Des livres pour Octobre

Dans cette rubrique, Actusoins présente des ouvrages en lien avec la vie professionnelle des soignants ou le système de santé.  

Mauvais traitements, pourquoi les femmes sont mal soignées. De Delphine Bauer et Arianne Puccini, Eds Seuil

Mauvais traitements, pourquoi les femmes sont mal soignées. De Delphine Bauer et Arianne Puccini, Eds SeuilDépakine, Mediator, Distilbène, Agréal, Essure, Levothyrox... Les médicaments à destination des femmes constituent l'essentiel des scandales pharmaceutiques des soixante dernières années. Pour tout le monde, le Mediator résonne comme le scandale pharmaceutique de cette décennie. Mais qui sait que, derrière les milliers de victimes de cet antidiabétique utilisé comme un coupe-faim, se cache une très grande majorité de femmes ? Dernièrement, l'Androcur, prescrit contre l'hirsutisme (surpilosité), a défrayé la chronique en favorisant chez celles qui y avaient recours le développement de tumeurs au cerveau. Plus récemment encore, le Levothyrox, prescrit à 85 % à la gent féminine, s'est ajouté à cette litanie.

En France, le phénomène, invisible, reste hors des radars des autorités sanitaires. Ailleurs dans le monde, on s'interroge davantage. " Entre 1997 et 2001, 80 % des médicaments retirés du marché posaient plus de problèmes aux femmes qu'aux hommes ", notait dans un rapport la Cour des comptes américaine. D'autres pays cherchent à connaître les raisons de la forte présence des femmes parmi les victimes des effets secondaires.

Note de la rédaction : Delphine Bauer et Arianne Puccini sont toutes les deux journalistes, membres du collectif You Press. Elles collaborent régulièrement avec ActuSoins Magazine et sont particulièrement sensibilisées aux questions infirmières. 

Reconstruire l'hôpital, concilier normes et relation de soin. De Corine Cauvin Renault, Eds érèsReconstruire l'hôpital, concilier normes et relation de soin. De Corine Cauvin Renault, Eds érès

Cet ouvrage est décisif pour comprendre l’impréparation dans laquelle s’est trouvé notre système hospitalier face à la pandémie due au coronavirus. Après l’effet de sidération provoqué par la crise sanitaire, comment reconstruire l’hôpital ?

Des réorganisations permanentes, à partir des années 1980, ont imposé un modèle en rupture avec les valeurs traditionnelles présidant aux activités soignantes. Devant l'explosion des demandes de santé et l’augmentation des coûts, les responsables politiques ont proposé réforme sur réforme sans parvenir à une régulation d’ensemble.

Entre logiques défendues par les soignants et celles incarnées par les gestionnaires, la norme s’est imposée comme la figure d’une action neutre, légitime parce que scientifique, mesurable et modélisante. Elle s’est généralisée au détriment de l’attention aux situations concrètes provoquant ainsi des décrochages entre la vision centrale abstraite et celle du terrain.

A partir d’un véritable travail clinique mené dans la durée et dans l’épaisseur des fonctionnements hospitaliers, l’auteur dégage de nouvelles voies pour reconstruire l’hôpital en réconciliant les différentes logiques – médicale, soignante, gestionnaire – pour ne pas oublier que soigner, c’est d’abord de la présence, du soin humain et technique, des équipements, des lits, et pas seulement un processus optimisé.

Mourir de son vivant, Accompagner jusqu'au bout de la vie. De Dominique Sanlaville. Eds Chronique Sociale. Mourir de son vivant, Accompagner jusqu'au bout de la vie. De Dominique Sanlaville. Eds Chronique Sociale. 

Si la mort autrefois donnait lieu à une cérémonie publique, solennelle, en famille et avec les amis, aujourd'hui le malade ignore souvent jusqu'au bout qu'il va mourir, car on n'a pas pu lui dire la vérité. Le généraliste se défausse et l'adresse à l'hôpital. Sa fin de vie est alors médicalisée et un vide se crée autour de lui. Ainsi il décède souvent seul sur un brancard ou entouré d'étrangers, des spécialistes qui sont là pour le faire vivre, mais pas pour l'accompagner. Le cheminement est devenu mécanique et sans âme. Et l'agonie est souvent beaucoup plus cruelle qu'avant, alors que l'on est persuadé d'avoir bien amélioré les conditions. Dans notre société, on fait silence autour de ceux qui s'en vont, on cache les mourants à l'hôpital, on isole les vieux dans des Ehpad. La mort est évacuée au quotidien.
 
Dans son travail d'infirmier, pendant 40 ans et dans sa vie privée, l'auteur a dû accompagner de nombreuses personnes. Il y en a qui se sont éteintes dans ses bras, en le regardant, persuadées qu'elles allaient vivre encore. D'autres, en proie à des souffrances insurmontables, ont réclamé, avec détermination, d'en finir, mais leur appel n'a pas été entendu. Un bon nombre, ayant traversé une existence à l'économie, se sont contentées d'une fin qui leur ressemblait. Elles n'étaient plus vraiment là, lors du grand rendez-vous. Bien peu ont pu réellement être actrices de leur mort et s'y préparer sereinement.
 
C'est son vécu que l'auteur livre ici à travers quelques histoires.  Le texte est entrecoupé de parties où il pousse la réflexion sur certains sujets abordés : le suicide, l'anorexie, la vieillesse, la fin de vie, la souffrance, la peur de la mort et bien sûr, l'attitude des soignants. Des problèmes qui, aujourd'hui ou demain, peuvent concerner n'importe lequel d'entre nous. On apprend aux infirmiers et aux médecins à faire vivre, souvent à tout prix, mais pas à mourir. Cet enseignement n'est pas dispensé en formation centrale des soignants ni en université. Dans ces conditions, l'accompagnement reste une démarche bien difficile à réaliser, surtout lorsqu'il s'agit de proches. Cet ouvrage propose des chemins pour mieux le réaliser et permettre de vivre jusqu'au bout.
 

Éduquer sans entraver : déconstruire les violences ordinaires. De Célia Carpaye. Eds ESFÉduquer sans entraver : déconstruire les violences ordinaires. De Célia Carpaye. Eds ESF

La notion de maltraitance ou d’enfance en danger se réfère généralement à des violences qui ont lieu au sein de la sphère familiale. Or, qu’il s’agisse des établissements et services sociaux et médico-sociaux ou encore de l’institution scolaire, de loisirs, hospitalière et psychiatrique, de nombreuses affaires démontrent l’existence d’une violence institutionnelle durable et méconnue.

Cet ouvrage est le résultat d’un travail d’enquête et de réflexion critique autour de l’invisibilité des violences dites en creux, silencieuses, ordinaires, qui font de l’éducation un outil de normalisation et conditionnent la domination adulte ou l’âgisme. En s’appuyant sur des corpus théoriques issus des sciences humaines, ainsi que sur des témoignages de personnes concernées (anciens enfants placés, élèves, enfants en structure hospitalière…) et de professionnels de l’enfance et de l’adolescence, Célia Carpaye tente ici de dresser un état des lieux de ces violences indicibles.

Loin d’accabler les professionnels, cet essai se donne pour mission d’interroger ce qui fait système et questionne la dimension sociale des rapports de pouvoir ; dégradation des conditions de travail, poids des représentations sociales, héritage historique et politique, l’auteure passe au crible tous les aspects de ce qui faitinstitution.

À l’heure où des évolutions notables ont lieu dans le domaine de la parentalité, il semble urgent de repenser la relation éducative dans le travail social et médicosocial, à l’école… De l’usage de la Communication non violente à la connaissance de la pédagogie critique et démocratique, cet ouvrage propose un certain nombre d’outils dont les bienfaits seraient à observer tant du côté des enfants que des adultes qui les accompagnent. Loin d’être un « livre de recettes », il invite chacun à déconstruire les évidences qui forment le paradigme éducatif actuel et à imaginer d’autres possibles.

Rédaction ActuSoins

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