Elections URPS : grande déception pour les syndicats infirmiers, compréhensifs

Un bilan en demi-teinte… C’est ce qu’il ressort des élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS), les infirmiers ne s’étant pas mobilisés comme l’avaient espérés les syndicats…

© ShutterStock

C’est la Fédération nationale des infirmiers (FNI) qui sort grand vainqueur de ces élections, en hausse de cinq points par rapport aux précédentes élections (36,95 % des votes en 2015 vs 42,4 % cette année).

Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) essuie quant à lui une importante déconvenue passant de 35,16 % de voix en 2015 à 25,4 % en 2021. Convergence infirmière affiche une hausse d’environ cinq points et passe de 18,48 % en 2015 à 23,23 % des voix cette année.

Enfin, nouveau venu dans la course, Infin’Idels, avec qui ActuSoins n'est pas parvenu à échanger, obtient seulement 8,96 % en 2021.

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Un désintérêt pour les questions politiques

Cependant, avec un taux de participation à 19.83%, soit un retrait de 3.46 points par rapport à 2016, les élections aux URPS sont loin d’avoir rassemblé les infirmiers libéraux (Idel).

Pour Catherine Kirnidis, présidente du Sniil, « c’est l’incompréhension », alors que le vote était facile à réaliser. « Cela prenait trois minutes montre en main depuis son téléphone ou son ordinateur, rappelle-t-elle. La procédure de vote ne peut pas être évoquée comme un frein à l’élection. »

Déçus, les présidents des différentes instances syndicales n’accablent pas pour autant la profession. « Les Idel sont au bout du rouleau, souligne Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière. Ils sont fatigués et après leur tournée, les vaccinations, les tests de dépistage, une fois chez eux, ils n’ont pas eu l’envie de chercher les codes pour voter. »

Une analyse partagée par Daniel Guillerm, président de la FNI, qui, sans nier l’abstention, considère « qu’il y a un problème conjoncturel avec les infirmières, au front depuis plus d’un an. Elles ont eu l’occasion de s’exprimer, de faire un choix, certaines l’ont saisie, d’autres non, c’est le jeu de la démocratie. »

Cette désaffection de « l’activité syndicale » ne semble pas propre aux infirmiers, les médecins affichant eux-aussi un taux de participation relativement bas : 22.66 % en 2021 vs 39.92 % en 2015. « On peut s’interroger sur la prise de conscience de l’enjeu de ces élections par les professionnels libéraux, soutient Catherine Kirnidis. Elles engagent pourtant la représentativité des syndicats et donc leur implication dans les discussions conventionnelles sur l’évolution du métier. »

Selon elle, les organisations syndicales doivent se remettre en question sur leur incapacité à faire passer le message de l’importance du vote. « Je ne pense pas que le rôle des URPS soit totalement acquis, complète Daniel Guillerm. Il y a certes une amélioration des connaissances en raison de la crise sanitaire, mais ce n’est pas encore assez. »

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La FNI confirme sa place

Concernant le choix des syndicats, Daniel Guillerm estime que « les infirmières souhaitent des représentants connaissant les dossiers de la profession et qui les défendent. On me reproche souvent de ne plus être sur le terrain, alors que c’est justement ce qui me permet d’assister à toutes les réunions qui concernent l’exercice de la profession. »

Et d’ajouter : « A la FNI, nous avons des positions claires. Nous sommes signataires de l’avenant 6 et nous le défendons, nous sommes pro-vaccination, nous la défendons. Nous faisons connaître nos décisions même si elles peuvent ne pas plaire à tout le monde. »

« J’assume la responsabilité des résultats décevants du Sniil, reconnaît Catherine Kirnidis. Cette année, nous avons essayé de tenir un discours positif et constructif mais nous n’avons pas atteint notre cible. Peut-être que nous ne sommes pas assez allés sur le terrain. »

Le syndicat entend faire une analyse plus fine des résultats pour les comprendre. De là à remettre en question sa politique ? Catherine Kirnidis ne s’y risque pas pour le moment. « Peut-être que des points sont à revoir, mais cela se décide en équipe et pour le moment, nous n’en sommes pas là. »

Pour Convergence infirmière, syndicat contestataire de la politique conventionnelle soutenue par la FNI et le Sniil, cette hausse de cinq points représentants une belle victoire. « Nous avons présenté 15 listes et nous sommes désormais présents au sein de ces 15 régions, soit 4 de plus qu’au précédent scrutin », se félicite Ghislaine Sicre. 

Pour la suite

La prochaine étape repose désormais sur les élections des bureaux des différentes URPS d’ici le 31 mai. Dans celles où les syndicats ont obtenu la majorité absolue, cela ne laisse aucun doute sur la couleur de la future présidence. En revanche, dans les autres régions, des alliances entre syndicats vont se mettre en place.

En parallèle, le jeu conventionnel va se poursuivre mais sans Infin’idels, qui, avec moins de 10 % des voix, n’obtient pas la représentativité et ne peut donc pas participer aux négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. 

Laure Martin

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