématiques rencontrées par les étudiants en fin de cursus qui auraient envie de continuer leurs études. Nous allons aussi consulter les étudiants en cours d’études : quels sont les défauts du référenciel actuel, de leur point de vue ? Quelles sont leurs attentes ?

Enfin, nous allons consulter, en collaboration avec les organisations déjà existantes, les infirmiers étudiants en pratique avancée ainsi que les infirmiers étudiants en spécialité. Il s’agit de cerner les besoins, les manques. On a vraiment la volonté que ce système Licence-Master-Doctorat puisse se développer dans notre filière.

Parallèlement à ce travail sur la réingénierie de la formation, la Fnesi poursuit ses actions visant à un meilleur accès aux services universitaires pour les ESI. Il y a eu beaucoup d’avancées ces dernières années, mais il y a encore beaucoup à faire, n’est-ce-pas ?

En effet, c’est d’ailleurs notre deuxième gros chantier et on est loin de se désintéresser de ces questions-là. Il faut rappeler que c’est un combat que nous portons depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, il y a encore une réelle disparité de traitement des étudiants, selon leur région ou leur IFSI. A titre d’exemple, certains ont accès à un restaurant universitaire, d’autres pas.

La plupart des ESI n’ont pas encore accès aux services de santé universitaires et les visites médicales obligatoires par des médecins agréés peuvent atteindre des prix exhorbitants. Certains étudiants doivent débourser 89€ pour ces visites, ce qui est extrêmement cher !

On aimerait donc démocratiser l’accès à ces services pour que les étudiants n’aient pas à subir davantage encore la précarité dans laquelle ils sont déjà.

Les élections présidentielles auront lieu en 2022. Vous préparez-vous à un lobbying auprès des candidats pour porter la voix des ESI ?  

L’année 2022 va être extrêment décisive pour les ESI mais aussi pour la jeunesse en général.

Il y aura forcément des prises de position, des voies à faire porter. Les ESI représentent une partie non négligeable des étudiants en santé et ça va être l’occasion pour eux de faire entrendre leurs problématiques et d’obtenir des choses auxquelles ils ont le droit, c’est-à-dire des conditions d’études décentes et à la hauteur de ce qu’ils peuvent apporter.

Plus que du lobbying auprès des politiques, nous aimerions mettre en place de la sensibilisation, de la formation auprès des étudiants pour qu’ils comprennent les enjeux et se mobilisent.

Propos recueillis par Malika Surbled

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